(source : Archives Départementales des Côtes d’Armor)
N° 1 – dimanche 25 janvier 1903
Le naufrage de la ‘Fleur-de-Marie’
Le 9 janvier 1899, vers huit heures du matin, Joseph Le Can, âgé de 29 ans, et son frère Francisque, âgé de 36 ans, ainsi que les deux frères Rollier, Pierre et Auguste, ce dernier seulement âgé de 21 ans, tous d’Erquy, prenaient la mer sur la Fleur-de-Marie, pour aller à la pêche du congre, près du rocher le « Gros Blanc », à la pointe d’Erquy, le temps était couvert, la brise très forte ; au moment où ils relevaient leurs filets, la mer devint houleuse et le bateau sombra, les malheureux pêcheurs ne revinrent pas. Leurs cadavres ne furent pas retrouvés.
Le Tribunal de Saint-Brieuc vient de constater judiciairement le décès de l’équipage.
N° 6 – dimanche 8 février 1903
Voleurs de poules
Mme Juvaux, aubergiste au bourg d’Erquy, a été victime d’un voleur, qui s’est introduit la nuit dans sa cour, et s’est emparé de 6 poules, dont 3 entièrement noires et trois autres noires également mais avec quelques plumes blanches.
La gendarmerie de Pléneuf, prévenue, a fait une enquête et procédé à des perquisitions, mais sans résultat.
Terrible chute du haut de la falaise sur la grève de Nantois – 9 mètres de hauteur
Le jeune Pierre Gautier, âgé de 11 ans, écolier, demeurant à La Ville-Pichard, en Pléneuf, a fait une chute du haut de la falaise sur la grève de Nantois, dans les circonstances suivantes :
Dimanche dernier, vers 2 heures du soir, Pierre Gautier partit à la rencontre de son oncle et de sa tante, les époux Eveillard, qui étaient allés se promener au village des Hôpitaux, en Erquy.
N’ayant pu les rencontrer, il alla jusque chez la mère de la femme Eveillard, qui voulut le garder chez elle pour y passer la nuit, mais le jeune Gautier, qui n’avait pas prévenu ses parents, se remit en route. Il longeait le sentier des douaniers lorsque l’obscurité le surprit, la pluie tombait à torrents, et l’orage grondait, aveuglé par un éclair, ne retrouvant plus sa route, Pierre Gautier trébucha et tomba du haut de la falaise sur la grève. Il perdit connaissance et ne retrouva ses sens que le lendemain matin.
Malgré une terrible blessure qui laissait à nu l’os frontal, tout couvert de sang, pieds nus, la main gauche gravement blessée, le courageux enfant reprit le chemin de sa demeure, où il arriva vers sept heures du matin.
Les siens qui avaient passé la nuit dans une attente mortelle, s’empressèrent de faire prévenir M. le Docteur Jones, qui a dû recoudre les chairs du front. Bien que le petit blessé soit atteint de fièvre, le docteur espère que cette terrible chute n’aura pas de suites graves.
Pierre Gautier était d’abord tombé sur la tête d’une hauteur de 2,50 mètres dans une petite excavation où l’argile de la falaise porte une trace significative, de là il a roulé sur un trajet de plus de 6 mètres sur la grève, où son béret et ses sabots ont été retrouvés par M. Louis Eveillard, son oncle.
C’est vraiment miracle que le pauvre petit ne se soit pas tué dans cette chute.
N° 7 – dimanche 15 février 1903
Voleur de bois
Mme veuve Diveu, demeurant au bourg d’Erquy, constatait depuis quelque temps que son tas de bois diminuait dans des conditions anormales et elle se décida à prévenir les gendarmes.
Des traces visibles de pas conduisant à la demeure de Pierre P., aubergiste à Erquy, une perquisition fut faite chez ce dernier et amena la découverte du bois volé.
Malgré cette preuve indiscutable, P. voulut nier, mais il finit par avouer.
Sa réputation est mauvaise. Il est craint de tous ses voisins qui le soupçonnent de bien d’autres méfaits, mais n’osent pas le dénoncer.
Une étape qu’il a déjà faite à la prison de Dinan, n’a pu le corriger de ses habitudes de rapines.
Le bois volé ayant été rendu, P. a seulement été condamné à un mois de prison, jeudi dernier, par le Tribunal correctionnel de Saint-Brieuc.
N° 8 – dimanche 22 février 1903
Destruction des petits oiseaux
Deux jeunes gens du bourg d’Erquy qui se livraient au plaisir de la chasse, à l’aide de lance-pierres, au village de La Jeannette, se sont laissés pincer par les gendarmes qui leur ont dressé procès-verbal.
