Patrimoine

Le quartier du port et ses habitants de 1950 à 1970.

Mes souvenirs d’enfance. (Maryvonne Chalvet)

La vie avant la construction du « nouveau port » et de la deuxième jetée :

J’ai habité sur le port depuis ma naissance, ou presque, jusqu’en 1970. Mon terrain de jeux était, avec mes copines Michelle et Claudine, les rochers en bas (qui depuis ont disparu, suite à l’élargissement de la route), la rue elle-même où nous jouions à la marelle, à la balle, nous faisions du vélo, de la trottinette…. Il suffisait de faire un peu attention aux voitures, peu nombreuses et les conducteurs eux-mêmes étaient prudents. Nous savions que certaines plages horaires étaient interdites : celles où les camions passaient pour venir chercher les débarques de pêche, le STEF en particulier chaque fin d’après-midi, toujours « aux taquets » car son camion était en réalité un wagon qui serait accroché au train à Lamballe. Donc les horaires étaient, pour Maurice le chauffeur du STEF, un impératif ! Je me souviens de ces moments où les pêcheurs arrivaient en fin d’après-midi (ils pêchaient jusqu’à la dernière minute) puis il fallait débarquer les praires, vite, toujours vite, les femmes prenaient la suite dans les locaux près de ma maison, ces bâtiments en brique rouge, pour trier et calibrer les praires, vite, toujours vite, avant l’arrivée du STEF. Je revois Marinette sortir sur le pas de la porte pour guetter ce camion blanc et dès qu’elle l’apercevait sur le boulevard de la mer, elle criait aux femmes : « Le voilà ! On n’a pas fini ! Je vais dire à Maurice d’aller d’abord prendre les praires des mareyeurs derrière le quai !» Et Maurice grognait mais s’exécutait !

Les baraques des mareyeurs :

Il faut savoir que plusieurs mareyeurs avaient une baraque en bois derrière la Capitainerie et les pêcheurs livraient toute leur pêche à « leur » mareyeur attitré. Pas de criée à cette époque, chaque mareyeur revendait les pêches qui leur étaient livrées. Les mareyeurs de l’époque étaient Mimile Lecan, Jean Jaumet, Joseph Thomas, Maurice Sagrange et la famille Le Gall, qui avait un local « en dur » au bout de la Capitainerie.  A la Chaussée, dans un petit bâtiment en dur, il y avait aussi Pierre Lechat puis ensuite son épouse Nénette qui a repris la suite de l’affaire après l’accident de son mari qui l’a laissé handicapé. Puis est arrivé un peu plus tard André Vargas qui a « conquis » pas mal de pêcheurs car il proposait de meilleurs prix. Ils étaient tous payés « à la semaine », selon les cours du marché.

Trois « gros » bateaux neufs arrivent des chantiers de Paimpol : Le P’tit pêcheur (Toto Guérin), Pier Mic (Michel Le Guen) et Le Berceau du Marin, Emile Lecan, mon père.

Deux fonctionnaires « surveillaient » le trafic du port : Monsieur Lechien, syndic des marins et gestionnaire du port et Monsieur Coutel, douanier.

L’accident de mon père en 1959 :

Un jour précis reste en ma mémoire : j’avais 6 ans et je n’étais pas à l’école car un peu grippée. C’était une belle journée de décembre et dans l’après-midi, ma mère, qui regardait par la fenêtre, a vu le bateau de mon père, le « Berceau du Marin », rentrer au port à cette heure inhabituelle et se diriger directement « au fond du quai » au lieu de se placer sur son tangon comme il le faisait chaque jour. Surprise, elle m’a informée de l’arrivée de mon père, sans soupçonner qu’il avait été accidenté. Le matelot de mon père, René Bouguet avait ramené le bateau au port.

Aussitôt débarqué devant le restaurant « L’abri des Flots », Marinette, la patronne, a compris l’urgence de la situation et, avec sa voiture, (pas de téléphone !) et non sans avertir ma mère au passage, est partie avec mon père, la main cachée dans un torchon pour ne pas affoler ma mère, chez le Docteur Paul Dayot. Il avait deux doigts sectionnés, l’index et le majeur, et les deux autres très abîmés. Il avait mis la main dans le cabestan et les câbles qui remontaient la drague à praires. Le médecin l’a bien sûr reçu et dirigé immédiatement vers la clinique Jeanne d’Arc à St Brieuc. Marinette a servi d’ambulancière ! L’entraide de cette époque n’était pas un vain mot. Mon père est resté handicapé de la main droite, seul le pouce était indemne.

Les commerces sur le port :

L’Etoile du Marin (future maison de Loïck Le Guen).

Les seuls commerces que j’ai connus à cette époque étaient des restaurants ou cafés : « Le Relais », restaurant crêperie tenu par une famille venue du Nord de la France, M et Mme Binesse, avec leur fille, « L’Abri des Flots », hôtel, bar, restaurant tenu par Maria Blouin-Lecan puis ensuite par Marinette et René Blouin, son fils et sa belle-fille et « Le Triton », tenus par M et Mme Hingant. Il y avait aussi un café, « L’Etoile du Marin », tenu par Emile Lecan, père du mareyeur, et sa femme Mélie. Ce café a laissé place ensuite à la maison d’habitation des parents de Loïck Le Guen puis, quand je l’ai connu, vers 1960, ce café était là où se tiendrait ensuite une poissonnerie tenue par la famille Vargas, « Le Vivier » devenue depuis un restaurant portant le même nom. Il porte actuellement le nom « Les Terre-Neuvas ».

Deux jeunes habitants : Guy Duclos et Martine Lecan, devant l' »Abri des Flots ». Une maman surveille. Au fond, la maison qui deviendra « Le Relais » et ensuite « La Table de Jeanne ».

Sur le port, seul l’Abri des Flots a conservé son nom d’origine. Le Relais est devenu La Table de Jeanne, le Triton est devenu « Quai Ouest » puis « O’Mat ». La maison où nous habitions est maintenant un café tabac, « La Coursive ». Les maisons ne portaient pas de numéro mais un nom. La nôtre se nommait « Au fil de l’eau ». Beaucoup de maisons d’habitations de ces années-là sont devenues des commerces, jusqu’à La Chaussée. Heureusement, ce quartier de la Vieille Echaussée a, lui, gardé son cachet et ses jolies maisons, en grès rose pour la plupart.

Le Berceau du Marin à quai, sur son tangon.

A droite, ma maison « Au fil de l’eau », les bâtiments en briques des pêcheurs et la maison « Les Moussaillons »

Mes amies les plus proches étaient Claudine et Michelle, les filles de « L’Abri des Flots ». Comme les enfants de cette époque, nous avions construit une cabane dans l’espace où le restaurant stockait les bouteilles vides, dans des cases bien rangées (emplacement Mignon actuellement). Tout était clôturé et sécurisé et nous jouions dans cette cabane des heures durant avec nos jouets et nos poupées. Nous l’avions baptisée « La Godille » et la grand-mère des filles, Maria, qui était aussi ma grand-tante, avait d’ailleurs ensuite baptisé sa maison située près de l’hôtel de ce même nom. Cette maison abrite maintenant le bar « Le Baradoz ».

Nos jeux se déroulaient sur la plage, dans les rochers « aménagés » en maison pour nos poupées. Nous allions très souvent à la pêche aux coques, aux pieds de couteaux, aux bigorneaux, aux crabes verts. Je me souviens que les soirs d’été, je pêchais ces « cranquets » devant chez moi, à l’aide d’une tête de maquereau au bout d’une grande ficelle. Le soir même, on replongeait tout ce petit monde à la mer pour les piéger à nouveau les soirs suivants ! La télé ne nous manquait pas, nous ne nous ennuyions jamais.

