Le quartier du port et ses habitants de 1950 à 1970.

Mes souvenirs d’enfance. (Maryvonne Chalvet)

La vie avant la construction du « nouveau port » et de la deuxième jetée :

J’ai habité sur le port depuis ma naissance, ou presque, jusqu’en 1970. Mon terrain de jeux était, avec mes copines Michelle et Claudine, les rochers en bas (qui depuis ont disparu, suite à l’élargissement de la route), la rue elle-même où nous jouions à la marelle, à la balle, nous faisions du vélo, de la trottinette…. Il suffisait de faire un peu attention aux voitures, peu nombreuses et les conducteurs eux-mêmes étaient prudents. Nous savions que certaines plages horaires étaient interdites : celles où les camions passaient pour venir chercher les débarques de pêche, le STEF en particulier chaque fin d’après-midi, toujours « aux taquets » car son camion était en réalité un wagon qui serait accroché au train à Lamballe. Donc les horaires étaient, pour Maurice le chauffeur du STEF, un impératif ! Je me souviens de ces moments où les pêcheurs arrivaient en fin d’après-midi (ils pêchaient jusqu’à la dernière minute) puis il fallait débarquer les praires, vite, toujours vite, les femmes prenaient la suite dans les locaux près de ma maison, ces bâtiments en brique rouge, pour trier et calibrer les praires, vite, toujours vite, avant l’arrivée du STEF. Je revois Marinette sortir sur le pas de la porte pour guetter ce camion blanc et dès qu’elle l’apercevait sur le boulevard de la mer, elle criait aux femmes : « Le voilà ! On n’a pas fini ! Je vais dire à Maurice d’aller d’abord prendre les praires des mareyeurs derrière le quai !» Et Maurice grognait mais s’exécutait !

Les baraques des mareyeurs :

Il faut savoir que plusieurs mareyeurs avaient une baraque en bois derrière la Capitainerie et les pêcheurs livraient toute leur pêche à « leur » mareyeur attitré. Pas de criée à cette époque, chaque mareyeur revendait les pêches qui leur étaient livrées. Les mareyeurs de l’époque étaient Mimile Lecan, Jean Jaumet, Joseph Thomas, Maurice Sagrange et la famille Le Gall, qui avait un local « en dur » au bout de la Capitainerie.  A la Chaussée, dans un petit bâtiment en dur, il y avait aussi Pierre Lechat puis ensuite son épouse Nénette qui a repris la suite de l’affaire après l’accident de son mari qui l’a laissé handicapé. Puis est arrivé un peu plus tard André Vargas qui a « conquis » pas mal de pêcheurs car il proposait de meilleurs prix. Ils étaient tous payés « à la semaine », selon les cours du marché.

Trois « gros » bateaux neufs arrivent des chantiers de Paimpol : Le P’tit pêcheur (Toto Guérin), Pier Mic (Michel Le Guen) et Le Berceau du Marin, Emile Lecan, mon père.

Deux fonctionnaires « surveillaient » le trafic du port : Monsieur Lechien, syndic des marins et gestionnaire du port et Monsieur Coutel, douanier.

L’accident de mon père en 1959 :

Un jour précis reste en ma mémoire : j’avais 6 ans et je n’étais pas à l’école car un peu grippée. C’était une belle journée de décembre et dans l’après-midi, ma mère, qui regardait par la fenêtre, a vu le bateau de mon père, le « Berceau du Marin », rentrer au port à cette heure inhabituelle et se diriger directement « au fond du quai » au lieu de se placer sur son tangon comme il le faisait chaque jour. Surprise, elle m’a informée de l’arrivée de mon père, sans soupçonner qu’il avait été accidenté. Le matelot de mon père, René Bouguet avait ramené le bateau au port.

Aussitôt débarqué devant le restaurant « L’abri des Flots », Marinette, la patronne, a compris l’urgence de la situation et, avec sa voiture, (pas de téléphone !) et non sans avertir ma mère au passage, est partie avec mon père, la main cachée dans un torchon pour ne pas affoler ma mère, chez le Docteur Paul Dayot. Il avait deux doigts sectionnés, l’index et le majeur, et les deux autres très abîmés. Il avait mis la main dans le cabestan et les câbles qui remontaient la drague à praires. Le médecin l’a bien sûr reçu et dirigé immédiatement vers la clinique Jeanne d’Arc à St Brieuc. Marinette a servi d’ambulancière ! L’entraide de cette époque n’était pas un vain mot. Mon père est resté handicapé de la main droite, seul le pouce était indemne.

Les commerces sur le port :

L’Etoile du Marin (future maison de Loïck Le Guen).

Les seuls commerces que j’ai connus à cette époque étaient des restaurants ou cafés : « Le Relais », restaurant crêperie tenu par une famille venue du Nord de la France, M et Mme Binesse, avec leur fille, « L’Abri des Flots », hôtel, bar, restaurant tenu par Maria Blouin-Lecan puis ensuite par Marinette et René Blouin, son fils et sa belle-fille et « Le Triton », tenus par M et Mme Hingant. Il y avait aussi un café, « L’Etoile du Marin », tenu par Emile Lecan, père du mareyeur, et sa femme Mélie. Ce café a laissé place ensuite à la maison d’habitation des parents de Loïck Le Guen puis, quand je l’ai connu, vers 1960, ce café était là où se tiendrait ensuite une poissonnerie tenue par la famille Vargas, « Le Vivier » devenue depuis un restaurant portant le même nom. Il porte actuellement le nom « Les Terre-Neuvas ».

Deux jeunes habitants : Guy Duclos et Martine Lecan, devant l' »Abri des Flots ». Une maman surveille. Au fond, la maison qui deviendra « Le Relais » et ensuite « La Table de Jeanne ».

Sur le port, seul l’Abri des Flots a conservé son nom d’origine. Le Relais est devenu La Table de Jeanne, le Triton est devenu « Quai Ouest » puis « O’Mat ». La maison où nous habitions est maintenant un café tabac, « La Coursive ». Les maisons ne portaient pas de numéro mais un nom. La nôtre se nommait « Au fil de l’eau ». Beaucoup de maisons d’habitations de ces années-là sont devenues des commerces, jusqu’à La Chaussée. Heureusement, ce quartier de la Vieille Echaussée a, lui, gardé son cachet et ses jolies maisons, en grès rose pour la plupart.

Le Berceau du Marin à quai, sur son tangon.

A droite, ma maison « Au fil de l’eau », les bâtiments en briques des pêcheurs et la maison « Les Moussaillons »

Mes amies les plus proches étaient Claudine et Michelle, les filles de « L’Abri des Flots ». Comme les enfants de cette époque, nous avions construit une cabane dans l’espace où le restaurant stockait les bouteilles vides, dans des cases bien rangées (emplacement Mignon actuellement). Tout était clôturé et sécurisé et nous jouions dans cette cabane des heures durant avec nos jouets et nos poupées. Nous l’avions baptisée « La Godille » et la grand-mère des filles, Maria, qui était aussi ma grand-tante, avait d’ailleurs ensuite baptisé sa maison située près de l’hôtel de ce même nom. Cette maison abrite maintenant le bar « Le Baradoz ».

Nos jeux se déroulaient sur la plage, dans les rochers « aménagés » en maison pour nos poupées. Nous allions très souvent à la pêche aux coques, aux pieds de couteaux, aux bigorneaux, aux crabes verts. Je me souviens que les soirs d’été, je pêchais ces « cranquets » devant chez moi, à l’aide d’une tête de maquereau au bout d’une grande ficelle. Le soir même, on replongeait tout ce petit monde à la mer pour les piéger à nouveau les soirs suivants ! La télé ne nous manquait pas, nous ne nous ennuyions jamais.

L’été, nous passions nos après-midis sur la plage du centre et, avant la baignade, nous étions très occupés par nos jeux sur le sable : de multiples constructions pour jouer aux billes avec les garçons, et surtout, nous nous improvisions architectes de châteaux-forts ou de bateaux que les vagues, à marée haute, venaient attaquer ! Et malgré nos colmatages incessants et nos cris, nous ne gagnions jamais contre les assauts de la marée. Qu’à cela ne tienne, nous ne lui en tenions pas rigueur puisque les jours suivants, nous recommencions nos constructions encore et encore… Combien d’aventures nous imaginions alors !

Nous attendions aussi avec impatience les caravanes publicitaires qui organisaient des concours et animations sur les plages. Qui ne se souvient du bonhomme Michelin, Bibendum, qui parcourait les rues jusqu’au port pour distribuer bonbons, casquettes et autres gadgets pour nous, les enfants, et promouvoir des marques déjà célèbres ?  

Un autre souvenir disparu : les couples qui se mariaient à Erquy allaient, traditionnellement, au bout de la jetée, en cortège et faisaient le « bisou des mariés » derrière le phare. Ils sont encore nombreux, je pense, à s’en souvenir !

Certaines soirées étaient exceptionnelles : les pêcheurs faisaient l’animation lorsque l’un d’entre eux apercevait des mouvements sur l’eau, signe qu’un banc de poissons approchait. C’était ce que les marins nommaient « la m’nuse ». Alors vite et sans téléphone, les pêcheurs arrivaient pour prendre la senne qu’ils possédaient en commun et partaient avec tout le matériel dans deux ou trois doris sur l’eau, devant la plage. Je me souviens de François Guérin (Toto), mon père Emile Lecan et son frère Jean, Maurice Toisoul, les frères Le Guen, Michel, Pierrot, Roby et quelques autres sans doute. Ils faisaient un demi-cercle avec le filet et piégeaient le poisson, souvent des maquereaux ou des éperlans que nous appelions « gradeaux ». Tous les participants se partageaient la recette de cette pêche inespérée bien-sûr. Les femmes et les enfants que nous étions, ravis, et avec quelques touristes de l’époque, participions et donnions « un coup de main » à l’arrivée des prises sur la plage et tous repartaient bien-sûr avec quelques poissons pour le repas du lendemain.

