
Le village des Hôpitaux tient son nom des Hospitaliers qui avaient jadis des possessions au sud de la Chapelle du St Sépulcre et de la Corderie (siège d’une ancienne léproserie) au nord est, au lieu dit les Hôpitaux. Les hospitaliers, ordre militaire dont les buts étaient les soins aux malades et blessés revenant des croisades, secours aux pèlerins s’établirent à Erquy. Deux établissements ont à Erquy un nom d’origine hospitalière: St-Sépulcre et les Hôpitaux. Des établissements réservés par la suite aux lépreux furent établis en bordure sud est de la Garenne sur des terres concédées par les comtes de Penthièvre.Ces établissements hospitaliers disparurent tôt avant le 14 éme siècle on n’en trouve aucune trace dans les documents écrits.
Extrait de Histoire d’Erquy, par J.-P. Le Gal la Salle
Il s’agit semble-t-il des donations mentionnées en 1182 et faites par les frères Manasac.
Voici une légende sur le nom de la Fosse Eyrand : Un grand nombre de décès parmi les blessés et malades revenant des croisades ainsi que les lépreux ont été inhumé dans une fosse commune mais leur âme ont continué à errer au dessus de cet endroit. D’où le nom.



Autrefois les Hôpitaux était un village important et extrêmement peuplé. Les maisons de pêcheurs avaient un poisson en guise de girouette. Le port de pêche, ses fermes ses nombreux commerces et son école rendaient le village très vivant. A la Fosse Eyrand se trouvaient jadis des carrières, dont les bâtiments sont aujourd’hui occupés par un centre de vacances. Aujourd’hui , les Hôpitaux, le moulin de Lanruen, face a la plage du Guen, la Fosse Eyrand et sa plage de galets, la moinerie…. possèdent de nombreux terrains de camping, centres de vacances et une multitude de petits terrains avec leur mobil home. Rue des Moulins il y avait deux moulins:le premier a été transformé en maison d’habitation et le deuxième qui était situé a l’embranchement de la rue de Liorbé. Il reste d’ailleurs quelques vestiges sur lesquels a été construit une volière. C’était le moulin de Lanruen qui était plutôt face à la plage du Guen. A l’époque il y avait peu de maisons et de végétation, et de la mer, c’était un repère pour les marins.Le petit port des Hôpitaux, avec ses mouillages et sa cale d’embarquement est situé a la pointe du champ du port, nommé aussi la bouche d’Erquy. Ici se jette la petite rivière de l’Islet, qui fait office de limite avec la commune de Plurien, située à l’ouest de la gréve de Minieu, aujourd’hui la plage de Sable d’or les pins.Une légende raconte qu’un bateau chargé d’aimants a coulé prés du rocher de Pélouére et que tous les navires qui approchent de ces lieux sont perdus.Le premier juillet 1828 on retrouve le cadavre de Philibert Renan, père de l’écrivain Ernest Renan (1823-1892), sur la grève de Lanruen. Les circonstances de sa mort restent un mystère. Est il tombé de son bateau le St-Pierre, parti de St Malo le 11 juin précédent. Est ce un suicide ? Nul ne le saura probablement jamais.
Extrait du livre de Constant Dutemple (1867-1937), curé doyen de Lamballe, né aux Hôpitaux.
L’école
Le 7 août 1881 Le Conseil Municipal est pour la création d’une école mixte aux Hôpitaux situé dans une maison louée aux Dutemple où Mlle Baron est nommée institutrice dès le commencement. En 1890, vu les importants travaux à faire dans le bâtiment, on propose de louer la maison Ledolledec.
Février 1893, Alain Dobet, ex instituteur, (1) propose de construire une maison d’école aux Hôpitaux. Le plan est proposé au Conseil en mai. En février 1894, Dobet signale que le bâtiment est construit.
Février 1913, le Conseil vote l’acquisition de la maison d’école moyennant une rente viagère à Mlle Jean Marie Hamoneau.