L’été, nous passions nos après-midis sur la plage du centre et, avant la baignade, nous étions très occupés par nos jeux sur le sable : de multiples constructions pour jouer aux billes avec les garçons, et surtout, nous nous improvisions architectes de châteaux-forts ou de bateaux que les vagues, à marée haute, venaient attaquer ! Et malgré nos colmatages incessants et nos cris, nous ne gagnions jamais contre les assauts de la marée. Qu’à cela ne tienne, nous ne lui en tenions pas rigueur puisque les jours suivants, nous recommencions nos constructions encore et encore… Combien d’aventures nous imaginions alors !

Nous attendions aussi avec impatience les caravanes publicitaires qui organisaient des concours et animations sur les plages. Qui ne se souvient du bonhomme Michelin, Bibendum, qui parcourait les rues jusqu’au port pour distribuer bonbons, casquettes et autres gadgets pour nous, les enfants, et promouvoir des marques déjà célèbres ?  

Un autre souvenir disparu : les couples qui se mariaient à Erquy allaient, traditionnellement, au bout de la jetée, en cortège et faisaient le « bisou des mariés » derrière le phare. Ils sont encore nombreux, je pense, à s’en souvenir !

Certaines soirées étaient exceptionnelles : les pêcheurs faisaient l’animation lorsque l’un d’entre eux apercevait des mouvements sur l’eau, signe qu’un banc de poissons approchait. C’était ce que les marins nommaient « la m’nuse ». Alors vite et sans téléphone, les pêcheurs arrivaient pour prendre la senne qu’ils possédaient en commun et partaient avec tout le matériel dans deux ou trois doris sur l’eau, devant la plage. Je me souviens de François Guérin (Toto), mon père Emile Lecan et son frère Jean, Maurice Toisoul, les frères Le Guen, Michel, Pierrot, Roby et quelques autres sans doute. Ils faisaient un demi-cercle avec le filet et piégeaient le poisson, souvent des maquereaux ou des éperlans que nous appelions « gradeaux ». Tous les participants se partageaient la recette de cette pêche inespérée bien-sûr. Les femmes et les enfants que nous étions, ravis, et avec quelques touristes de l’époque, participions et donnions « un coup de main » à l’arrivée des prises sur la plage et tous repartaient bien-sûr avec quelques poissons pour le repas du lendemain.

Les pêcheurs au travail de la senne.

J’ai souvenir d’un mois de janvier 1970, la pêche avait été vraiment miraculeuse : ils avaient ce jour-là pris plusieurs centaines de kilos de bars !

Pas de concerts ou d’animations les soirs d’été : les touristes et les Rhoeginéens allaient faire « un tour au port » pour boire un verre ou juste pour voir les nombreux pêcheurs à la ligne. Il arrivait aussi qu’un cirque se produise sur le terre-plein de La Chaussée. Oui, les communes littorales accueillaient souvent des chapiteaux : des cirques, la compagnie « Les Tréteaux de France » qui ravissait les amateurs de théâtre, du music-hall et des artistes que nous voyions à la télévision ces années-là. C’est ainsi que j’ai vu « en vrai » Jean Nohain, Roger Lanzac ou un célèbre ventriloque de l’époque, Jacques Courtois et Omer, sa marionnette.

Nos activités durant les mois d’été, c’étaient les baignades dans le port, parmi les bateaux et depuis la cale et la jetée, nous étions des champions et championnes du saut et du plongeon. Je ne sais plus à quel âge j’ai appris à nager mais comme nous étions toujours à la mer, pas besoin de cours, tout était naturel. Quand Marie-Paule, qui habitait là-haut, près du Lac Bleu, au Pendu, nous apercevait depuis son promontoire, elle descendait la falaise à grande vitesse, comme dans un escalier, pour participer aussi à la matinée baignade. A l’époque, on pouvait emprunter cette falaise sur l’ancien trajet des wagonnets qui transportaient autrefois les pavés des carrières jusqu’au quai. Que d’heures passées dans l’eau ! Nous étions une bande de cousins, cousines, copains et copines, tous passionnés par ces jeux dans le port. Bien-sûr, nous étions prudents lorsque des bateaux accostaient et les pêcheurs, qui nous connaissaient, étaient prudents eux aussi. Il n’y a jamais eu d’accident ni de problèmes. Comme les bateaux faisaient leur plein de gas oil près de la cale, il arrivait souvent que quelques gouttes se répandent sur l’eau. Alors parfois on se baignait dans une eau « irisée ». Qu’à cela ne tienne ! Ça ne dérangeait personne.

Le Port et la vue sur Le Pendu. On distingue aussi les baraques des mareyeurs au bas de la falaise.

Le port en 1949.

Les bâtiments en brique rouge qui jouxtaient ma maison servaient à plusieurs pêcheurs pour stocker leur matériel de pêche qu’ils ne pouvaient ramener à leur domicile, faute de place et souvent de véhicule. Il y avait là des filets à crabes (araignées), des casiers à homards, des perches à maquereaux et autres lignes à roussettes. Les anciens venaient dans ce local pour réparer les filets et aussi bien-sûr garder le contact avec cette vie et tous ces pêcheurs qu’ils connaissaient si bien, souvent leurs fils, leurs neveux. J’ai souvenir d’être allée souvent, en transportant mon petit fauteuil en osier, bavarder avec Prosper, un ancien qui venait à pied depuis La Ville Hamon, près des Hôpitaux, tout comme son fils André, surnommé « La Pipe ». Ces bâtiments de briques ont laissé place à un immeuble, tout comme la villa « Le Môle » dans le virage ainsi qu’à l’endroit de l’entreprise de charbon tenue par Max Emery, un peu plus loin vers La Chaussée. Il reste encore, coincée entre ces immeubles, la très belle maison en grès rose « Les Moussaillons » et son magnifique blason, sculpté dans le grès rose, en façade. Le quartier de La Chaussée a gardé toutes ses jolies maisons typiques.

Je garde aussi en mémoire ces femmes de pêcheurs, réunies autour d’un grand tas de moules ramenées en paquets (en blétrons) arrachés sur les rochers des « Trois Pierres » ou de « la Grosse » par les hommes. Ils déversaient ces sacs (pouchées) sur le quai, et les femmes s’asseyaient tout autour et, à mains nues, dans le froid souvent, cassaient ces blétrons et triaient puis isolaient les moules une à une, pour la vente. Un travail très difficile ! Et là, comme autour des lavoirs, les bavardages et autres nouvelles circulaient.

Nous avons quitté ce quartier en 1970 pour habiter un autre quartier marqué par les pêcheurs : Tu es Roc.

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Merci à Martine Lecan, Loïck Le Guen et Christian Frémont pour le prêt de photos

De Mardi gras à Halloween

(Par Liliane Lemaître)

Depuis fort longtemps les déguisements et carnavals sont à la mode parmi « les grands » et le petit peuple… suscitant joie, charme du mystère et favorisant les intrigues. On songe par exemple au célèbre carnaval de Venise qui encore aujourd’hui reste un mythe avec ses costumes fabuleux dont certains coûtent une fortune. Les masques et les poses des personnages introduisent le spectateur dans un univers fantastique où le rêve familiarise avec la réalité.

  Aujourd’hui, masques et déguisements restent le privilège des enfants et leur permet de pénétrer dans le monde de leur rêve. Deux grandes fêtes sont restées dans la mémoire des plus jeunes : Mardi Gras et Halloween.

   Mardi Gras :

    Il y a fort longtemps que l’on fête le « mardi gras » et que l’on se réjouit des coutumes qui lui sont attachées.

 Mardi Gras, cette année, le 13 février, est une fête mobile. Il correspond au quarante-septième jour avant Pâques et désigne la fin de la semaine des sept jours gras avant le mercredi des cendres et la période de Carême. D’après la tradition, on peut alors y consommer, du beurre, de la viande, du sucre et naturellement, des crêpes, friandise fort prisée par les plus jeunes. N’omettons pas les adultes qui se plaisent également à savourer ce délicieux dessert que l’on retrouve aussi à la chandeleur, fête de la lumière. Au moyen âge, sur les marchés, le petit peuple dégustait volontiers des « oublis », sorte de crêpe, pliée en triangle et plus croustillante que notre crêpe. On dit que la crêpe est, en quelque sorte, une célébration du printemps, sans doute parce qu’elle évoque la lumière comme la Chandeleur, et le plaisir simple ou la douceur sucrée de ce mets facile à réaliser qui peut évoquer un soleil par sa forme circulaire et sa couleur dorée.