Les pêcheurs au travail de la senne.

J’ai souvenir d’un mois de janvier 1970, la pêche avait été vraiment miraculeuse : ils avaient ce jour-là pris plusieurs centaines de kilos de bars !

Pas de concerts ou d’animations les soirs d’été : les touristes et les Rhoeginéens allaient faire « un tour au port » pour boire un verre ou juste pour voir les nombreux pêcheurs à la ligne. Il arrivait aussi qu’un cirque se produise sur le terre-plein de La Chaussée. Oui, les communes littorales accueillaient souvent des chapiteaux : des cirques, la compagnie « Les Tréteaux de France » qui ravissait les amateurs de théâtre, du music-hall et des artistes que nous voyions à la télévision ces années-là. C’est ainsi que j’ai vu « en vrai » Jean Nohain, Roger Lanzac ou un célèbre ventriloque de l’époque, Jacques Courtois et Omer, sa marionnette.

Nos activités durant les mois d’été, c’étaient les baignades dans le port, parmi les bateaux et depuis la cale et la jetée, nous étions des champions et championnes du saut et du plongeon. Je ne sais plus à quel âge j’ai appris à nager mais comme nous étions toujours à la mer, pas besoin de cours, tout était naturel. Quand Marie-Paule, qui habitait là-haut, près du Lac Bleu, au Pendu, nous apercevait depuis son promontoire, elle descendait la falaise à grande vitesse, comme dans un escalier, pour participer aussi à la matinée baignade. A l’époque, on pouvait emprunter cette falaise sur l’ancien trajet des wagonnets qui transportaient autrefois les pavés des carrières jusqu’au quai. Que d’heures passées dans l’eau ! Nous étions une bande de cousins, cousines, copains et copines, tous passionnés par ces jeux dans le port. Bien-sûr, nous étions prudents lorsque des bateaux accostaient et les pêcheurs, qui nous connaissaient, étaient prudents eux aussi. Il n’y a jamais eu d’accident ni de problèmes. Comme les bateaux faisaient leur plein de gas oil près de la cale, il arrivait souvent que quelques gouttes se répandent sur l’eau. Alors parfois on se baignait dans une eau « irisée ». Qu’à cela ne tienne ! Ça ne dérangeait personne.

Le Port et la vue sur Le Pendu. On distingue aussi les baraques des mareyeurs au bas de la falaise.

Le port en 1949.

Les bâtiments en brique rouge qui jouxtaient ma maison servaient à plusieurs pêcheurs pour stocker leur matériel de pêche qu’ils ne pouvaient ramener à leur domicile, faute de place et souvent de véhicule. Il y avait là des filets à crabes (araignées), des casiers à homards, des perches à maquereaux et autres lignes à roussettes. Les anciens venaient dans ce local pour réparer les filets et aussi bien-sûr garder le contact avec cette vie et tous ces pêcheurs qu’ils connaissaient si bien, souvent leurs fils, leurs neveux. J’ai souvenir d’être allée souvent, en transportant mon petit fauteuil en osier, bavarder avec Prosper, un ancien qui venait à pied depuis La Ville Hamon, près des Hôpitaux, tout comme son fils André, surnommé « La Pipe ». Ces bâtiments de briques ont laissé place à un immeuble, tout comme la villa « Le Môle » dans le virage ainsi qu’à l’endroit de l’entreprise de charbon tenue par Max Emery, un peu plus loin vers La Chaussée. Il reste encore, coincée entre ces immeubles, la très belle maison en grès rose « Les Moussaillons » et son magnifique blason, sculpté dans le grès rose, en façade. Le quartier de La Chaussée a gardé toutes ses jolies maisons typiques.

Je garde aussi en mémoire ces femmes de pêcheurs, réunies autour d’un grand tas de moules ramenées en paquets (en blétrons) arrachés sur les rochers des « Trois Pierres » ou de « la Grosse » par les hommes. Ils déversaient ces sacs (pouchées) sur le quai, et les femmes s’asseyaient tout autour et, à mains nues, dans le froid souvent, cassaient ces blétrons et triaient puis isolaient les moules une à une, pour la vente. Un travail très difficile ! Et là, comme autour des lavoirs, les bavardages et autres nouvelles circulaient.

Nous avons quitté ce quartier en 1970 pour habiter un autre quartier marqué par les pêcheurs : Tu es Roc.

  •  

Merci à Martine Lecan, Loïck Le Guen et Christian Frémont pour le prêt de photos

Les patronymes des lieudits

(par Claude Spindler)

Beaumont : un champ des Hôpitaux porte ce nom. Un mur de vieilles pierres le borde à l’ouest, vestiges d’un ancien manoir et d’une chapelle.

Cavey ou Cavet : en vieux français chemin creux. Ce vallon boisé s’étend de Caroual au Vaubourdonnet, longé par le ruisseau de Langourian. Avant-guerre lieu privilégié des promeneurs.

Colombiers :  nombreux à Erquy.

ex.  En 1500 colombier de la Motte verte au Nord du jardin du presbytère.

       En 1660 ruines d’un colombier à la ville Josselin.

 En 1876 la métairie des colombiers (Joseph Déguen laboureur et sa femme Jeanne Lebreton).

Les colombiers, signes de richesse, étaient construits à distance de la propriété pour éviter les nuisances (odeurs, bruits) et pouvaient contenir plus de 2 000 pigeons.

Les pigeonniers accolés à la ferme ou au petit manoir possédaient seulement quelques dizaines de pigeons. Les fuyes: les trous dans les murs sous les gouttières recevaient quelques pigeons.

Coninière : conin, ancien nom du lapin (mot vulgaire d’où vient l’injure). Il existait trois coninières à Erquy (Langourian, 1ère butte de la Heussaye et sous le Noirmont). Ces élevages servaient au repeuplement de la Garenne, lieu de chasse des comtes de Penthièvre.

Courtils :  petits lopins de terre moins nombreux après les remembrements effectués à partir des années 1250 par les cisterciens de Saint-Aubin, sous la forme de Coutures, Devises, Longues-rayes aux superficies plus imposantes, qui facilitaient les labours.

Devise : parcelle de terre de surface moyenne.

A l’hôtel Morin, existait un champ nommé la devise de 3 ares et 46 centiares, la devise du tertre Renault. Aux Hôpitaux : « La maison de la grande devise ».

Parfois les chemins menant à ces champs étaient appelés des devises. Les plans du Penthièvre signalent trois chemins ou devises qui descendaient de Tu es roc vers le bourg et le port.

Galimoneux : grotte, ouverture, passage.

Garenne : espace boisé ou herbeux. On y trouve de nombreux terriers.

Vers 1654, les habitants de Tu es roc y coupaient des mottes de terre et les faisaient sécher pour faire du feu l’hiver.

Gault : mot d’origine Vicking désignant les bois.

Goulet : passage étroit (exemple du goulet entre les deux buttes de la Heussaye). En 1829 existait un four goulet à Claire fontaine, pièce de terre de 72 ares.

Guérinet : concerne un territoire protégé sans grande valeur.

Goguenet : rue goguenet ou godenet au centre du bourg. Une pierre dressée subsiste, ancien emplacement d’une fontaine installée vers 1600 par le sieur Godeneu, originaire des îles Scilly, propriétaire des pêcheries et sécheries de Plurien. Fontaine, la bienvenue, sachant que les points d’eau au bourg étaient rares.

Langourian : en vieux breton le sanctuaire, l’ermitage ou mieux la grande maison. En 1811 des archives citent le ruisseau de l’angourien.

Lanruen : la colline aux ajoncs.

Longuerais : référence à la raie du champ, au sillon creusé lors des labours,

sous-entendu une pièce de terre relativement importante.

Lourtuais : en 1857 lourtuais était une lande de seulement 16 hectares 95 ares qui faisait partie de la garenne constituée de plusieurs parcelles telles que

l’Ermitage, la Tanière, la Louve, Château-noyer.

L’Abbaye : les moines de Saint-Jacut y possédaient de nombreuses parcelles de terre.

Vers 1600 leurs biens deviennent propriétés des laïques.

L’échaussée : amas de rochers disposé de façon à créer un abri. C’est un port très rustique. En 1648 il est fait mention dans les archives, de l’ancienne échaussée limitant à l’Est la pêcherie de la Heussaye et à l’Ouest le premier port d’Erquy. L’échaussée actuelle se trouve au Nord de la plage, avec son mât en bois. À l’usage le village attenant prend le nom d’échaussée.

L’Ecobue (parcelle de terre située entre Beaumont et la vallée Denys) :

rappel d’une pratique  appelée «le brûlis» , consistant à brûler la végétation pour fertiliser le sol.

La Banche : constituée de marne, d’argile affleurant au niveau de la dune de sable.

À l’usage la dune prend le nom de banche.1855 près de la Chaussée un terrain se nomme « Les banches ». En1918, la rue de la banche devient rue Foch.

La Billauderie : les deux filles de M. Billaud héritent de cette propriété.

La Bouche : entrée du port des Hôpitaux.

La Corderie (près du Saint-Sépulcre) : ancien territoire exclusivement réservé aux lépreux, où ils avaient la possibilité de confectionner des cordes.

La Couture : structure agraire de petite surface de la taille d’un jardin.