Le ministre de l’instruction publique donne son accord pour la création d’une deuxième puis une troisième classe (dans la maison Blanchet) classe mixte.
Le 9 avril 1947, le Conseil donne un avis favorable à la demande de la ville de St Brieuc d’utiliser comme colonie de vacances les deux classes des Hôpitaux du 19 juillet au 15 septembre.
Extrait du livre des délibérations du Conseil Municipal.
Pour information, la colonie de St-Brieuc était en partie installée dans les locaux vacants de l’hôtel du 37 rue st Michel.
(1) Alain Dobet était le maire de la commune et aussi conseiller général
De nombreux instituteurs ont laissé des souvenirs aux écoliers : M et Mme Baillorge, Jeanine Valot, Louis et Micheline Besrest, Pierre et Jeanne Bouvet, Mme Jacob; Julien Trégaro. Mme Rault, Mme Gouély et Mme Cordrie et des suppléants se sont succédé.
Quand M. et Mme Bouvet ont pris leur fonction, il n’y avait pas de préau. M.Bouvet à fait accéléré les travaux. La cantine n’existait pas, c’est Jeanne Visbourg, maman de Mme Bouvet qui faisait une soupe pour les enfants. L’école était mixte, mais la cour était séparée en deux, un côté filles, un côté garçons.
En 1954 le Président du Conseil Pierre Mendès-France instaure le verre de lait quotidien pour tous les écoliers, une mesure destinée à lutter contre la dénutrition. Christian se souvient que chaque élève devait avoir un verre rond en duralex, pour recevoir à la récréation de l’après midi un grand verre de lait. C’était Édouard Landier qui avait sa ferme derrière l’école qui livrait le lait dans un grand bidon que l’institutrice versait dans un grand faitout, elle ajoutait le sucre et le mettait à chauffer sur un réchaud posé sur une table au fond de la classe. Pour la distribution l’institutrice remplissait les verres à l’aide d’une grosse louche. Les élèves devaient se mettre en rangs, les filles d’un coté les garçons de l’autre, la distribution devait se faire dans le calme et en ordre, si il y avait une bousculade, la louche n’était pas loin…
Une garderie a été crée pendant les vacances scolaires vers 1954

L’école est restée ouverte jusqu’en 1983 date à laquelle les élèves ont été intégrés à l’école du Bourg d’Erquy. Un ramassage scolaire a alors été mis en place.
Aujourd’hui les anciennes écoles comprennent au rez de chaussée une salle municipale. Dans la cour, l’association la Palette a installé son atelier. A l’étage quelques logements sociaux.
ANECTODES
On appelait les habitants des Hôpitaux « les ventres jaunes » ; ce nom leur était donné par les pêcheurs Malouins qui, en arrivant au port ne distinguaient que les tabliers jaune des pêcheurs.
Yves Meslin nous a raconté qu’avec ses copains ils remontaient la ligne de chemin de fer et ramassaient les boulets de charbons tombés le long des voies. Yves soupçonne les cheminots d’avoir laissé tomber volontairement ces « trésors » que les enfants rapportaient chez leurs parents.


L’îlot et la Chapelle Saint-Michel
S’il est un lieu emblématique à Erquy, c’est bien l’îlot Saint-Michel, aux Hôpitaux. Surmonté de sa petit chapelle, visible depuis le Cap d’Erquy jusqu’au Cap Fréhel, en passant par les Sables d’Or, ce site est peint, photographié ou simplement admiré chaque jour.
L’histoire de cette petite chapelle, est assez peu développée par les historiens.Ce qui est sûr, c’est que le rocher Saint-Michel a vu se succéder plusieurs lieux de dévotion depuis le Moyen-Âge. Retenons simplement la légende qui veut qu’un homme, rescapé d’un naufrage à proximité, aurait fait vœu de construire un oratoire sur ce rocher.