               « Mardi Gras ! T’en va pas !

                 J’frons des crêpes. J’frons des crêpes,  

                 Mardi Gras ! T’en va pas !

                 J’frons des crêpes et t’en auras ! »

 Joli refrain que les enfants ont longtemps fredonné en se préparant à solliciter les adultes pour recevoir leur part du délicieux festin. Les gamins de notre région se donnaient alors la peine de chanter avant l’heure, certains couplets traditionnels ou quelque refrain appris à l’école.  Mon père m’a souvent conté une anecdote dont il riait encore après avoir joué un mauvais tour à une voisine peu avenante. Imaginez ce petit bonhomme et son compère du voisinage, sabots aux pieds et vêtements bien propres, chantant de bon cœur et déjà alléchés par le parfum des crêpes, répandues dans l’air des alentours, attendant une récompense bien méritée. C’est alors que la porte se referma brutalement. Point de crêpes pour les gêneurs !

 Fâchés, outrés même par tant d’ingratitude, les deux compères, bien décidés à venger cet outrage, trouvèrent rapidement un moyen d’apaiser leur colère. Avisant sur le bord de la fenêtre, une casserole vide, ils se chargèrent de la remplir, je vous laisse deviner comment, avec un précieux liquide restitué à la méchante veuve. Satisfaits de leur forfait, ils quittèrent la place vers une maison plus accueillante. « Bien fait ! » 

  J’adorais « faire mardi gras », comme on disait alors. Il ne faisait pas toujours très chaud si bien que ma prudente mère, m’enveloppait dans plusieurs robes qui me traînaient jusqu’aux pieds, par crainte des rhumes. Je sortais alors décorée de tous les falbalas qu’elle avait pu trouver dans ses armoires et j’allais rejoindre les autres « mardi gras ». Il fallait prendre garde car certains, profitant de leurs masques se donnaient le plaisir de rosser leurs compagnons, surtout les garçons à l’humeur belliqueuse.

  J’avais alors rencontré un beau cavalier, fort bien vêtu, un mousquetaire, je crois. Très bien maquillé, il n’avait pas besoin de masque pour garder son mystère et il me proposa de l’accompagner sur les chemins de l’aventure. Je ne le revis jamais. Sans doute, ne pus-je pas le reconnaître !

   Le lendemain, le charme était rompu. C’était le jour des cendres et chacun s’attachait à trouver du poisson, de la morue ou bien du hareng. Beaucoup comme maman, allaient sur les rochers des plages environnantes, à Lourtouais, au Guen, au Goulet, chercher des moules qui étaient fort bonnes. Papa se régalait et les accompagnait d’une sauce vinaigrette.

  Halloween

 Si l’on fête moins mardi gras aujourd’hui, Halloween a pris le relais. Les vitrines des magasins sont décorées de fantasmagories mi-comiques mi-terrifiantes et les petits enfants sont déguisés en sorcières et en créatures hideuses.  Cette fête nous vient, dit-on des pays celtes comme l’Irlande, le Pays de Galle ou l’Ecosse.

  On dit que si la fête de la Toussaint est religieuse, celle d’Halloween est païenne. Ce n’est sans doute pas si simple.

« Halloween » est une contraction de l’anglais : « All hallow’s eve », autrement dit : La veille de la Toussaint (31 octobre au 1er novembre). Il s’agit d’une fête druidique consacrée au souvenir des disparus, la fête de Samhain, ou Samain. Nos ancêtres de petite et grande Bretagne (Ireland, Pays de Galle, Ecosse) la célébraient avec recueillement car c’était « l’Anaon », autrement dit, l’autre monde. Ce terme breton nous vient du Gallois « Annwvyn ». Les bretons, comme les autres gaulois ou gallo-romains, pensaient qu’à cette date sacrée, les frontières disparaissaient entre le monde des vivants et celui des morts. On devait alors montrer un grand respect à ceux qui venaient dans chaque maison et que l’on accueillait à sa table même si les yeux ne les voyaient pas, ils étaient là, âmes et présence …

 On sait que les bretons des temps anciens ont longtemps conservé ces croyances mêlées au culte de la religion catholique. On en trouve des échos dans les contes d’Anatole Le Bras et de Jakez Elias.. 

  Quelques uns tentaient sans doute d’amadouer les défunts par leurs offrandes. Depuis l’influence des pays d’Outre-Manche a remis cette fête à la mode en évoquant l’autre monde comme un lieu maléfique où foisonnent fantômes et sorcières. Les petits enfants réjouis et travestis, lorsque vient le soir, s’amusent follement et demandent des bonbons pour éviter les sorts.

 On avait pour coutume d’utiliser des citrouilles afin de les transformer en masques effrayants. On évidait la chair orangée et l’on y plantait une bougie C’était du plus bel effet pour mimer les fantômes.  Mais, direz- vous, tout le monde n’avait pas de citrouilles … Qu’à cela ne tienne ! Beaucoup utilisaient de gros navets ou betteraves, plus faciles à se procurer.

  Je vais vous raconter une anecdote vécue par mon grand-père. Elle se situe naturellement dans nos alentours, beaucoup plus feuillus à l’époque qu’aujourd’hui.

  Lors d’un mariage, le jeune garçon s’était fait ridiculiser par sa petite cavalière. En effet, Il s’était pris d’affection pour une malheureuse « vache de réforme » qu’il soignait chaque jour consciencieusement. Naturellement, celle-ci devait faire les frais du festin. N’empêche, il s’était attaché à la bête qu’il emmenait paître dans un pré voisin ce qui suscitait la jalousie de ses cousines, moins bien nourries.  Lors du repas de noce, il avait refusé de manger de cette viande et la jeune fille s’était bien divertie de son émotion.

  Jurant de se venger, l’adolescent mijotait un tour à sa façon. Il avait préparé un petit baluchon dans la grange et à la tombée de la nuit, prétextant la pose de quelques collets, il était sorti. Franchissant rapidement la lisière du petit bois qui jouxtait le sentier, il s’installa derrière un massif bien épais et déballa son trésor : Sur une grande perche, Il enfila une grosse betterave qu’il contemplait avec complaisance. Elle était grêlée comme une écumoire et sillonnée de rides multiples. Il enfila le bâton sur la betterave et en disposa un plus petit en forme de croix et alluma une grosse bougie. La betterave montrait des yeux et une bouche effrayants. Il jeta sa pèlerine noire sur l’ensemble et sourit : « Voilà un joli fellipeu !» murmura-t-il. (Un « fellipeu » : un épouvantail, terme gallo « fais lui peur »)

 A présent, il attendait. La petite devait prendre ce sentier désert et sombre, pour apporter un petit repas à son grand père. Tout à coup il l’entendit chanter. Elle se donnait un peu de courage en franchissant le  bois. Moins d’une seconde plus tard, elle entendit un rire rauque et diabolique et ses yeux exorbités par la terreur découvrirent l’horrible apparition. Elle resta un instant immobile, clouée par la peur, puis retrouvant quelques moyens, elle fit demi-tour en hurlant.

  Secoué par les hoquets du rire, le jeune bourreau regagna son territoire. La gamine n’osait pas retourner chez elle et il lui fallut plusieurs jours pour se remettre. On peut dire que sans s’en douter, il avait célébré Halloween avant l’heure !

  La fête des défunts, le lendemain de la Toussaint avait une dimension sacrée. Le soir, on entendait sonner le lugubre glas et l’on ne pouvait s’empêcher de frissonner. Il fallait alors se recueillir et prier pour les âmes du Purgatoire et pour celles des disparus en mer sur nos côtes et à Terre Neuve parmi les bancs de brume.