La Fosse-Eyrand (aux Hôpitaux) : les moines vers 1250 possèdent deux établissements hospitaliers où ils accueillent entre autres des soldats de retour de Terre Sainte. La mortalité importante oblige la création d’une fosse commune. Sur un terrain situé entre Lanruen et Saint-Michel, les corps y sont jetés, leurs âmes errant à cet endroit !

La Franchise : en 1617 c’est une maison située en face de l’église où l’on dormait et mangeait. Cette maison était exemptée de l’impôt sur le vin.

Les prêtres de passage y préparaient leurs sermons. En 1836, la grande franchise est une pièce de terre du Pusset.

La Potence : à la mare-Hellou (la mare-es-loups) se situait le gibet de Langourian.

La Pouillouse : nom d’une ancienne ferme en haut de la côte portant ce nom.

Référence à une voile d’étai, la charbonnière située entre les mâts d’un voilier

au-dessus de la cuisine, voile noircie par les fumées.

La Touche : petit bois sur une butte. En 1426, une maison noble occupe le terrain.

Lieudit en quittant les Jeannettes. En 2024 On y trouve une ferme entourée d’arbres.

Le Bignon : terrain arboré où l’on trouvait des ruches.

Le Pendant : nom d’une parcelle de terre sur un terrain en pente.

Le Pendu : au-dessus du port, ancienne maison construite dans un endroit en pente.

Le Pissot : petit ruisseau se jetant sur la plage de Lourtuais.

Le Plessis :  broussailles et ronces entourant un enclos. Haie.

Le Portuais : port-huet en 1846.

Le Pucet : le long du même ru, un endroit tranquille.

Le Pusset : lieu-dit le long d’un ru.

Le Pussot : gîte existant en 1476 au Pusset.

Le Pussouer : une ferme, un lavoir où passe le ruisseau du Val.

Ces différents noms viennent du mot pisse (écoulement de liquide).

Les Coches : sente et terrain au bas du Noirmont. Deux étables à cochons (soues) occupaient la partie Sud. Les cochons étaient libres d’aller jusqu’à la dune !

Les Ecrites : mare à l’eau saumâtre au Sud de la plage du bourg. En 1900 des vaches s’y abreuvaient. L’origine du mot vient peut-être « d’étrille » qui est une sorte de clayonnage pour capturer les poissons.

Les Hautes Grées : terrains rocailleux aux Hôpitaux.

Les Ruaux : source du ruisseau du Val (route des Hôpitaux).

Le Tertre Molive : endroit où l’on extrayait des pierres à moulin, les meules (du latin mola).

Les Travers : deux fermes d’en haut et d’en bas. Référence aux sillons perpendiculaires lors du labourage.

Petit Jersey : en 1854 Hervé Alexis aubergiste demeurant au petit jersey sur le tertre Caillibotte aux Hôpitaux (allusion à l’ensoleillement).

Pot de justice : emplacement situé à l’Ouest de Langourian à l’endroit le plus élevé. Le gibet de Langourian s’élevait au lieu-dit la potence à la mare Hellou. 

Un aveu de 1740 accorde à la seigneurie de Langourian le droit de haute, moyenne et basse justice ainsi que les fourches patibulaires (gibet).

Rabine : large allée bordée de grands arbres menant à une propriété.

cf. la Longueraie, la Ville bourse, la Côtière …

Saint-Pabu : une chapelle dédiée à Saint-Tugdual l’un des 7 Saints ayant participé à la fondation de la Bretagne chrétienne. Il fut pape trois ans (pape en breton se dit Pabu).

Saint-Sépulcre : on y trouve un ancien cimetière réservé aux lépreux.

Sente de l’enfer : ancienne voie romaine dont le revêtement se composait de pierres et de limaille de fer. Côte abrupte difficile à gravir pour les attelages …quel enfer cette montée ! Le chemin « ferré » menait du Doublet aux moineries, ancienne voie romaine.

Tu es Roc : en 1826 il existe un petit enclos situé près du Sémaphore « Aux rochers de Tu es Roc ». En 1859 sont vendus des terrains communaux, soit une parcelle de 23 ares 16 centiares près du village de Tu es Roc nommé le gros rocher.

De Mardi gras à Halloween

(Par Liliane Lemaître)

Depuis fort longtemps les déguisements et carnavals sont à la mode parmi « les grands » et le petit peuple… suscitant joie, charme du mystère et favorisant les intrigues. On songe par exemple au célèbre carnaval de Venise qui encore aujourd’hui reste un mythe avec ses costumes fabuleux dont certains coûtent une fortune. Les masques et les poses des personnages introduisent le spectateur dans un univers fantastique où le rêve familiarise avec la réalité.

  Aujourd’hui, masques et déguisements restent le privilège des enfants et leur permet de pénétrer dans le monde de leur rêve. Deux grandes fêtes sont restées dans la mémoire des plus jeunes : Mardi Gras et Halloween.

   Mardi Gras :

    Il y a fort longtemps que l’on fête le « mardi gras » et que l’on se réjouit des coutumes qui lui sont attachées.

 Mardi Gras, cette année, le 13 février, est une fête mobile. Il correspond au quarante-septième jour avant Pâques et désigne la fin de la semaine des sept jours gras avant le mercredi des cendres et la période de Carême. D’après la tradition, on peut alors y consommer, du beurre, de la viande, du sucre et naturellement, des crêpes, friandise fort prisée par les plus jeunes. N’omettons pas les adultes qui se plaisent également à savourer ce délicieux dessert que l’on retrouve aussi à la chandeleur, fête de la lumière. Au moyen âge, sur les marchés, le petit peuple dégustait volontiers des « oublis », sorte de crêpe, pliée en triangle et plus croustillante que notre crêpe. On dit que la crêpe est, en quelque sorte, une célébration du printemps, sans doute parce qu’elle évoque la lumière comme la Chandeleur, et le plaisir simple ou la douceur sucrée de ce mets facile à réaliser qui peut évoquer un soleil par sa forme circulaire et sa couleur dorée.

               « Mardi Gras ! T’en va pas !

                 J’frons des crêpes. J’frons des crêpes,  

                 Mardi Gras ! T’en va pas !

                 J’frons des crêpes et t’en auras ! »

 Joli refrain que les enfants ont longtemps fredonné en se préparant à solliciter les adultes pour recevoir leur part du délicieux festin. Les gamins de notre région se donnaient alors la peine de chanter avant l’heure, certains couplets traditionnels ou quelque refrain appris à l’école.  Mon père m’a souvent conté une anecdote dont il riait encore après avoir joué un mauvais tour à une voisine peu avenante. Imaginez ce petit bonhomme et son compère du voisinage, sabots aux pieds et vêtements bien propres, chantant de bon cœur et déjà alléchés par le parfum des crêpes, répandues dans l’air des alentours, attendant une récompense bien méritée. C’est alors que la porte se referma brutalement. Point de crêpes pour les gêneurs !

 Fâchés, outrés même par tant d’ingratitude, les deux compères, bien décidés à venger cet outrage, trouvèrent rapidement un moyen d’apaiser leur colère. Avisant sur le bord de la fenêtre, une casserole vide, ils se chargèrent de la remplir, je vous laisse deviner comment, avec un précieux liquide restitué à la méchante veuve. Satisfaits de leur forfait, ils quittèrent la place vers une maison plus accueillante. « Bien fait ! » 

  J’adorais « faire mardi gras », comme on disait alors. Il ne faisait pas toujours très chaud si bien que ma prudente mère, m’enveloppait dans plusieurs robes qui me traînaient jusqu’aux pieds, par crainte des rhumes. Je sortais alors décorée de tous les falbalas qu’elle avait pu trouver dans ses armoires et j’allais rejoindre les autres « mardi gras ». Il fallait prendre garde car certains, profitant de leurs masques se donnaient le plaisir de rosser leurs compagnons, surtout les garçons à l’humeur belliqueuse.

  J’avais alors rencontré un beau cavalier, fort bien vêtu, un mousquetaire, je crois. Très bien maquillé, il n’avait pas besoin de masque pour garder son mystère et il me proposa de l’accompagner sur les chemins de l’aventure. Je ne le revis jamais. Sans doute, ne pus-je pas le reconnaître !

   Le lendemain, le charme était rompu. C’était le jour des cendres et chacun s’attachait à trouver du poisson, de la morue ou bien du hareng. Beaucoup comme maman, allaient sur les rochers des plages environnantes, à Lourtouais, au Guen, au Goulet, chercher des moules qui étaient fort bonnes. Papa se régalait et les accompagnait d’une sauce vinaigrette.

  Halloween

 Si l’on fête moins mardi gras aujourd’hui, Halloween a pris le relais. Les vitrines des magasins sont décorées de fantasmagories mi-comiques mi-terrifiantes et les petits enfants sont déguisés en sorcières et en créatures hideuses.  Cette fête nous vient, dit-on des pays celtes comme l’Irlande, le Pays de Galle ou l’Ecosse.

  On dit que si la fête de la Toussaint est religieuse, celle d’Halloween est païenne. Ce n’est sans doute pas si simple.

« Halloween » est une contraction de l’anglais : « All hallow’s eve », autrement dit : La veille de la Toussaint (31 octobre au 1er novembre). Il s’agit d’une fête druidique consacrée au souvenir des disparus, la fête de Samhain, ou Samain. Nos ancêtres de petite et grande Bretagne (Ireland, Pays de Galle, Ecosse) la célébraient avec recueillement car c’était « l’Anaon », autrement dit, l’autre monde. Ce terme breton nous vient du Gallois « Annwvyn ». Les bretons, comme les autres gaulois ou gallo-romains, pensaient qu’à cette date sacrée, les frontières disparaissaient entre le monde des vivants et celui des morts. On devait alors montrer un grand respect à ceux qui venaient dans chaque maison et que l’on accueillait à sa table même si les yeux ne les voyaient pas, ils étaient là, âmes et présence …

 On sait que les bretons des temps anciens ont longtemps conservé ces croyances mêlées au culte de la religion catholique. On en trouve des échos dans les contes d’Anatole Le Bras et de Jakez Elias.. 

