Le Docteur Paul Dayot

                                           

A partir des années après-guerre, deux médecins ont marqué les habitants : les Docteurs Paul Dayot et Jo Velly, qui visitaient et soignaient les patients d’Erquy,de Pléhérel, de Plévenon, de Plurien, de Saint-Alban.

Paul Dayot est né en 1899 à Ker Eole, dans la maison rue de la Corniche qui appartient toujours à la famille Dayot ; il était le fils de René Dayot, lui-même médecin, et de Jeanne Pasturel qui eurent trois enfants : Jeanne, née en 1895, qui épousa Monsieur Marbaud de Brénignan, René né en 1898 et décédé à l’âge de 23 ans de cardiopathie et Paul, né en 1899.

Dr René Dayot

La famille vivait à Ker Eole lorsque survint, en 1904, un incendie qui détruisit les écuries, sans faire de dégâts autres que matériels : les chevaux furent évacués à temps ! C’est d’ailleurs à la suite de ce sinistre que fut créé le corps des pompiers par le Docteur René Dayot.

Après cette date, la famille Dayot emménagea au Manoir de la Ville Rogon, propriété de la famille Pasturel.

La Ville-Rogon

Paul faisait des études qui le destinaient à devenir médecin, comme son père et son grand-père avant lui et comme son oncle Hippolyte, frère de René, chirurgien à Rennes. La guerre l’obligea à partir en Allemagne, comme beaucoup de jeunes gens de son époque, entre les deux baccalauréats. A son retour, il termina ses études de médecine à Rennes et logeait chez son oncle Hyppolite qui n’avait pas d’enfants. Il débuta sa vie professionnelle en faisant des remplacements autour de Rennes et vint s’installer à Erquy en 1929, à Ker Eole qu’il ne quittera plus jusqu’à sa retraite en 1979. Cinquante ans de dévouement au service des patients

Ker Éole

Paul Dayot a épousé Alice Tassel en 1930, ils eurent quatre enfants : Marie-Louise née en 1932, Paul-Laurent né en 1935, Anne-Marie, née en 1943 et Pierre-Yves né en 1948.

Paul était un médecin connu et apprécié de tous ses patients pour ses compétences, sa gentillesse et son humour. Qui ne se souvient pas de ses nombreuses imitations de quelques personnages typiques d’Erquy ?Il pratiquait aussi le dessin, activité qui lui procurait détente et évasion. Qui ne se souvient le voir, tout en discutant, dessiner instinctivement sur un coin de table, sur un papier posé là, un bateau, un paysage, une charrette ou autre partie du décor environnant ? Certaines de ces « œuvres » sont peut-être toujours en possession de certaines familles.

Son fils, le Docteur Paul- Laurent Dayot se souvient d’anecdotes et nous en a raconté quelques-unes : « Mon père allait en motobécane puis en vélo pendant la guerre (plus d’essence) pour pratiquer des accouchements ou autres visites et actes médicaux, à Plévenon, Saint-Alban ou plus loin encore. Il lui arrivait parfois de dormir sur place pour éviter d’être dehors pendant le couvre-feu. Le téléphone n’était pas un équipement dont tout le monde disposait : il fallait connaître et utiliser les « points téléphone » sur la route de La Bouillie, de Pléhérel, de Plurien, de Plévenon, chez quelques particuliers qui possédaient ces appareils, souvent des commerçants. Des accouchements ? on peut calculer qu’il en a fait quelques milliers pendant toute sa carrière.  Les patients, à cette époque, pouvaient développer des pathologies lourdes qui demandaient un grand suivi. En effet, les médecins dits « de campagne » soignaient, sans le recours des antibiotiques arrivés seulement en 1947, des maladies comme les pneumonies, la diphtérie, la typhoïde, la tuberculose, les maladies infantiles, patients qui rejoindraient l’hôpital de nos jours. Ils s’occupaient aussi des accidentés, nombreux dans nos campagnes. »

Avec ses deux fils, tous deux devenus médecins également, la tradition s’est perpétuée : Paul-Laurent a débuté sa carrière à Erquy en 1966 et a travaillé pendant cinq ans avec son père à Ker Eole puis s’est ensuite installé un peu plus bas dans sa maison de la rue de la Corniche. Leur collaboration familiale aura duré treize ans au total, jusqu’en 1979, date de la retraite de Paul qui décédera en 1982, année de l’installation à Erquy de Pierre-Yves, devenu à son tour médecin. Ensuite, Paul-Laurent et Pierre-Yves ont collaboré durant treize autres années, jusqu’à la retraite du premier en 1998. Pierre-Yves a continué d’exercer son activité jusqu’en 2019. Il est décédé en 2020. Son départ brutal a plongé dans la tristesse bon nombre de Réginéens.

Pierre-Yves Dayot
Paul-Laurent Dayot

Paul-Laurent et Pierre-Yves ont aussi été durant leur carrière, médecins Capitaines des Pompiers.

En évoquant la famille Dayot, on pourrait presque parler d’une dynastie de médecins qui aura marqué profondément les habitants d’Erquy et des communes alentour. Et la succession est assurée par la petite-fille de Paul, médecin, et une de ses arrière- petites-filles qui se destine également à la médecine.

                                  

(Remerciements à Dany Dayot, épouse de Pierre-Yves et à Paul-Laurent Dayot pour leur collaboration à ce texte et à tous les documents fournis)

Maryvonne Chalvet et Camille Brouard

Une anecdote qui m’a été racontée : le docteur Dayot, lorsqu’il auscultait une femme enceinte, avait l’habitude de lui dire avec force conviction le sexe de son futur enfant. Et il inscrivait sa prédiction sur un carnet qui ne le quittait pas. À la naissance, il avait une chance sur deux d’être considéré comme un mage… ou comme un piètre devin. Et dans ce cas, il sortait son carnet et, très fièrement, disait : « Mais non, j’avais bien raison, regardez, c’est inscrit dans mon carnet… » Il fallait en effet savoir qu’il y notait invariablement le contraire de ce qu’il avait prédit !  (Jeanine Fassier) 

Et le témoignage bien émouvant relaté par Liliane Lemaître :

Merci pour ces souvenirs du docteur Dayot. J’en suis encore émue car maman disait qu’il était un peu mon « père ». Non seulement, il m’a mise au monde avec beaucoup de peine mais il a bien cru que malgré ses efforts, le bébé ne survivrait pas à l’accouchement. Point de pleurs à la naissance. Le médecin était pourtant habitué à ce flot de petits baby-boomers! Mais l’enfant ne bougeait pas… Le docteur s’était pourtant donné toutes les peines du monde pour ramener la petite à la vie. Je fus donc un bébé « secoué ». Mais rien! Le bilan n’était pas rassurant. Si l’enfant persistait dans son mutisme, il y avait de fortes chances pour qu’il soit atteint de « la maladie bleue »… Il valait mieux ne pas insister et le laisser à son triste sort!  Harassé et découragé, les vêtements trempés par les efforts déployés pour secourir l’enfant, le médecin regagna son domicile. Son fils, Paul-Laurent s’en souvient encore aujourd’hui…

  Mais le bébé capricieux, après avoir fait tourner son monde en bourrique, avait décidé de donner une sérénade et de « brailler » toute la nuit ! Ce que les parents écoutèrent avec ravissement… Le docteur, soulagé, se souvint longtemps de cet accouchement difficile et se félicita des efforts déployés.

  Aujourd’hui, je rends grâce à ceux qui n’ont pas épargné leur peine pour aider et donner la vie, jusqu’à la limite de leur force.

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