Le travail du lin à l’époque de nos grands parents et arrière-grands parents, avant 1914.  D’après le récit d’A.Méheut . L. Lemaitre

  Le lin était cultivé depuis fort longtemps en Bretagne car sa culture nécessite un sol où les étés sont humides et relativement frais. Très apprécié pour sa solidité et son confort, il servait à la confection de la toile dont on faisait les chemises et d’autres pièces vestimentaires mais aussi à bien d’autres usages.  

Ce lin était aussi récolté sur la ferme. Il faut vous dire qu’avant 1914, l’Etat versait une subvention de quelques centimes par are de lin ensemencé au-delà de huit ares par héritage.

 Mêlé au chanvre, il était utilisé pour fabriquer des toiles de bateau, par exemple. Dans les Côtes du Nord (Côtes d’Armor, aujourd’hui), la production était localisée sur le littoral. Comme il n’existait pas de filatures mécaniques, l’essentiel du lin et du chanvre provenait du filage familial au rouet et à la quenouille. Le tissage était ensuite réalisé par l’artisan tisserand auquel le paysan faisait appel pour tisser la toile. Sous l’ancien régime, de nombreuses cités prospérèrent grâce à l’activité de leurs tisserands et surtout à celles des négociants toiliers, comme ceux de Quintin, par exemple, qui vendaient leurs « fines toiles » aux espagnols et jusqu’en Amérique.

   Les principales opérations concernant sa transformation après l’arrachage étaient le rouissage, le broyage, le teillage qui consistaient à débarrasser la fibre de ses parties ligneuses, le peignage, le filage puis le blanchiment du fil écru pour obtenir du fil blanc et enfin le tissage de la toile dont on faisait linge de maison et chemises. Le grand-père de Jeanine était lui-même tisserand et le travail ne manquait pas.

  On admirera l’ingéniosité dont faisait preuve nos ancêtres afin de réaliser des outils dont la fabrication artisanale faisait l’objet d’un savoir faire transmis de génération en génération.

  Je rapporte dans le passage suivant le récit que me fit mon grand-père de sa propre expérience lorsqu’ il était alors un jeune adolescent.

   La veille, au soir, Alcide vient de charger une charrette de lin qu’on se prépare à rouir.

Avant de sauter sur le chargement, Alcide y jeta une botte curieusement ficelée à ses extrémités, à l’aide de liens d’osier. Il l’avait préparée la veille et comptait bien montrer son savoir-faire à son nouvel ami. Il admirait la force et la robustesse du jeune homme et le considérait déjà comme un membre de la famille. Ah ! S’il avait pu épouser sa sœur, comme il aurait été fier et heureux !

Bercée par le balancement du fardier et le pas lourd du postier qui claquait sur les pierres du chemin, sa rêverie suivait son cours lorsqu’ils atteignirent la vallée.

  Non loin de là, se trouvait une retenue d’eau et une jolie cascade qui jaillissait parmi les blocs de grés. Il aimait parfois s’y rendre avec ses camarades pour taquiner le gardon. Un petit ruisseau venait se prélasser l’été dans cet endroit avant de se jeter à la mer. L’hiver cependant, le lin était aussi récolté sur la ferme. Il faut vous dire qu’avant 1914, l’Etat versait une subvention de quelques centimes par are de lin ensemencé au-delà de huit ares par héritage. En cette période de crue, il perdait toute aménité et se transformait en torrent redoutable. Dans l’un de ses méandres, s’était formé une mare, sorte de marmite de géant, à mi-chemin  du rivage. Il avait longtemps cru qu’elle appartenait aux lutins du coin car il y avait là, des cercles de pierres et de nombreux chaos. Sans doute était-elle réservée à leurs ablutions… Certains racontaient  même qu’il s’agissait d’une anti- chambre de l’enfer où Mourioche avait procuration du Diable pour y faire bouillir les damnés  qu’il avait ramassés dans sa charrette en faisant sa ronde par les nuits sans lune.

Autrefois, homme ou femme, ce suppôt de Satan, pour satisfaire de viles passions, n’avait pas hésité à vendre son âme au Malin. Dés lors, métamorphosé en cheval où en créature fantastique et griffue, il s’acquittait de sa dette en y employant tout son zèle. Il servait également de cocher à la grande « faucheuse » qui fraternisait par intérêt, avec Satan.

Croire à ces balivernes n’était à présent plus de saison. Alcide avait passé l’âge des contes et devenait de jour en jour, un vrai travailleur de la terre.

Comme le terrain accidenté ne permettait pas à l’attelage l’approche du ruisseau, celui-ci devait se tenir en hauteur, à bonne distance de l’eau. Debout sur la cargaison, armé de sa fourche, Pierre lançait les bottes qui roulaient sur la pente où se tenait Isidore pour les guider et les pousser dans l’eau. Naviguant sur celle qu’il avait si soigneusement préparée la veille, Alcide tranchait d’un coup de couteau les liens d’osier qui les maintenaient et rejetait ceux-ci sur la berge. Il se mettait alors en devoir de les retourner, racines en l’air et terminait l’opération en soumettant son radeau improvisé au même traitement.

Il s’assurait ensuite de la bonne immersion du lin, entrecroisant sur lui quelques fortes  « triques » calées avec des grosses pierres qui abondaient en aval. Il ne restait plus qu’à l’abandonner au travail de l’eau. Il reviendrait de temps en temps visiter le dispositif et le lester en cas de besoin.

Une dizaine de jours plus tard, armé de crocs et de fourches, on sortait les bottes sur la berge, bien alignées, têtes et racines du même côté avant de les charger, reconstituées par paquets de vingt-cinq « serres », dans la charrette pour les étendre sur un prés fauché de frais afin de parachever le rouissage. La filasse devait se détacher facilement du bois pour le séchage. Lorsqu’il était fin prêt, on dégageait la partie basse de la botte pour la planter droit dans le sol, formant ainsi un champ d’éventails. Parfaitement sec et à nouveau « rebottelé », le lin était alors placé sur une claie grillagée, calée sur les poutres d’une grange pour le préserver de la voracité des rongeurs. En attendant d’être pilé, broyé et cardé, il allait pouvoir s’adonner à un bon somme.

Alcide et ses frères affectionnaient particulièrement la « pilerie » du lin. Cette tâche était presque réservée aux jeunes garçons de quinze à vingt ans. Elle avait lieu un soir d’hiver, le jour même de la cuisson du pain à la ferme, car ça n’était pas rien de chauffer le four et ça n’arrivait pas tous les jours !

Sitôt les odorantes miches sorties du four, le maître des lieux enfournait autant de bottes de lin que de participants. Chacun d’eux était muni de son pilon personnel, un bâton de branche d’orme aussi corpulent et rond qu’une bouteille. La plupart avait travaillé artistiquement au couteau, le manche de leur outil. Ainsi armé, chaque gamin ressemblait à s’y méprendre au valet du jeu de cartes d’Aluette, qui porte sa massue.

Une fois le lin chaud sorti du four, on saisissait son «  brichet »  pour s’y asseoir et se mettre à piler. Et que je te cogne sans rémission ! Et vlan ! Une fois sur la tête pour bien l’écraser ! Et vlan ! Une fois sur les racines ! On prenait bien garde cependant de préserver le lien de jonc, afin d’éviter les « éboulis », en tâchant d’attirer ce qui s’était réfugié au mitan de la « serre », pour lui administrer à son tour, sa correction et assouplir le tout.

C’était grand plaisir pour les anciens venus assister à ces deux heures de « pilerie ». C’est qu’au lieu de se plaindre de ce labeur ingrat, la jeunesse s’en donnait à cœur joie et les rires et les chansons fusaient, rythmés par le choc des bâtons. L’assemblée reprenait en chœur les couplets et les refrains familiers.

                          Perrine était servante (bis)

                          Cez monsieur le curé

                          Diguedon madondaine

                          Cez monsieur le curé

                          Diguedon madondé !

                              Soun aimant vint la vèire (bis)

                              Le souér après souper

                              Diguedon madondaine

                              Le souér après souper

                              Diguedon madondé !