  Quelques uns tentaient sans doute d’amadouer les défunts par leurs offrandes. Depuis l’influence des pays d’Outre-Manche a remis cette fête à la mode en évoquant l’autre monde comme un lieu maléfique où foisonnent fantômes et sorcières. Les petits enfants réjouis et travestis, lorsque vient le soir, s’amusent follement et demandent des bonbons pour éviter les sorts.

 On avait pour coutume d’utiliser des citrouilles afin de les transformer en masques effrayants. On évidait la chair orangée et l’on y plantait une bougie C’était du plus bel effet pour mimer les fantômes.  Mais, direz- vous, tout le monde n’avait pas de citrouilles … Qu’à cela ne tienne ! Beaucoup utilisaient de gros navets ou betteraves, plus faciles à se procurer.

  Je vais vous raconter une anecdote vécue par mon grand-père. Elle se situe naturellement dans nos alentours, beaucoup plus feuillus à l’époque qu’aujourd’hui.

  Lors d’un mariage, le jeune garçon s’était fait ridiculiser par sa petite cavalière. En effet, Il s’était pris d’affection pour une malheureuse « vache de réforme » qu’il soignait chaque jour consciencieusement. Naturellement, celle-ci devait faire les frais du festin. N’empêche, il s’était attaché à la bête qu’il emmenait paître dans un pré voisin ce qui suscitait la jalousie de ses cousines, moins bien nourries.  Lors du repas de noce, il avait refusé de manger de cette viande et la jeune fille s’était bien divertie de son émotion.

  Jurant de se venger, l’adolescent mijotait un tour à sa façon. Il avait préparé un petit baluchon dans la grange et à la tombée de la nuit, prétextant la pose de quelques collets, il était sorti. Franchissant rapidement la lisière du petit bois qui jouxtait le sentier, il s’installa derrière un massif bien épais et déballa son trésor : Sur une grande perche, Il enfila une grosse betterave qu’il contemplait avec complaisance. Elle était grêlée comme une écumoire et sillonnée de rides multiples. Il enfila le bâton sur la betterave et en disposa un plus petit en forme de croix et alluma une grosse bougie. La betterave montrait des yeux et une bouche effrayants. Il jeta sa pèlerine noire sur l’ensemble et sourit : « Voilà un joli fellipeu !» murmura-t-il. (Un « fellipeu » : un épouvantail, terme gallo « fais lui peur »)

 A présent, il attendait. La petite devait prendre ce sentier désert et sombre, pour apporter un petit repas à son grand père. Tout à coup il l’entendit chanter. Elle se donnait un peu de courage en franchissant le  bois. Moins d’une seconde plus tard, elle entendit un rire rauque et diabolique et ses yeux exorbités par la terreur découvrirent l’horrible apparition. Elle resta un instant immobile, clouée par la peur, puis retrouvant quelques moyens, elle fit demi-tour en hurlant.

  Secoué par les hoquets du rire, le jeune bourreau regagna son territoire. La gamine n’osait pas retourner chez elle et il lui fallut plusieurs jours pour se remettre. On peut dire que sans s’en douter, il avait célébré Halloween avant l’heure !

  La fête des défunts, le lendemain de la Toussaint avait une dimension sacrée. Le soir, on entendait sonner le lugubre glas et l’on ne pouvait s’empêcher de frissonner. Il fallait alors se recueillir et prier pour les âmes du Purgatoire et pour celles des disparus en mer sur nos côtes et à Terre Neuve parmi les bancs de brume.

La troupe théâtrale d’Erquy en 1936

  No 1    Henriette Landier         (épouse André Petit)                

No 2    Francine Lepavoux                        

No 3  Marie-Rose Tardivel      (célibataire)                            

No 4    Fabienne Le Dolledec                     

No 5    Berthe Blanchet                              

No 6   Yvonne L’hotellier                 (épouse Renaut)                      

No 7    Marie Michel                (de st Pabu)         

No 8    Marie Le Branchu        (célibataire)                    

No 9    Gabrielle Guéguen                         

No 10   Angèle Trévily             (célibataire)                                     

No 11   Marie Michel                (épouse Pierre Fremont)

No 12   Denise Provost              (célibataire)

No 13   Madeleine Sivet

No 14   Giberte Lecan              (épouse Joseph Bertin)

No 15   Flore Lepage 

No 16   Yvonne Chapelain       (épouse Gérard Gicquel)

No 17   Anne Marie Gallet

No 18   Marie   Le Quellénec

No 19   Nicole Auffray

No 20   Henriette Charlot

No 21   Genevièvre Legoff                (épouse Bon) 

No 22   Germaine Renaut

30 ans plus tard, elles revivent leurs souvenirs l’espace d’une journée :

Des documents photographiques de la troupe théâtrale d’Erquy ont été réunis en 1936 par Mmes Clérivet et Frémont.

Ce 10 novembre 1984, 30 ans après, elles se sont retrouvées autour de Sœur Vincent, en retraite au foyer St Vincent à Lamballe et qui fut leur animatrice.

         En effet sœur Vincent, de la communauté des sœurs St Vincent de Paul à Erquy de 1923 à 1957 dirigea la troupe.  Elle a été conviée à ce sympathique rendez-vous auprès de ces anciennes « jeunes actrices ».

        Pour revivre leurs souvenirs de jeunesse l’espace d’une journée, 24 dames se sont retrouvées le samedi 10 novembre 1984 en compagnie de Sœur Vincent, qui les avait réunies en 1934 pour « monter sur les planches ».

NAUFRAGES

Terre-Neuve et Islande : la perte du Saint Michel

Ouest-Eclair du 6 juin 1901

Toujours pas de nouvelles du Saint-Michel, armateur de Kerjégu de Bien-Assis,

qui a sombré corps et biens lors du cyclone du 7 avril, qui a désemparé le Sainte-Anne appartenant au même armateur. Quelques hommes de la Sainte-Anne ont écrit à leurs familles qu’ils avaient rencontré de nombreuses épaves en se rendant en baie de Reikyvick où ils allaient porter leur prise comme devait le faire le Saint-Michel. Quelques-uns pensent que ces épaves sont les débris de ce dernier navire.

L’équipage du Saint-Michel était composé de 26 hommes dont 18 d’Erquy, 2 de Dahouët et de la Bouillie presque tous des pères de famille. Monsieur le Recteur d’Erquy a visité ces derniers jours les familles éplorées et a essayé de les consoler en disant que le Saint-Michel pouvait n’être qu’avarié et que tout espoir n’était pas encore perdu.        Puisse que cet espoir se réalise

Disparition de 5 goélettes Islandaises Bretonnes

Journal de Pléneuf et d’Erquy du 9 juin 190

Le courrier d’Islande qui vient d’arriver par le paquebot anglais Osborne 

est encore muet sur le sort des 5 goélettes bretonnes : la Brune, le Capelan, le Pilote,

la Maria et le Saint-Michel.

On craint que ces goélettes soient disparues en Islande dans la terrible tempête du 6 avril. Sur toute la côte, d’Erquy à Paimpol, il règne une vive émotion, une angoisse douloureuse que l’on comprend.

La Brune : Goélette de 180 tonneaux lancée en 1891 avec 15 hommes à bord.

Le Pilote : Dundee de 140 tonneaux lancé en 1887 avec 15 hommes à bord

La Maria : Goélette neuve de 200 tonneaux avec 28 hommes à bord.

Le Capelan : Goélette de 150 tonneaux lancée en 1893 avec 23 hommes à bord.

Le Saint-Michel : Goélette de 160 tonneaux lancée en 1895 avec 260 hommes à bord.

Monsieur le Curé d’Erquy écrit Au journal Ouest-Eclair le 20 juin 1901 :

« Un affreux malheur vient de frapper ma paroisse. Le Saint-Michel, navire monté par vingt-six hommes, a sombré dans un horrible cyclone en Islande et ces pauvres marins, en perdant la vie, laissent après eux dix-huit veuves, cinquante-cinq orphelins.

Et il rajoute : en dehors du Saint-Michel, trois autres victimes de la mer, une en Islande et deux à Terre-Neuve. Je pars à l’instant pour annoncer cette triste nouvelle à une toute jeune veuve ».

Il est à peine besoin de dire avec quelle reconnaissance le vénéré curé d’Erquy recevait les offrandes de vos lecteurs pour les malheureuses familles des sinistrés.

                   La goélette le Saint Michel amarrée le long du quai en 1900

Il y a 110 ans, le SaintMichel sombrait

Article du journal le Penthièvre du 31 mars 2011

(avec la participation de Michel Grimaud)

« Dans la nuit du 5 au 6 avril 1901, cinq goélettes des quartiers maritimes de Saint-Brieuc et Paimpol ont sombré, alors qu’elles étaient en pêche à la morue.

Le Saint-Michel avait pris la mer depuis le port de Dahouët à la mi-février de l’année 1901 pour sa campagne de pêche à la morue. L’armateur Jules François Monjaret de Kerjégu, né à Plérin en 1864, demeure avec son épouse Anne-Marie au château de Bien-Assis et possède deux autres navires destinés à la pêche à la morue, la Sainte-Anne et la Mouette. Au commandement du Saint-Michel : Francis Guéheneuc né à Erquy en 1873.