D’après les recherches de l’historien J.-P. Le Gal la Salle, la chapelle Saint-Michel de « La Roche au Nay » aurait été fondée à une date inconnue par les moines cisterciens de l’abbaye de Saint-Aubin des Bois (Plédéliac) qui possédaient, sur la garenne d’Erquy, l’établissement et le fief de La Moinerie. Au cours du XIIIe siècle, l’abbaye était devenue le plus grand propriétaire féodal et foncier d’Erquy après le Comte de Penthièvre. A cette époque, les moines utilisaient les pêcheries autour de l’îlot.
Le testament d’une riche héritière, qui léguait 12 deniers à l’église de « La Roche au Naï », fait mention de l’îlot en 1249. L’îlot est propriété publique de la commune. En 1640, les différents recteurs de l’époque se plaignaient que les quêtes de la chapelle revenaient uniquement aux moines. En 1725, la chapelle était en état de culte et le recteur écrivait : « il y a une chapelle sous l’invocation de Saint-Michel à 3 quarts de lieue du bourg, bâtie sur un rocher avancé dans la mer qui, par le reflux couvrant le passage, oblige les moines Bernardins, qui s’en disent seigneurs, à dire la messe tous les ans, le jour de la Saint-Michel, sur la grève dans un coin de rocher, couvert d’une tente(…) Ce qui met en grand danger d’accident le Saint-Sacrifice. » Ce dont Monseigneur informé, défendit qu’on célébrât la messe sous ladite tente, néanmoins elle a toujours été continuée dans ce même lieu par les dits religieux. Les rochers de ce lieu ont été par la suite appelés « Les roches prêcheresses ».
La chapelle survivra à la Révolution et sera reconstruite en 1881 sur les plans de l’architecte briochin Jules Morvan, grâce à des dons. Durant la dernière guerre, les abords de l’îlot sont rendus difficiles en raison du minage des dunes et de la plage. Au cours de tirs d’artillerie d’entraînement de l’armée allemande, le clocheton, percuté par un obus, s’écroulera. La chapelle sera reconstruite en 1948 et se dégradera petit à petit. Le 27 octobre 1987, la très forte tempête fit tomber le clocheton. L’archange Saint Michel eut les ailes brisées. La commune fit réparer les dégâts. En 2002, un groupe de bénévoles s’est ému de son état et s’est regroupé en association afin de sauver ce patrimoine. C’est ainsi que « Les Amis de la Chapelle Saint-Michel » vont, de 2002 à 2005, relever le défi. Pour le gros œuvre, ils vont d’abord monter les matériaux et transporter près de 18 tonnes de matériel à dos d’homme ou parfois à l’aide d’engins motorisés. Le passage des ouvriers sera assuré pendant ces deux premiers mois avec un doris. Le gros œuvre terminé et l’évacuation de trois m3 de gravats et du matériel, ils poursuivront les aménagements. En 2003, ce sera la pose de l’autel et des vitraux créés par un maître-verrier, de la porte d’entrée par un ferronnier local puis de la sculpture polychrome au-dessus de l’autel. En 2004, on posera le carrelage et une nouvelle toiture en ardoise. En juillet de la même année, aura lieu le baptême de la nouvelle cloche. La préparation et l’inauguration de la table d’orientation, en 2005, marqueront la fin des travaux.
Depuis la naissance de l’association, chaque année, durant la saison estivale, le Pardon de St Michel a renoué avec la tradition oubliée et réunit Rhoeginéens et vacanciers pour une messe, une procession autour de Saint-Michel suivies d’un repas champêtre accompagné d’animations diverses. Tous les fonds récoltés lors de ces manifestations ont été utilisés pour la rénovation de l’oratoire.
Depuis, cette association dynamique continue à entretenir le site et l’ouvre aux visiteurs, en fonction des marées.
Références : « Histoire d’Erquy » par JP Le Gal La Salle (Tome 1, Erquy sous l’Ancien Régime)
Maryvonne Chalvet