                              Perrine, ma Perrine (bis)

                              J’voudrais-t-y ben t’biser

                              Diguedon madondaine

                              J’voudrais t-t-y ben t’biser

                              Diguedon madondé ! 

A ce moment de la chanson, les coquins en profitaient pour faire claquer une grosse bise sur la joue de la plus proche fillette qui s’empourprait jusqu’aux yeux.

Naturellement, les gais travailleurs étaient récompensés par une bonne collation. Comme le pain avait eu les honneurs du four, on avait droit à l    a galette du jour, bien dorée et croustillante accompagnée de la saucisse cuite sous la braise. C’était un vrai festin et l’on devisait encore, alors que la nuit était déjà bien installée.

Plus tard, les femmes achèveraient le travail, broyant le lin à la « braie » pour séparer la tige de la filasse

Certains jours d’été,  dans  les champs dépouillés de leur récolte et rendus au berger,  Alcide emportait  deux grosses bottes pour les réduire en filasse. Joséphine venait parfois le rejoindre pour l’aider, sous le bois ou sur le tertre où il siégeait. En trois heures, la besogne était achevée et l’enfant admirait la dextérité de sa mère qui terminait toujours bien avant lui. Depuis sa jeunesse, elle avait la main et s’y connaissait pour ôter les « égrilles » piquantes. Elle maniait aussi habilement « l’égrignouère » et la « breusse »pour débarrasser la plante de ses impuretés avant de l’affiner et de la broyer sous la « braie ».  Durant les longues soirées d’hiver, le lin serait filé au fuseau ou au rouet auprès de l’âtre 

Le schéma suivant a été réalisé de mémoire et à main levée par Alcide Méheut, alors âgé de 80ans

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Notes et légende du croquis :

  1. Fort banc. Attaches solides de chaque côté de « l’égrainouère» et siège des ouvriers à chaque extrémité.
  • « Braie » ou broie.
  • « Pessai » : La « frome » ou banc est prolongée à droite par la partie mobile tranchante et à gauche est fixé un « égrignoire» (4).
  • « Breusse » ou brosse à affiner.
  • Rouet à filer : De gauche à droite : En haut la quenouille, avec « peson » et « quenelle ». Le fil passe sur une bobine avant enroulement sur la quenelle. Dans la partie médiane, bielle et pédale. A droite, la roue du rouet.
  • Rouet à embobiner. Dans la partie inférieure, « dévidoir » pour la mise en écheveaux avant embobinage pour l’ourdisseur.
  • Ourdisseur  avec dévidoir et bobine sur la droite.

9« Egrougeoir » ; « égrouger » : De « grouger » ou « gruger » en ancien français ( XIV- XV ème siècle) : réduire en grains. C’est pourquoi l’outil est encore appelé « égrainouère ». « Egruger » signifie littéralement « briser avec les dents ». Ici, c’est donc le sens mécanique qui est employé. Le verbe « grouger » était aussi fréquemment employé avec un sens alimentaire et signifiait alors « croquer » ou « avaler ». ( Cf  L’Huître et les Plaideurs de. La Fontaine : « Perrin, fort gravement, ouvre l’huître et la gruge »). On le connaît mieux pour son sens figuré : « gruger quelqu’un » c’est le spolier, le dépouiller de ses biens.

10« Jaquemart » : Figurine représentant un homme d’arme muni d’un marteau avec lequel il frappe les heures sur le timbre d’une horloge.

11« serre » : Mot ancien. Vient du verbe « serrer », en ancien français, « enfermer ». Les « serres » constituaient en quelque sorte des paquets, « enserrés », c’est-à-dire « serrés » étroitement.

12 « jeu d’aluette » : Jeu de  trente huit  grandes cartes représentant des figures symboliques, beaucoup pratiqué à l’époque dans nos campagnes. Il aurait été ramené d’Espagne ou du Portugal par les marins. On l’appelait aussi « jeu de la vache ». ( dans Ma Bretagne au bon vieux temps. Marcel Alory.)

13« Le pessai » : De l’ancien Français « pëason » : fondation. (Du latin  «  pedationem », de « pedare », supporter. De « pedem » : pied.)Il s’agissait sans doute du chevalet qui a donné son nom à l’appareil.

14- « L’égrignoire » ou « égrainouère » :  Peut-être de l’ancien français «  grigne » (XII ème –XIIIème siècle) : Action de montrer les dents. Ici, il s’agirait des dents du peigne à carder qui servait à démêler la filasse avant le filage. Il est aussi possible que le mot soit formé sur « égrille » quidésignait les impuretés restées dans la filasse.

Le 6 juillet 1969, une tempête mémorable !

Ce jour-là, les prévisions météo étaient bonnes : régime anticyclonique !

Mais le baromètre chuta brutalement de 1025 à 1005 mb. Subitement, vers 21 heures, une tempête se déclencha en quelques minutes, le vent se mit à souffler du sud puis s’orienta Noroît passant de Calme à Ouragan, subitement de 4 à 88 nœuds. On releva 166 km/h à Brest, 157 km/h sur l’île de Batz (force 12 sur l’échelle de Beaufort.)

Récit : une fin de croisière pas comme les autres …

Philippe Goerger, équipier à bord du Golif de Georges Dagorne se souvient …

« Depuis quelques années, je naviguais l’été à Erquy avec Georges Dagorne sur son voilier de type Golif. Les anciens doivent se souvenir de Georges car il avait un problème aux jambes et se déplaçait difficilement sur un rudimentaire tabouret à roulettes de sa fabrication.

Comme il était passionné par la mer, ce handicap ne l’empêchait pas de naviguer régulièrement : les embarquements sur l’annexe puis sur son bateau étaient parfois périlleux et en navigation je l’aidais pour les manoeuvres.

Le Golif est un petit voilier et néanmoins un bon canot puisque Jean Lacombe a couru en 1964 la transat anglaise en solitaire à son bord.

Le Golif est un bateau qui a été construit à 1000 exemplaires : longueur : 6,50 m, largeur : 2,30 m, hauteur du mât : 9,50 m

 A cette époque, la navigation se faisait au compas, au loch et à la sonde.

Pour suivre sa route, on reportait méticuleusement la position estimée sur la carte papier … il fallait bien connaître les courants et calculer les hauteurs d’eau, le rythme et la période des phares, les alignements pour les atterrissages, bref, avoir un bon sens marin !

Il n’y avait pas beaucoup d’aide à la navigation : pas de radio VHF, pas de pilote, pas de GPS, pas de cartographie électronique, pas de radar en cas de brume.

Sur le Golif nous disposions d’un radiogoniomètre rudimentaire qui nous permettait de relever le gisement des radiophares à l’aide d’une antenne ferrite couplée à un compas …une pratique qui ne s’avérait pas toujours aisée quand on en avait besoin surtout par mer agitée !

Pour faire un point, il fallait authentifier trois émetteurs par leur indicatif et leur fréquence d’émission puis lire le plus précisément possible et rapidement le compas, tout cela sur un petit voilier de 6,50 m qui était secoué dans tous les sens.

 Pas question d’avoir le mal de mer !

L’avitaillement pour nos départs en croisière était réduit à l’essentiel faute de réfrigérateur et de place : un sac de pommes de terre, des oignons, des œufs, un bloc de lard fumé, du pain, du beurre, du vin.

Nous avions toujours une traîne à l’eau et nous étions contents de pouvoir compléter notre repas avec quelques maquereaux.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                    

Le 6 juillet 1969, nous étions de retour d’une semaine de navigation dans les îles Anglo-Normandes sur le Golif, arrivés en fin d’après- midi à mer basse, nous étions tranquillement au mouillage par temps calme, devant l’ancien port d’Erquy pour attendre la marée à quelques centaines de mètres du CVE, le club de voile d’Erquy.

Après avoir dîné, je préparais la grand-voile pour pouvoir regagner notre emplacement dans le port.