5 navires sombrent

Au port de Dahouët, comme à chaque départ, les familles sont réunies au pied de Notre-Dame de la Garde en souhaitant aux équipages une bonne pêche et un bon retour. Mais la météo de ce début de mois d’avril en mer d’Islande est catastrophique. Dans la nuit du 5 au 6 avril, une tempête emporte cinq goélettes des quartiers maritimes de Paimpol et Saint-Brieuc : La Maria de l’armement Verry-Carfantan de Binic avec 28 hommes originaires de Plérin à Plouha, La Brune de l’armement Buhot-Launay de Paimpol avec ses 25 hommes, Le Pilote de l’armement E. Dufilho avec ses 15 hommes, Le Capelan, de l’armement Adrien Carfantan de Dahouët avec ses 23 hommes originaires de Paimpol.

26 victimes

C’est le naufrage du Saint-Michel, goélette de tonneaux, construite en 1895, qui a le plus frappé les familles du canton. Sur les 26 hommes à bord, douze sont d’Erquy, quatre de la Bouillie, trois de Pléneuf, un de Planguenoual et un de Saint-Alban. Ils ne reverront jamais la côte de Penthièvre.

Un drame pour les familles et particulièrement pour Oscar et Rosalie Hydriol, à Erquy, qui perdent leur fils Jean-Marie, âgé seulement de 15 ans, mousse sur le Saint-Michel. Un drame aussi pour l’épouse du chef saleur de Pléneuf Marie Hervé que le marin laisse seule avec 8 enfants tout comme Eugénie Levêque qui reste seule à Erquy avec ses 6 enfants. Et l’épouse de Victor Guyon, Marie, qui a déjà 3 enfants, fera de son quatrième un orphelin ».

Un cyclone

Le Figaro du 17 juillet 1901 relate que 117 marins bretons ont disparu « A la suite d’un cyclone sur les côtes d’Islande » Le 26 octobre de la même année, le préfet des Côtes-du-Nord informe qu’au cours de sa dernière session, le Conseil Général a voté une allocation de 1500 francs en faveur des victimes du cyclone qui s’est abattu sur l’Islande en avril. C’est le 23 décembre 1902 qu’un jugement du tribunal de Saint-Brieuc déclare « constant le naufrage de la goélette Saint-Michel et les décès de ses marins, pour avoir eu lieu le 6 avril 1901. »

L’équipage

         Francis Guéheneuc, Capitaine, né le 15 décembre 1873 à Erquy. Casimir Clérivet, second Capitaine, né le 17 mai 1869 à Erquy. Marie-Ange Hervé, né le 10 février 1860 à Pléneuf. Jules Louis Guéheneuc, Lieutenant, né le 21 janvier 1871 à Erquy. Louis Rollier, né le 3 août 1873 à Erquy. Émile Pincemin, 4ème Lieutenant, né le 30 septembre 1867 à Erquy. Chrétien, chef saleur né le 10 juin 1856 à Pléneuf. Jean Rollier, né le 15 juillet 1871 à Erquy. Joseph Renault né le 23 septembre 1870 à Erquy. Pierre Helliot, né le 14 novembre 1862 à Saint Alban. Alexandre Lévêque, né le 14 novembre 1868 à Erquy. Auguste Névot né le 29 mai 1870 à Erquy.  François Philippe, matelot, né le 30 avril 1870 à Ploufragan. Marie-Ange Nivet, né le 11 mars 1865 à Planguenoual. Constant Moisan, matelot, né le 8 janvier 1875 à Erquy. Théodore Pellois, né le 21 septembre 1865 à Erquy. Louis Méheust, né le 7 décembre 1862 à la Bouillie. Joseph Pottier, né le 14 juillet 1866 à Pléneuf. Constant Lemercier, né le 16 juillet 1867 à la Bouillie. Francis Gour, matelot, né 5 novembre 1875 à la Bouillie. Victor Guyon, né le 31 janvier 1868 en Mayenne. Auguste Liscouët, âgé de 26 ans de Cesson. Auguste Morvan, né le 26 décembre 1873 à Plérin. Frédéric Moisan, né le 7 mars à Plédéliac. Louis Lemercier, novice, né le 16 juin 1864 à La Bouillie et Jean-Marie Hydriol, mousse, né le 6 août 1886 à Erquy.

La goélette le Saint-Michel manœuvrant dans le port d’Erquy en 1900

Christian Frémont

Photos d’Ernest Besnier Erquy (1897-1915)

Naufrage du bateau « Alexis »

Acte de notoriété du 15 avril 1879

Constant François Blanchard, marin, né à Erquy, a embarqué en qualité de patron sur le bateau l’Alexis de la maison de commerce Aubert de Nantes, de Madagascar et de Saint-Denis (Ile de la Réunion). Le bateau monté par six hommes d’équipage a disparu avec sa cargaison le 8 janvier 1878. Le bateau a sombré dans la passe de Toaroudrano sur les côtes de Madagascar.

Héritiers

Son père et sa mère, Joseph Blanchard décédé le 19 janvier 1878 époux de Françoise l’Hôtelier, Joseph Jean Marie Rose Blanchard, demeurant à Erquy et Jeanne Marie Blanchard en religion sœur Julin Joseph, Novice de la congrégation des petites sœurs des pauvres, demeurant à la Tour Saint-Joseph à Saint-Pern, frères et sœur du disparu, cinq héritiers célibataires.

Rapport constatant la perte du bateau « Alexis »

(Extraits du greffe du tribunal de 1ère instance de Saint-Denis de la Réunion)

4 mars 1878 :

A comparu le Sieur Mottet, négociant demeurant à Saint-Denis, lequel nous a fait le dépôt du double d’un rapport signé à Nos-Véry (Madasgascar) le 10 janvier 1878 par les sieurs Follet, Agent Directeur de la maison de commerce L. Aubert et Cie à Madagascar, du capitaine et du second du navire « la Créole » et de deux autres personnes domiciliées à Nos-Very, constatant la perte du bateau l’Alexis et de son chargement.

8 janvier 1878 :

Le bateau l’Alexis (monté par le Patron Blanchard et six hommes d’équipage) s’est rendu à bord de la Créole, mouillée sur rade de Nos-Véry * pour prendre les marchandises suivantes à destination de Tuléar Bay *.

60 barils de poudre de 5 kg à 15 fr = 900 fr

20 barils de poudre de 10 kg à 30 fr = 600 fr

Une caisse de colliers pesant 50 kg à 5,50 fr = 275 fr

Une caisse de miroirs : 56 à 6 fr = 336 fr

Une Harasse faïence : 352 à 1,25 fr = 440 fr

Un baril de pierres à feu = 55 fr

2 ballots percale simple de 300 soit 600 à 3,50 fr = 2.100 fr

4 ballots percale double de 150 soit 600 à 7,50 fr = 4.500 fr

Une caisse de toile écrue = 334,05 fr

2 caisses de cretonne écrue = 2.500 fr

4 sacs de balle en plomb. Ensemble 440 kg à 80 centimes = 352 fr

5000 ballotins vides à 20 centimes = 1.000 fr

Total : 13.392,05 fr

Aussitôt l’embarquement des susdites marchandises, le bateau a fait route pour sa destination. Le lendemain, deux hommes faisant partie de l’équipage, nommés Raomnsin et Toucorakio sont venus faire la déclaration suivante :

« Le patron Blanchard en débordant de la Créole a fait route par la passe de Toaroudrano, les vents étaient de l’ESE et lui permettaient de faire la passe. Pendant le trajet, le temps s’est couvert et mis à grain au moment où le bateau donnait dans la passe, la mer refoulée par le courant était assez grosse. Tout à coup, un grain violent souffle du NE, le patron certain de ne pas doubler les récifs veut virer de bord, mais au moment où il manoeuvrait, le grain tombe sur le bateau et le fait accoter. Au même instant, une lame de la barre formée par la passe, le prenait de travers et le faisait sombrer sur place. Le patron et l’équipage ont disparu avec le bateau et la cargaison. Seuls les ci-dessus mentionnés ont réussi à gagner la pointe Taoroudrano à l’aide de planches qu’ils ont pu saisir… Aussitôt nous avons envoyé plusieurs embarcations à la recherche, mais ni cadavre ni débris n’ont été retrouvés. En foi de quoi, nous avons dressé le présent pour servir de droit. Les nommés Raomnsin et Toucorakio ayant déclaré ne pas savoir signer ont fait une croix en notre présence ».

10 janvier 1878

Ont signé : Follet, ed.Macé, le Capitaine de la Créole, Chavretche second de la Créole.

*Nosi = île. Le lieu Nos-Véry est sans doute Nossi-Be en la baie Saint-Augustin. La ville de Tuléar = Toliara.

Claude Spindler

La forge de mon enfance, au village de mon enfance.

Elle était indispensable aux carrières de grès rose qui composaient alors le paysage de « Tu es roc » dans toute la partie supérieure. Le forgeron s’appelait M. Halouet, dit « Lalouette » et travaillait aussi dans la carrière exploitée au départ par Julien Lefebvre, puis par sa femme. J’admirais cette femme et la cotte qu’elle portait qui me faisait dire qu’elle était « forte comme un homme » !

Lorsque nous entendions le bruit si caractéristique retentir, nous allions regarder les gerbes d’étincelles provoquées par les coups de marteaux du forgeron sur son enclume, en restant sur le pas de la porte de peur de le déranger. L’énorme soufflet dispersait partout la suie du feu, les murs étaient noirs, et le visage du forgeron tout autant ! A cette époque la forge se composait d’une petite pièce, puis elle a été vendue, puis rénovée et surélevée. J’imagine le travail pour décaper les murs ! C’est actuellement une maison d’habitation « L’ancienne forge ».