C’est à ce moment que le vent s’est levé et s’est déchaîné, j’ai juste eu le temps d‘affaler et de rabaner la grand-voile avant que l’on se mette à déraper du milieu de la baie vers les rochers de la pointe de la Heussaye …

Tout a été très rapide : j’ai sorti toute la chaîne de la baille à mouillage, sans effet. Nous dérapions toujours vers les rochers, le vent hurlait, le bateau se couchait, nous embarquions de l’eau …

J’ai démarré le petit moteur hors-bord de 2,5 cv et tourné la commande en avant maximum, nous reculions toujours et nous approchions dangereusement des enrochements où les grosses vagues venaient s’écraser.

Il faisait nuit, il pleuvait, le pont était balayé par les vagues, j’ai récupéré Georges qui était tombé au fond du cockpit et je l’ai attaché …

Entre temps, notre ancre avait enfin croché dans les premiers rochers de la pointe, nous étions bloqués à quelques mètres de la falaise.

Très inquiets sur la capacité de résistance de notre petite chaîne et dans l’impossibilité de faire face à cette tempête furieuse, nous avons décidé d’appeler au secours et pour cela de lancer nos fusées de détresse …

Comme la plupart des plaisanciers j’imagine, Georges comme moi n’avions jamais lu le mode d’emploi ! Dans notre situation de détresse, ballotés dans tous les sens, dans la nuit, sous la pluie et les vagues, ce n’était plus possible ! Sans maîtriser l’engin, j’ai décapsulé le premier tube de fusée parachute et arraché la goupille … aucun résultat immédiat ! Juste le temps de penser qu’elle était HS et de saisir la deuxième fusée et  la première me pète dans les jambes et tombe à l’eau … sans effet .

Pour la deuxième fusée, je l’ai saisie fortement, l’ai tenue verticalement reproduisant la même procédure. Elle part bien, monte dans le ciel mais très vite disparaît derrière la Heussaye, rabattue par les rafales de vent … sans effet !

Il ne nous restait plus qu’une fusée, la dernière ! Celle-là, je l’envoie horizontalement en direction du port et enfin nous avons été repérés.

Fort heureusement, Pierre Le Guen et Pierre-André Lechat, qui devaient être vigilants, prirent la mer sans hésiter malgré les conditions dantesques et sont arrivés à bord des chalutiers l’Océanide et le Chaton pour nous sortir de cette très périlleuse situation.

La manoeuvre était très risquée car nous étions bloqués perpendiculairement par notre ancre et la chaîne à quelques dizaines de mètres de la falaise.

Pour nous envoyer une haussière de remorquage, le Chaton devait s’approcher au plus près de nous malgré les énormes vagues et ce vent furieux, sans se prendre dans notre mouillage et sans se faire drosser à la côte.

Accroché d’une main à l’avant du bateau régulièrement sous l’eau, ébloui par le projecteur du Chaton, je n’ai pas pu fixer la première haussière qui m’avait été habilement lancée ; compte tenu des risques que nos sauveteurs prenaient, je savais qu’il n’y aurait qu’un seul autre passage. Heureusement, le deuxième essai fut le bon.

J’amarrai solidement le bout récupéré à tout ce qui me semblait solide et le Chaton nous ramena à bon port …

 Eternels remerciements à ces sauveteurs. »

De nos jours, le bateau de sauvetage de la SNSM basé dans le nouveau port assure avec un équipage de bénévoles les secours en mer.

Philippe Goerger, petit-fils du commandant Nabucet, ancien Cap-Hornier, a parcouru depuis cet événement plus de 60 000 miles, plusieurs transats et connu le Pacifique sans jamais rencontrer des conditions aussi terribles !

                   6 juillet 1969 : du côté des sauveteurs.

 Sauvetage du Golif et du Mousquetaire. 

Loïck le Guen était à bord de l’Océanide … Son témoignage :

« Le 6 juillet 1969, c’était un dimanche, mon épouse et moi dînions chez mes parents au 62 rue du port. A 20h30, nous nous apprêtions à suivre le film du dimanche soir à la télé.

Soudain l’électricité se coupe, mon père ouvre la fenêtre et m’appelle d’une façon inhabituelle : « regarde, tu ne reverras sans doute jamais ça de ta vie … »

C’était le début de l’ouragan, la mer montait, nous étions à mi-marée et par-dessus le vieux môle nous voyions arriver des vagues énormes, toutes déferlantes ; le ciel était gris, la mer toute blanche …

D’un seul coup, le vent décupla de force, ma mère et mon épouse regardaient à l’autre fenêtre, tous les quatre nous étions figés devant ce spectacle qui ne présageait rien de bon !

Tout à coup, une fusée rouge jaillit vers l’extrémité de la pointe de la Heussaye puis quelques secondes après une deuxième, un peu plus loin …

Ni une ni deux, nous voilà partis tous les deux à toute vitesse, sans trop parler mais en faisant défiler dans nos têtes les manœuvres qui devraient se succéder pour partir avec notre bateau Océanide.

Les bottes, le couteau, l’échelle, le doris, les tolets, les avirons, le mouillage, l’embarquement, les béquilles, la mise en route, le dégagement du tangon …

Dans la précipitation nous embarquons avec nous un ami marin-pêcheur, Daniel Leduc, qui se trouvait là par hasard. En quelques minutes, nous voilà partis tous les trois ; le moteur « Bolinders » n’avait pas eu le temps de chauffer et je savais que nous n’avions pas beaucoup de gas-oil ! Peu de paroles mais déjà beaucoup de stress.

En dépassant le bout du quai au pied du phare, nous prenons une déferlante par le travers tribord et nous embarquons de l’eau plus haut que nos bottes sur toute la longueur du bateau. Le bateau s’alourdit le temps que les dallots évacuent la charge avant de retrouver un juste équilibre.

À ce moment, nous avons compris que ce qui s’annonçait n’allait pas être une partie de plaisir et que nous allions devoir nous battre !

Pour amortir les déferlantes, mon père à la barre dans la cabine arrière gouvernait de façon à bien prendre bout à la lame pour éviter de remplir à nouveau et surtout pour ne pas chavirer.

Nous avancions progressivement vers les bateaux en détresse et anticipions les manœuvres de secours.

J’ai reconnu les deux voiliers ; je connaissais les équipages : un Mousquetaire et un Golif armés par des plaisanciers rhoeginéens.

« Dans la précipitation du départ nous n’avions pas pris de cirés, quant aux gilets de sauvetage, ils sont restés bien au chaud dans la cabine avant du bateau.

En arrivant près du premier bateau, le Mousquetaire qui était au mouillage et moteur embrayé pour éviter d’être drossé, nous avons pris conscience que nous ne pourrions pas sauver les deux bateaux car le Golif était tout près des cailloux et nous pensions qu’aucun marin ne prendrait ce risque vu le danger !

Soudain derrière nous arrivait le bateau « Chaton » aux commandes et à la barre Pierre Le Guen (Pierre-André Le Chat avait laissé sa place à Pierrot et assumait la préparation d’un éventuel remorquage).

Pierrot n’avait jamais piloté ce bateau et pourtant il n’a pas hésité une seule seconde pour tenter l’impossible !

Mon père, Michel, voyant cela a fait un malaise et a chuté dans la cabine ; je me suis alors précipité, j’ai pris la barre et essayé de faire au mieux.

Nous avons lancé notre orin de mouillage par l’autre bout sur le pont du mousquetaire en espérant que Roger Conan que nous avions reconnu et qui était le skipper puisse se saisir de l’orin afin que nous puissions le remorquer.

Mon père, qui avait repris des couleurs, criait à Conan de couper son propre mouillage afin de nous libérer et de commencer à remorquer …

Roger Conan n’avait pas de couteau sur lui, ce qui mit mon père en colère !