Au fond, la forge en grès rose. Devant, Julien et mon père, Joseph Bertin.

La rue des grès roses retentissait à cette époque des cris des enfants. Notre terrain de jeux était une ancienne carrière juste derrière notre maison, où les mares regorgeaient de grenouilles, tritons et autres salamandres (et bien sûr de magnifiques couleuvres ou vipères que nous regardions de plus loin). Nous ne craignions pas de dévaler la route en patins à roulettes, vu qu’il n’y avait qu’une voiture à passer, celle d’un monsieur que nous appelions, je ne sais pourquoi, « le bourreau ».

Ces patins à roulettes en ferraille avec les lanières en cuir, adaptables en fonction de la grandeur du pied, comme nous en prenions soin ! Les lanières étaient régulièrement entretenues pour qu’elles restent souples. D’ailleurs à cette époque, les chaussures aussi étaient régulièrement cirées, et pas seulement le jour de Noël. Pas de casque ni de protections à cette époque, et une descente à toute vitesse, grand(e)s et petit(e)s, j’étais la plus jeune de notre équipe mais je n’étais pas la dernière !

                                      Françoise L M

D’autres jeux de notre enfance nous reviennent à la mémoire :

 Il est vrai que la sécurité n’était pas une priorité, je me souviens que tante TITINE allait toutes les semaines à la décharge avec un vieux landau qu’elle remplissait de ses trouvailles. Elle nous avait ramené un tricycle bien rouillé et nous dévalions la côte de Quélard pieds en avant, heureusement que la circulation n’était pas intense!

Un autre jeu: vers le milieu de la côte, nous nous cachions derrière la haie et au bout d’une ficelle nous attachions un porte monnaie que nous mettions au milieu de la route. Les braves gens qui montaient la côte à vélo s’arrêtaient en plein effort pour voir le porte monnaies disparaitre dans le fossé.

Jeanine Fassier

Nous étions loin des jeux actuels !

Rappelons-nous les jeux que tous les enfants et ados inventaient lorsque, par chance, il y avait de la neige! Qui n’a pas dévalé les côtes (et à Erquy il n’en manque pas!) sur un couvercle de poubelle ou de gazinière, ou encore sur un ciré de pêche. Gare au retour à la maison avec le ciré devenu inutilisable….

ELIE MARSILLI

Fils d’émigrés italiens ayant fui le fascisme, Elie naît à Paris en 1926.

Ses études de « moteur-radio » (il n’y avait pas encore la télévision) sont perturbées par l’occupation nazie (école rue de la lune à Paris). Il trouve des emplois dans des boutiques et chez un fabricant radio.

En 1951, il rencontre Annick. Ils se marient en 1953.

Elie rejoint alors l’entreprise paternelle (calorifuge, isolation) où il seconde son père jusqu’en 1961, puis prend sa suite jusqu’en 1972.

Le couple fait un virage à 90°. Ils exposent aux ateliers d’Art à Paris avec leurs productions décoratives, cela correspond davantage à leurs sens créatifs.

En 1979, ils créent la galerie artisanale « La source et le vent » à Erquy, pays de la famille d’Annick où elle a vécu ses premières années à Tu-es-roc. Ils présentent leurs productions et diverses œuvres d’art.

Aussitôt en retraite, Elie donne enfin libre cours à son imagination et invente des  « délires » : les matériaux de toutes sortes, bois, fer, cuivre, tissus, plexiglas se transforment en machines volantes, animaux fantastiques, petits personnages uniques,….

Collection particulière exposée à la galerie d’Art en 2010.

En 2019, Elie s’envole et rejoint ses rêves.

                                      Par Annick Marsilli

LES FOURS A PAIN.

Historique 

Le four apparaît en Mésopotamie il y a environ 5000 ans. Les Romains ont diffusé cette invention dans l’ensemble de la Rome Antique. Ils ont modifié sa conception en y ajoutant la brique de terre cuite.

Le four à pain traditionnel en France :

A l’époque féodale, selon les régions, le four à pain est parfois un privilège de seigneur (comte, archevêque) dont il tire profit en prélevant une taxe sur chaque cuisson (banalité). Ce droit seigneurial est généralement inféodé, moyennant redevance, aux boulangers appelés fourniers, les sujets du seigneur ayant l’obligation d’aller au four banal. Au Moyen Âge, les fours à pain semblent rares en France. Les banalités sont sans doute très contraignantes et seuls quelques privilégiés, moyennant un cens (impôt seigneurial), ont la concession d’un four familial. « Ils sont plus fréquents en Angleterre, en Allemagne, en Europe centrale où se rencontrent d’autres types de fours : à sécher les grains, à fumer les viandes et les poissons ». Lors des croisades, certains seigneurs vendent leur droit de banalité pour couvrir les frais de leur voyage. Ces derniers cèdent ce droit aux boulangers qui vont se développer en corporation et notamment avec la guerre de Cent Ans qui voit le remplacement des fours seigneuriaux par des fours fieffés. L’utilisation du four banal reste obligatoire jusqu’à la Révolution qui confère aux habitants le droit de cuire leur propre pain.

Certains habitants construisent leurs fours individuels mais la chauffe d’un four particulier est souvent considérée comme un gaspillage, sans compter les risques d’incendie lorsqu’ils sont intégrés dans les maisons en toit de chaume. Pour ces raisons, l’usage du four du boulanger reste privilégié.

Au 19ème siècle, les fours à pain se multiplient dans les campagnes (four collectif ou four individuel dans les fermes). Avec la multiplication des boulangeries dans les communs, ainsi que les facilités de transport, le déclin des fours de campagne s’amorce au 20ème siècle.

Durant la Seconde Guerre mondiale, à cause des restrictions alimentaires, certains fours sont cependant restaurés pour servir à nouveau. A cette même époque, certain boulangers bretons, pour court-circuiter les règlements du régime de Pétain, changent directement, sans tickets de rationnement, le blé ou la farine contre du pain. La farine est livrée lors de la moisson et le pain distribué les mois suivants.

Après la Seconde Guerre mondiale, le déclin de ces fours est inéluctable. Les fournils devenus vétustes sont trop coûteux à entretenir (certains fermiers ne veulent pas payer pour le propriétaire). De plus, les chemins goudronnés permettent au boulanger de faire des tournées de pain.

                                      Les éléments du four :

La bouche :

La bouche est l’ouverture du four par laquelle on introduit le bois dechauffe ainsi que les aliments destinés à être cuits. Elle permet également un apport d’oxygène durant la cuisson à feu ouvert et peut être fermée durant la cuisson sans flamme, à chaleur tombante.

                            

La sole

La sole du four est la surface sur laquelle sont placés d’abord le bois de chauffage et ensuite les aliments. Elle est réalisée avec des matériaux réfractaires à base de silice, sous forme de fibres, par exemple deux couches de briques ou de carreaux ayant subi une cuisson très poussée, jointées à l’aide d’un mortier de terre, à savoir de la glaise mélangée à de l’eau ou de la chaux mélangée à du sable. Les coins sont toujours arrondis.

                           

Le socle :

Également appelé trumeau, c’est une construction qui sert de support au four et qui permet de l’élever à la hauteur d’homme.

La voûte : 

La voûte du four est aussi dénommée « chapelle ». C’est l’espace du four dans lequel on réalise la chauffe ainsi que la cuisson des aliments.

                               

                                                     

L’avaloir :

C’est une ouverture située au-dessus de l’entrée du four qui permet l’évacuation des fumées de la chambre de cuisson.

 

La cheminée :

La cheminée aussi appelée départ de fumée, est reliée à l’avaloir et permet d’évacuer les fumées à l’extérieur de l’enceinte du four.

                            Étapes de l’usage d’un four à pain :

Sélection du combustible :

Il faut choisir un combustible calorifère : saule et peuplier le sont peu.  Le noisetier est plus intéressant : c’est un bois peu utilisé par ailleurs et qui brûle rapidement en créant des flammes vives.

Le pin, le sapin, les bois traités ne conviennent pas car ils ont des odeurs trop fortes ou représentent des risques pour la santé, D’une manière générale, les bois résineux ne sont pas recommandés car ils encrassent trop rapidement les cheminées, la résine ayant tendance à noircir le four et les conduits.

Le chêne est intéressant et il est souvent utilisé mais il brûle rapidement en créant des flammes vives qui ont tendance à trop chauffer.

Le frêne est le bois avec un bon équilibre, qui brûle bien sans trop chauffer. C’est un bois privilégié pour chauffer le four.

Le taux d’humidité du bois est encore plus important que son essence.

Un bois sec assure une combustion efficace. Il est recommandé d’utiliser des bois comportant un taux d’humidité inférieur à 20%.

Le chauffage :

Si le four est resté longtemps en inactivité, l’humidité s’est accumulée dans ses parois épaisses. La chauffe doit être très progressive pour éliminer cette humidité (risque d’effondrement) et au moins deux chauffes sans enfournement sont nécessaires pour l’éliminer. Cette opération de montée en température progressive après une longue non-utilisation s’appelle le dérhumage. On le chauffe en y faisant brûler du bois, notamment des fagots.

Voilà quelques indicateurs signifiant que la température de cuisson (environ 300 degrés) est atteinte :

  • Les pierres de la voûte sont devenues blanches en surface.
  • Des étincelles se produisent lors du passage d’un bâton de bois sur la pierre.
  • Si un épi de blé laissé une minute ou deux au milieu du four, porte ouverte, noircit, c’est que la température est trop haute.
  • Plier une feuille de journal en deux, la placer sur la pelle à enfourner, mettre la pelle avec la feuille au milieu du four pendant 30 secondes environ. La feuille doit être brunie (feuille blanche four pas assez chaud, feuille très brunie four trop chaud).