Enfin le mouillage a été largué et j’ai pu commencer la remorque en direction du phare. »

Les chanteurs de la Passion

Une des traditions qui a perduré aux Hôpitaux était « Les Chantous de Passion ». Les copains formaient une équipe si possible composée d’un joueur d’accordéon. On ne leur demandait pas de savoir chanter.
La nuit de la Passion, quinze jours avant Pâques, cette joyeuse troupe allait de maison en maison. On appelait ces chants « chants de quête » qui sont classés au patrimoine immatériel de l’UNESCO.
En arrivant devant la porte de chaque maison, ils entonnaient un bref couplet pour la Passion :
« Chrétiens, chantons les peines, les angoisses, les douleurs, que Jésus Christ nous aime. Quoiqu’indignes pêcheurs et par amour nous vivions de retour et récitons la morte Passion ».
Puis ils posaient la question « Faut-il chanter ? » ou « Chant’rons-je ? » La réponse était souvent affirmative car la maisonnée était réveillée.
La porte s’ouvrait et les hôtes récompensaient les « Chantous » en leur offrant des œufs. La patronne sortait les verres et les bocaux de cerises à l’eau de vie (les roupettes à queue). Ce n’était pas de refus mais avec ce régime dans toutes les maisonnées, il fallait tenir la route jusqu’au petit matin et ne surtout pas casser les œufs rangés dans un panier d’osier. Michel se rappelle avoir fait l’omelette plus tôt que prévu, ayant chuté avec le panier « sur le tertre aux Caillibotte ».
En sortant de la maison, la joyeuse bande entonnait le couplet :
« En vous remerciant mes bonnes gens, ce présent est honnête, Vous serez récompensés par Jésus notre Maître. »
Si la maison n’avait pas ouvert, on pouvait aussi entendre « Garde tes œufs, maudit cul creux, si tu ne veux pas te lever, le cul de tes poules se bouchera ! »
La nuit de Pâques, ils annonçaient la résurrection du Christ :
« Il est enfin ressuscité ! Nous devons tous le croire, sur la mort il a remporté une entière victoire. Vous verrez son humanité Rayonnante de Gloire. »
Les personnes ouvraient encore leur porte et récompensaient les Chantous avec des œufs et offraient aussi à boire. En sortant, le couplet de remerciements était encore entonné. La tournée se terminait au petit matin dans un bistrot où l’on faisait une grande omelette.
Camille BROUARD
(Eléments recueillis dans le livre de Marcel Alory « Ma Bretagne au bon vieux temps » et auprès de Louis Rouxel).

LE TOURISME AUX HÔPITAUX : hôtels et pensions de famille

Hôtel Bellevue

Hôtel-pension de familles tenue par la famille Alain-Brouard

La colonie de vacances de Saint-Brieuc a occupé les bâtiments jusqu’en 1953 puis la colonie Francolor a pris la suite.

Des agencements ont été construits pour accueillir la colonie.

(photos données par Renée Pinel qui faisait partie du personnel en1954)

Ambiance mono en 1965!

Les moniteurs en 1965

Les employés de la colonie en 1965

De gauche à droite 1er rang : Nicole Ollivier, Andrée Jamet, Camille Brouard, Mme Labbé, le Directeur, M. Pecheux, Econome, Mme Boizard.

Au 2ème rang : Maryvonne Bouguet, Joséphine Barbot, Antoinette Klos, une infirmière, Nicole Esnault, Mme Pecheux, une deuxième infirmière et Gigi Bertin.

 Au 3ème rang : France Bidon, la cuisinière et Mustapha, moniteur.

Roger le chauffeur entouré de : à gauche de Ghislaine Dubois, Christiane Blanchet et à droite de Georgette Robert et Nicole Esnault.

Camille Brouard, à gauche, a été employée pendant quelques saisons.

Les Roches Princesses

Dans les années 1990, ouverture des « Hortensias », maison pour l’accueil des personnes âgées puis des « Jardins d’Erquy », toujours en activité.

                          

Les Roches Princesses dans les années 30

 Pension chambre sans restauration, café, bar épicerie tenues par Marie Anne Lecorguillé-Saintilan ;

Rang du haut :

2ème à gauche: Marie Provost née Lecorguillé, 3 ème à gauche : Marianne St Ilan épouse Lecorguillé, 5 ème à gauche : Francine Lecorguillé épouse Laurent, le petit garçon : Joseph Le Corguillé

En bas : 2 ème à gauche : Renée Laurent

ROZ ARMOR

ACQUISITION DU SITE :

En 1954, les colonies de vacances des paroisses de Mayenne recherchaient un lieu de destination. Ayant entendu François Blouin évoquer la disponibilité de sites à Erquy, les Pères Bedouet  et Goude se rendirent sur place, avec lui, pour les visiter. Le premier fut jugé trop petit. En revanche, tous furent séduits par les bâtiments des carrières que leur présenta le vicaire d’Erquy.

Ces bâtiments étaient ceux de l’ancienne cité des tailleurs de pierre. Ils avaient subi non seulement les dommages de la guerre mais aussi ceux de l’après-guerre. C’est ainsi que le responsable d’un groupe de jeunes gens venus en camp à la Fosse Eyrand, en 1948, avait noté dans ses souvenirs écrits : « C’est un groupe de cinq bâtisses dont l’intérieur est passablement délabré. Les toits et les murs sont en très mauvais état général. Les planchers sont rares ainsi que les portes et les vitres … »

Depuis cette époque, le propriétaire avait fait remettre les portes et fenêtres manquantes, mais l’ensemble demeurait des plus délabrés : escaliers et planchers restaient inexistants. Malgré tout, les trois visiteurs mayennais revinrent avec un certain optimisme. Le père Goude résuma leur état d’esprit : « Nous nous disions qu’avec un peu d’imagination, on pourrait arranger les choses. »

Après maintes discussions et réflexions, l’étude de faisabilité du projet fut lancée par le père Rimbaud et le père Rivière, le premier vivement intéressé, le second sur une réserve prudente.

L’achat de l’ensemble du site, comprenant sept hectares, fut ensuite négocié par Messieurs Gilles Lebret et François Blouin auprès des Carrières de l’Ouest et l’acte de vente fut signé le 10 décembre 1954.

LE TEMPS DES COLONIES. De 1954 à 1976 :

Les premiers équipements, lits et armoires, seront achetés dans les surplus militaires. L’autorisation de la préfecture de Saint-Brieuc sera enlevée « à l’arraché » par Gilles Lebret le jour de l’arrivée des colons alors que le car attendait à Dinan.

Quant à l’alimentation en eau, elle restera longtemps un problème, à cause du refus des services communaux de procéder au raccordement collectif. La seule source d’eau alors existante avait un débit d’eau de 2 m3 par jour ! Une pompe remplissait une cuve pendant la nuit.

Les inscriptions aux colonies étaient enregistrées au presbytère de Mayenne. Au début, les enfants venaient tous de Mayenne, mais assez vite l’accès fut ouvert vers l’extérieur ainsi que vers les services sociaux de l’enfance.

Entre 1954 et 1976, les mois de juillet et août étaient animés par les colonies de garçons ou de filles à tour de rôle. Plusieurs directeurs ou directrice se succédèrent : Élisabeth Côme, Monsieur Leperlier, Antoine le Guérinel, Bernard Mottais, sœur Christine. Pendant plus de vingt années, Elisabeth Côme fut la cheville ouvrière de la colonie des filles. Dans ses souvenirs, elle nous décrit ainsi le bord de mer : « Lorsque les premiers colons arrivèrent en vacances, la plage était telle que nous la voyons aujourd’hui, une grande plage de sable fin, toute plate, offrant toute sécurité pour la baignade. Pas d’autres estivants, une plage privée en quelque sorte. Seul un mur de galets en « défendait » l’accès, il fallait descendre avec précaution et pourtant, aucune entorse ne fut à déplorer ! »

Pendant les premières années, du fait de l’état défectueux du chemin, les cars venant de Mayenne s’arrêtaient à la Moinerie et les colons descendaient à pied par la colline, leurs valises étant transportées par une camionnette. Il fallut attendre 1965, avec la participation de la Mairie d’Erquy, pour que le chemin soit rendu carrossable.