Le décendrage :

Quand il est assez chaud, on retire les cendres à l’aide d’un instrument à décendrer. Cet instrument revêt des formes très diverses selon les régions. En Bretagne c’est un rouable. Puis on retire les tisons.

La plupart des fours comporte un cendrier, simple trou dans le mur en bas à droite ou à gauche de la gueule du four. Les braises retirées du four sont mises dans le cendrier où elles achèvent de se consumer pour donner une cendre très fine, presque impalpable. C’est cette cendre qui était utilisée pour laver les draps. Ceux-ci étaient mis dans le cuveau, en pierre ou en bois, souvent installé dans la chambre à four avec la cendre, une couche de draps, une couche de cendre jusqu’à remplir entièrement et l’on tassait. Il ne restait plus qu’à verser de l’eau bouillante. L’eau traversait les couches de draps. Au bout de sept ou huit heures les draps propres étaient rincés dans la rivière et étalés sur le pré pour sécher.

A ce moment-là, il faut se dépêcher car le four est en train de déchaler (perdre par rayonnement la chaleur emmagasinée dans les parois). Il reste à terminer le nettoyage du four pour débarrasser la sole des cendres et petits morceaux de charbon restants.

Lorsque l’on juge que la température du four est bonne, il faut finir de nettoyer la sole avec une patouille (c’est le fait d’attacher avec une petite chaîne, de la toile de jute humide sur une perche et de la passer sur la sole plusieurs fois).

         L’enfournement :

On enfourne alors la pâte à pain en commençant par enfourner les gros pains sur les côtés car ils sont plus longs à cuire et on termine par les petites pièces. La température du four est de 300° environ.

         La cuisson : dans la croûte du pain qui se forme

Celle-ci cuit grâce à la chaleur emmagasinée. On doit y rajouter une gamelle d’eau pour un meilleur produit fini. L’eau va apporter de l’humidité ; la cuisson sera meilleure ; le pain sera plus développé ; il aura une meilleure grigne (ouvertures dans la croûte du pain qui se forment lors de la cuisson) et une belle couleur.  

(Ref. : Le four à bois au fil du temps. Travaux de recherches effectués par Christian Frémont)

Les fours sur notre commune

Après de difficiles recherches, nous avons recensé l’emplacement de 56 fours à pains. Une grande partie a disparu par manque d’entretien et surtout par manque d’utilité.

Rue du Val

La Sourdière

Ce chiffre est sûrement supérieur. Beaucoup de maisons ont changé de propriétaires et ces derniers ignorent l’existence de cette construction. 17 sont encore en parfait état de fonctionnement.

La Vallée, Saint-Pabu

Souvent dans les grosses maisons ou dans les domaines importants le four était construit dans les communs ou les dépendances sous la responsabilité du métayer à cause du risque d’incendie. Ces fours étaient appelés « Four Banal ». Toutes personnes pouvaient y venir faire cuire son pain en payant une redevance.

Le Guen

Dans des quartiers ou groupes de maisons un ou deux fours trônaient (la ville Ory, Langourian, la Couture, les Hôpitaux, Caroual, mais nous n’en trouvons aucun sur Tu-Es-Roc).

La Longueraie

Saint-Aubin

Cela permettait aux habitants de faire leur pain.

Dans les années 1945, lorsque les tickets de pain existaient encore, Louise, ma mère sortait dans sa cour et humait l’air. En rentrant elle disait à Joseph : « A la Petite Ville es Mare, ils font du pain ». Elle prenait alors son tricot et emmenait Rigolette, notre brebis, brouter le long du chemin qui menait à cette ferme. Claudine, la patronne, qui n’était pas dupe du manège, appelait Louise : « Viens donc jusqu’ici ! » Et après avoir bu un café, Louise rentrait avec une miche de pain sous le bras.  (Anecdote racontée par Jeanine Fassier)

Rue des Mares

 C’était toujours un lieu de rencontre et surtout un jour de fête car on ne cuisait pas le pain tous les jours. Il était plus facile de se regrouper pour la quantité importante de bois et la surveillance de la chauffe. Celle-ci devait être progressive avant d’atteindre la température nécessaire à la cuisson du pain, permettant ainsi sa conservation de plusieurs jours. Quand le four était libre des pains, la chaleur de ce dernier était utilisée pour cuire de la viande, pâte et autres.

Le Pusset

Sur notre commune chaque ferme, petite ou grande, avait pratiquement son four très souvent situé dans une petite construction en dehors du corps de ferme appelée le fournil. Nous retrouvons des vestiges (surtout la voûte en briques de l’entrée du four). Avec l’arrivée des boulangers et le portage du pain, les fours ont disparu petit à petit.

A l’origine le dôme extérieur était uniquement de la terre argileuse. Celle-ci permettait de rendre le four imperméable et surtout de conserver la chaleur intérieure. La finition extérieure était une épaisse couche de terre avec quelques pierres, ou recouverte de pierres, d’ardoises ou de tuiles.

Bien Assis

Rue des écoles

La Ville Bourse, le dôme

Les fours en bon état :

Bien Assis, La Longueraie, Rue du Pussoué, Rue des Ecoles, Le Point du Jour, Saint Aubin, Le Guen, Rue des Mares, Le Pusset, Rue du Val, Le Tertre Métrie, La Ville Bourse, Le Champ Rocher, La Billaudrie. Querbé, La Sourdière, La Vallée St Pabu.

Le Champ Rocher

Querbé

Rue du Pussoué

Les fours en mauvais état ou ayant disparu :

La Petite Ville-es-Mare, La Grande Ville-es-Mare, La Ville Ory (2), La Ville Es Renais, , Rue des Landettes, Le Bignon, La Vieuville, Le Dréneuf,   Rue du 3 Août 1944, L’Abbaye, La Moinerie, La Ville Louis, Claire Fontaine, Rue de Beaumont (2), Saint Cano, Rue Saint-Michel, Les petites Landes, Les Landes, Le Vauroual, Saint Sépulcre, La Mare Hatte, Manoir de Langourian, Rue des Brégeons, La Moinerie du portail, Le Portuais, Caroual Village, Le Travers-d’en-Haut, Rue des Mares, Rue de la Mare-es-Loup, Les Ruaux, Rue Le Gal Lassalle, Rue Hutin Desgrées du Lou, La Ville Josselin.

Ainsi que les 5 boulangeries : Tu-es-Roc, 2 boulangeries Rue Foch, Rue Notre-Dame, Rue des Hôpitaux.

Merci à Monsieur Amiot président des anciens boulangers des Côtes d’Armor

Le Point du jour

La Billauderie

La Sourdière

Le Tertre Métrie

                         Les 17 fours sur notre commune

Le travail du lin à l’époque de nos grands parents et arrière-grands parents, avant 1914.  D’après le récit d’A.Méheut . L. Lemaitre

  Le lin était cultivé depuis fort longtemps en Bretagne car sa culture nécessite un sol où les étés sont humides et relativement frais. Très apprécié pour sa solidité et son confort, il servait à la confection de la toile dont on faisait les chemises et d’autres pièces vestimentaires mais aussi à bien d’autres usages.  

Ce lin était aussi récolté sur la ferme. Il faut vous dire qu’avant 1914, l’Etat versait une subvention de quelques centimes par are de lin ensemencé au-delà de huit ares par héritage.

 Mêlé au chanvre, il était utilisé pour fabriquer des toiles de bateau, par exemple. Dans les Côtes du Nord (Côtes d’Armor, aujourd’hui), la production était localisée sur le littoral. Comme il n’existait pas de filatures mécaniques, l’essentiel du lin et du chanvre provenait du filage familial au rouet et à la quenouille. Le tissage était ensuite réalisé par l’artisan tisserand auquel le paysan faisait appel pour tisser la toile. Sous l’ancien régime, de nombreuses cités prospérèrent grâce à l’activité de leurs tisserands et surtout à celles des négociants toiliers, comme ceux de Quintin, par exemple, qui vendaient leurs « fines toiles » aux espagnols et jusqu’en Amérique.

   Les principales opérations concernant sa transformation après l’arrachage étaient le rouissage, le broyage, le teillage qui consistaient à débarrasser la fibre de ses parties ligneuses, le peignage, le filage puis le blanchiment du fil écru pour obtenir du fil blanc et enfin le tissage de la toile dont on faisait linge de maison et chemises. Le grand-père de Jeanine était lui-même tisserand et le travail ne manquait pas.

  On admirera l’ingéniosité dont faisait preuve nos ancêtres afin de réaliser des outils dont la fabrication artisanale faisait l’objet d’un savoir faire transmis de génération en génération.

  Je rapporte dans le passage suivant le récit que me fit mon grand-père de sa propre expérience lorsqu’ il était alors un jeune adolescent.

   La veille, au soir, Alcide vient de charger une charrette de lin qu’on se prépare à rouir.

Avant de sauter sur le chargement, Alcide y jeta une botte curieusement ficelée à ses extrémités, à l’aide de liens d’osier. Il l’avait préparée la veille et comptait bien montrer son savoir-faire à son nouvel ami. Il admirait la force et la robustesse du jeune homme et le considérait déjà comme un membre de la famille. Ah ! S’il avait pu épouser sa sœur, comme il aurait été fier et heureux !

Bercée par le balancement du fardier et le pas lourd du postier qui claquait sur les pierres du chemin, sa rêverie suivait son cours lorsqu’ils atteignirent la vallée.