Grâce à l’architecture d’origine, chaque logement était indépendant. Pour créer un passage sur toute la longueur et rendre ainsi la surveillance plus aisée, des ouvertures furent pratiquées, au rez-de chaussée ainsi qu’à l’étage. Une galerie extérieure distribuait l’ensemble. Le sous-sol d’un bâtiment annexe fut aménagé pour servir de cuisines, réfectoire, réserve et salle de moniteurs. Pendant quelques années, le charbon fut utilisé aux cuisines, remplacé peu à peu par le gaz.

L’urgence, plus qu’une planification étudiée, guidait les responsables. Ceci les mit souvent en difficulté face à l’inspection de la commission « Jeunesse et Sports. »

Le principal souci à cette époque n’était-il pas de donner à deux cent cinquante enfants, de toutes catégories sociales, un mois de vraies vacances ?

Elisabeth Come résume ainsi l’atmosphère : « Malgré des équipements spartiates, la jeunesse, la gaîté, le dynamisme des colons rendaient les mois de juillet et août très animés. Moniteurs et monitrices organisaient veillées, chants, danses, jeux de pistes, radio crochets, concours divers, kermesses, feux de camps, journée à thèmes…  »

LES DEBUTS DE LA MAISON FAMILIALE

Dès 1957 et durant les quelques années suivantes, quelques familles vinrent séjourner en même temps que la colonie. En fait, la Maison familiale fut agréée et ouverte officiellement à partir de 1961seulement.

Les époux Ardoin en furent responsables jusqu’en 1966, et après une période transitoire de deux ans, ils furent relayés par Pierre et Marie-Pierre Péron qui en assurèrent la gestion avec succès jusqu’en1999.

A la fin des années 60, le nombre de journées-vacances était d’environ dix mille pour la Maison Familiale et de trois mille pour les colonies. On ne peut pas dire que le confort était la raison du succès de la Fosse Eyrand ! En effet, jusqu’en 1968, l’eau était fournie par un puits à faible débit et un camion remplissait tous les jours deux citernes. Chaque chambre était équipée d’un seau hygiénique, d’un broc et d’une cuvette. Le matin, les familles allaient faire la queue au point d’eau aux extrémités du bâtiment situé près du petit chauffe-eau à gaz.

Seul le raccordement au réseau communal permit d’améliorer les installations sanitaires et l’on vit apparaître enfin les douches chaudes !…

A partir de 1976, avec l’arrêt des colonies, et dès 1979, des changements d’organisation importants donnèrent à la Maison Familiale un nouvel essor.

LA FOSSE EYRAND EN 1979 LORS DE L’ARRIVEE DE LA NOUVELLE EQUIPE

1992 MISE EN PLACE DE LA NOUVELLE CROIX

Catherine et Bruno Hernot sont arrivés en 1999, pour prendre la suite de Mr et Mme Péron partant à la retraite. En 2001 le village de vacances il prend le nom de « Roz Armor », la colline rose au bord de mer. Le couple continue à faire évoluer cette maison reconnue dans le réseau CAP France.

Une équipe de 7 employés à plein temps et de 30 saisonniers travaillent sur le village chaque année.

Classé 4 étoiles par Atout France, il compte 80 chambres avec 200 lits. Une construction en 2006 a doté le village vacances d’un nouvel équipement qui regroupe une salle de spectacle d’une capacité de 180 places assises, 2 salles de réunion et une piscine couverte et chauffée.

 Roz Armor accueille chaque année plus de 8 000 personnes dont 30% de familles, 60% de groupes (écoles, randonneurs, séminaires, sportifs) et 10% de mariages.     

Sur le menhir à l’entrée de ROZ ARMOR on peut lire :

« Là où il y a une volonté il y a un chemin »

 Article extrait du livre « de la Fosse Eyrand à Roz Armor 1954 -2004 »

                               et avec la collaboration de Bruno Hernot.

LE TOURISME AUX HÔPITAUX : le camping.

Début du camping sauvage dans les années 1950

En bas à droite de la photo, la cabane agencée en épicerie et tenue par la famille Robert

Quand le camping St-Michel s’est installé, le restaurant « Le Petit St-Michel » a ouvert dans des baraques. Monsieur Durand dit « Dudu » est à l’origine de cette création.

C’était un terrain vague, dans le sable, appartenant à plusieurs propriétaires. L’ensemble avait été acheté par un industriel, Monsieur Garnavaut, qui a créé le camping. Le camping sauvage du bord de mer y a été intégré.

Suite à la « loi littoral » qui interdit le camping en bordure de côte, le département a acheté la partie du bord de mer et la commune est devenue propriétaire du camping en retrait. Noëlle Garnavaut en a été régisseuse municipale pendant quelques années.

CAMPING LES HAUTES GREES

Ce camping a été créé en 1984 par Louis et Gisèle Rouxel, agriculteurs.

En effet, souvent sollicités pour l’achat de leurs terrains, ils ont décidé de créer leur propre camping sur les hauteurs de St-Michel. C’est un camping familial, de la direction jusqu’à la clientèle. Les premières années, les enfants de Louis et de Gisèle se succédaient pendant les vacances pour diriger le camping, prenant du temps sur leurs propres congés. Françoise et Isabelle, aidées d’une employée, ont dirigé les lieux pendant six ans.

En 1990, Isabelle le dirigera définitivement seule à partir de 2000. Son mari Jean-Paul Manis participe au bon fonctionnement du camping.

Les premières années, tentes et caravanes d’une clientèle familiale envahissent le terrain. Les campeurs y séjournaient pendant au moins deux semaines.

Louis passait dans le camping avec son tracteur pour ramasser les poubelles.

En 1996, on installe des mobile-home. On y dénombre alors 125 emplacements pour tentes et caravanes, 34 mobile- home et 15 résidents.

Depuis la création de la piscine en 2006 et sa couverture en 2008, le camping rencontre un plus grand succès encore.

Louis et Gisèle ont su créer un camping familial fréquenté par une clientèle fidèle grâce à leur gentillesse et à leur disponibilité, épaulés par leurs enfants.

De nombreuses activités étaient organisées : gym pour les grands, maquillage pour les enfants tout ça accompagné par un petit air d’accordéon.

Aujourd’hui leur fille Isabelle poursuit l’activité camping en ayant ajouté de la modernité mais toujours dans les mêmes conditions d’accueil que les parents.

Gageons que ce camping perdure encore des années puisque nous avons eu une confidence :  la relève familiale arrive.

CAMPING DU VIEUX MOULIN

Il a été créé et tenu par la famille Guivarc’h.

Dans les années 1990, la piscine attirait beaucoup de vacanciers et aussi des locaux :  des cours d’aquagym étaient programmés, certains réservés aux futures mamans.

Le camping a été repris par le groupe ODALYS en 2023.

( A suivre : les hôtels et pensions de famille aux Hôpitaux)

L’Eglise d’ERQUY

L’Église Saint Pierre et Saint Paul d’Erquy

Il est fait mention d’Erquy comme paroisse dès 1167. Le premier lieu de culte se trouvait, sans doute, sur le coteau de Truquai, à l’emplacement de l’actuelle chapelle Notre Dame des marins, qui domine le bourg.

L’église actuelle fut édifiée au bas du coteau et le bourg s’est développé tout autour. Elle était entièrement romane. La nef était éclairée, en haut par des fenestrons aux larges embrasures. Un arc diaphragme sépare la nef du chœur.

images egliseEn 1818 à l’initiative et avec la participation financière du recteur Michel Pasturel, la sacristie en ruine depuis longtemps, est reconstruite. Depuis la venelle de la sacristie on peut lire sur un linteau de porte «PASTVUREL RT » tandis qu’au-dessus une pierre porte la date de 1818.

En 1841, le pignon ouest en très mauvais état, ainsi que la tour furent abattus. Entre 1841 et 1847, le maître maçon J. F. Vautier prolongea la nef et construisit les deux tours d’après les plans de Jh Chatelier.

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