  Non loin de là, se trouvait une retenue d’eau et une jolie cascade qui jaillissait parmi les blocs de grés. Il aimait parfois s’y rendre avec ses camarades pour taquiner le gardon. Un petit ruisseau venait se prélasser l’été dans cet endroit avant de se jeter à la mer. L’hiver cependant, le lin était aussi récolté sur la ferme. Il faut vous dire qu’avant 1914, l’Etat versait une subvention de quelques centimes par are de lin ensemencé au-delà de huit ares par héritage. En cette période de crue, il perdait toute aménité et se transformait en torrent redoutable. Dans l’un de ses méandres, s’était formé une mare, sorte de marmite de géant, à mi-chemin  du rivage. Il avait longtemps cru qu’elle appartenait aux lutins du coin car il y avait là, des cercles de pierres et de nombreux chaos. Sans doute était-elle réservée à leurs ablutions… Certains racontaient  même qu’il s’agissait d’une anti- chambre de l’enfer où Mourioche avait procuration du Diable pour y faire bouillir les damnés  qu’il avait ramassés dans sa charrette en faisant sa ronde par les nuits sans lune.

Autrefois, homme ou femme, ce suppôt de Satan, pour satisfaire de viles passions, n’avait pas hésité à vendre son âme au Malin. Dés lors, métamorphosé en cheval où en créature fantastique et griffue, il s’acquittait de sa dette en y employant tout son zèle. Il servait également de cocher à la grande « faucheuse » qui fraternisait par intérêt, avec Satan.

Croire à ces balivernes n’était à présent plus de saison. Alcide avait passé l’âge des contes et devenait de jour en jour, un vrai travailleur de la terre.

Comme le terrain accidenté ne permettait pas à l’attelage l’approche du ruisseau, celui-ci devait se tenir en hauteur, à bonne distance de l’eau. Debout sur la cargaison, armé de sa fourche, Pierre lançait les bottes qui roulaient sur la pente où se tenait Isidore pour les guider et les pousser dans l’eau. Naviguant sur celle qu’il avait si soigneusement préparée la veille, Alcide tranchait d’un coup de couteau les liens d’osier qui les maintenaient et rejetait ceux-ci sur la berge. Il se mettait alors en devoir de les retourner, racines en l’air et terminait l’opération en soumettant son radeau improvisé au même traitement.

Il s’assurait ensuite de la bonne immersion du lin, entrecroisant sur lui quelques fortes  « triques » calées avec des grosses pierres qui abondaient en aval. Il ne restait plus qu’à l’abandonner au travail de l’eau. Il reviendrait de temps en temps visiter le dispositif et le lester en cas de besoin.

Une dizaine de jours plus tard, armé de crocs et de fourches, on sortait les bottes sur la berge, bien alignées, têtes et racines du même côté avant de les charger, reconstituées par paquets de vingt-cinq « serres », dans la charrette pour les étendre sur un prés fauché de frais afin de parachever le rouissage. La filasse devait se détacher facilement du bois pour le séchage. Lorsqu’il était fin prêt, on dégageait la partie basse de la botte pour la planter droit dans le sol, formant ainsi un champ d’éventails. Parfaitement sec et à nouveau « rebottelé », le lin était alors placé sur une claie grillagée, calée sur les poutres d’une grange pour le préserver de la voracité des rongeurs. En attendant d’être pilé, broyé et cardé, il allait pouvoir s’adonner à un bon somme.

Alcide et ses frères affectionnaient particulièrement la « pilerie » du lin. Cette tâche était presque réservée aux jeunes garçons de quinze à vingt ans. Elle avait lieu un soir d’hiver, le jour même de la cuisson du pain à la ferme, car ça n’était pas rien de chauffer le four et ça n’arrivait pas tous les jours !

Sitôt les odorantes miches sorties du four, le maître des lieux enfournait autant de bottes de lin que de participants. Chacun d’eux était muni de son pilon personnel, un bâton de branche d’orme aussi corpulent et rond qu’une bouteille. La plupart avait travaillé artistiquement au couteau, le manche de leur outil. Ainsi armé, chaque gamin ressemblait à s’y méprendre au valet du jeu de cartes d’Aluette, qui porte sa massue.

Une fois le lin chaud sorti du four, on saisissait son «  brichet »  pour s’y asseoir et se mettre à piler. Et que je te cogne sans rémission ! Et vlan ! Une fois sur la tête pour bien l’écraser ! Et vlan ! Une fois sur les racines ! On prenait bien garde cependant de préserver le lien de jonc, afin d’éviter les « éboulis », en tâchant d’attirer ce qui s’était réfugié au mitan de la « serre », pour lui administrer à son tour, sa correction et assouplir le tout.

C’était grand plaisir pour les anciens venus assister à ces deux heures de « pilerie ». C’est qu’au lieu de se plaindre de ce labeur ingrat, la jeunesse s’en donnait à cœur joie et les rires et les chansons fusaient, rythmés par le choc des bâtons. L’assemblée reprenait en chœur les couplets et les refrains familiers.

                          Perrine était servante (bis)

                          Cez monsieur le curé

                          Diguedon madondaine

                          Cez monsieur le curé

                          Diguedon madondé !

                              Soun aimant vint la vèire (bis)

                              Le souér après souper

                              Diguedon madondaine

                              Le souér après souper

                              Diguedon madondé !

                              Perrine, ma Perrine (bis)

                              J’voudrais-t-y ben t’biser

                              Diguedon madondaine

                              J’voudrais t-t-y ben t’biser

                              Diguedon madondé ! 

A ce moment de la chanson, les coquins en profitaient pour faire claquer une grosse bise sur la joue de la plus proche fillette qui s’empourprait jusqu’aux yeux.

Naturellement, les gais travailleurs étaient récompensés par une bonne collation. Comme le pain avait eu les honneurs du four, on avait droit à l    a galette du jour, bien dorée et croustillante accompagnée de la saucisse cuite sous la braise. C’était un vrai festin et l’on devisait encore, alors que la nuit était déjà bien installée.

Plus tard, les femmes achèveraient le travail, broyant le lin à la « braie » pour séparer la tige de la filasse

Certains jours d’été,  dans  les champs dépouillés de leur récolte et rendus au berger,  Alcide emportait  deux grosses bottes pour les réduire en filasse. Joséphine venait parfois le rejoindre pour l’aider, sous le bois ou sur le tertre où il siégeait. En trois heures, la besogne était achevée et l’enfant admirait la dextérité de sa mère qui terminait toujours bien avant lui. Depuis sa jeunesse, elle avait la main et s’y connaissait pour ôter les « égrilles » piquantes. Elle maniait aussi habilement « l’égrignouère » et la « breusse »pour débarrasser la plante de ses impuretés avant de l’affiner et de la broyer sous la « braie ».  Durant les longues soirées d’hiver, le lin serait filé au fuseau ou au rouet auprès de l’âtre 

Le schéma suivant a été réalisé de mémoire et à main levée par Alcide Méheut, alors âgé de 80ans

Travail%20du%20lin%20001

Notes et légende du croquis :

  1. Fort banc. Attaches solides de chaque côté de « l’égrainouère» et siège des ouvriers à chaque extrémité.
  • « Braie » ou broie.
  • « Pessai » : La « frome » ou banc est prolongée à droite par la partie mobile tranchante et à gauche est fixé un « égrignoire» (4).
  • « Breusse » ou brosse à affiner.
  • Rouet à filer : De gauche à droite : En haut la quenouille, avec « peson » et « quenelle ». Le fil passe sur une bobine avant enroulement sur la quenelle. Dans la partie médiane, bielle et pédale. A droite, la roue du rouet.
  • Rouet à embobiner. Dans la partie inférieure, « dévidoir » pour la mise en écheveaux avant embobinage pour l’ourdisseur.
  • Ourdisseur  avec dévidoir et bobine sur la droite.

9« Egrougeoir » ; « égrouger » : De « grouger » ou « gruger » en ancien français ( XIV- XV ème siècle) : réduire en grains. C’est pourquoi l’outil est encore appelé « égrainouère ». « Egruger » signifie littéralement « briser avec les dents ». Ici, c’est donc le sens mécanique qui est employé. Le verbe « grouger » était aussi fréquemment employé avec un sens alimentaire et signifiait alors « croquer » ou « avaler ». ( Cf  L’Huître et les Plaideurs de. La Fontaine : « Perrin, fort gravement, ouvre l’huître et la gruge »). On le connaît mieux pour son sens figuré : « gruger quelqu’un » c’est le spolier, le dépouiller de ses biens.

10« Jaquemart » : Figurine représentant un homme d’arme muni d’un marteau avec lequel il frappe les heures sur le timbre d’une horloge.

11« serre » : Mot ancien. Vient du verbe « serrer », en ancien français, « enfermer ». Les « serres » constituaient en quelque sorte des paquets, « enserrés », c’est-à-dire « serrés » étroitement.

12 « jeu d’aluette » : Jeu de  trente huit  grandes cartes représentant des figures symboliques, beaucoup pratiqué à l’époque dans nos campagnes. Il aurait été ramené d’Espagne ou du Portugal par les marins. On l’appelait aussi « jeu de la vache ». ( dans Ma Bretagne au bon vieux temps. Marcel Alory.)

13« Le pessai » : De l’ancien Français « pëason » : fondation. (Du latin  «  pedationem », de « pedare », supporter. De « pedem » : pied.)Il s’agissait sans doute du chevalet qui a donné son nom à l’appareil.

14- « L’égrignoire » ou « égrainouère » :  Peut-être de l’ancien français «  grigne » (XII ème –XIIIème siècle) : Action de montrer les dents. Ici, il s’agirait des dents du peigne à carder qui servait à démêler la filasse avant le filage. Il est aussi possible que le mot soit formé sur « égrille » quidésignait les impuretés restées dans la filasse.