N° 10 – dimanche 8 mars 1903
Erquy
M. Gorvel Victor, notaire à Erquy, est appelé à siéger comme juré pour la session des Assisses qui doit s’ouvrir le 1er avril prochain, à midi.
Voiture de messagerie non éclairée
Louis Paillardon, cocher, au service de M. Garnier, entrepreneur de voitures publiques à Erquy, a été surpris par un gendarme de Lamballe, conduisant une voiture contenant des voyageurs, qui n’était pas éclairée.
Paillardon donne pour excuse que son maître avait toujours refusé de lui donner de la lumière.
M. Garnier a protesté contre cette allégation et se plaint de la brutalité de son garçon à l’égard de ses chevaux. Il a dû le congédier à ce sujet.
Paillardon a été condamné à 16 francs d’amende et son patron a été déclaré civilement responsable.
Vol d’outils
Un carrier demeurant au village des Hôpitaux, en Erquy, le sieur Le Dolédec, ayant travaillé à la carrière du Val, en Plurien, y avait laissé ses outils : deux masses en fer, d’une valeur de 30 francs. Lorsqu’il revint pour continuer son travail, les masses avaient disparu.
Aimé B., journalier à La Basse Caillibotière, en Plurien, avait jugé bon de les ramasser et de partager avec son camarade, Eugène Le C., carrier à La Fonderie. B. ayant commis l’imprudence de faire réparer une de ces masses chez M. Dutemple, forgeron et conseiller municipal à Erquy, se fit pincer et Le Dolédec porta plainte.
B. et Le C. ont été poursuivis pour vol devant le Tribunal correctionnel de Saint-Brieuc.
La culpabilité de Le C. n’étant pas bien établie, il a été acquitté, mais B. a été condamné à un mois de prison avec le bénéfice de la loi Bérenger.
N° 12– dimanche 22 mars 1903
Arrestation d’un conseiller municipal – Outrages envers la gendarmerie
Passant devant l’auberge tenue à Erquy par les demoiselles Lhotellier, le maréchal des logis Ambroise s’entendit appeler par un individu en état d’ivresse qui l’invitait à prendre une consommation. Sur le refus du maréchal des logis, cet individu, qui n’était autre que le sieur Emile R., 44 ans, cultivateur et conseiller municipal, l’injuria.
Mis aussitôt en état d’arrestation, R. entra dans une violent colère et opposa une vive résistance aux gendarmes qui durent lui passer les menottes.
Conduit au Parquet à Saint-Brieuc, R., dégrisé, manifesta son repentir et fut remis en liberté.
R. a comparu à l’audience de jeudi dernier, au Tribunal correctionnel de Saint-Brieuc et a été condamné à 16 francs d’amende avec le bénéfice de la loi Bérenger.
N° 13 – dimanche 29 mars 1903
Erquy
C’est par erreur que, dans notre dernier numéro, nous avons indiqué le sieur Emile R., condamné pour outrages envers la gendarmerie, comme faisant partie du Conseil municipal d’Erquy. Nous savons maintenant que cet individu ne fait pas partie de cette digne assemblée.
N° 15 – dimanche 12 avril 1903
Vol de choux
La veuve Balan, cultivatrice au hameau de la Guégoude, ayant eu besoin de couper un chou dans son champ, constatait, mardi de la semaine dernière, qu’une grande quantité de choux avait été arrachés.
Ces légumes auraient été retrouvés au domicile d’une voisine, la femme G. qui aura à répondre de ce larcin.
N° 16 – dimanche 19 avril 1903
Chambre de Commerce
Port d’Erquy – Lecture est donnée d’une dépêche ministérielle prescrivant une nouvelle enquête sur le projet de conversion de l’emprunt.
N° 18 – dimanche 3 mai 1903
Une voleuse de choux
Le 31 mars dernier, la veuve Balan, du hameau du Guégoude, en Erquy, constatait que de nombreux choux lui avaient été soustraits dans son champ. Ses soupçons se portèrent avec raison sur sa voisine, la femme G. qui nourrit, paraît-il, ses bestiaux avec les récoltes d’autrui.
Plainte ayant été portée, les gendarmes firent une enquête et retrouvèrent les choux chez la femme G.
Cette femme qui ne jouit pas d’une bonne réputation, nia le fait effrontément.
Elle est revenue à de meilleurs sentiments et a avoué sa faute, à l’audience du Tribunal correctionnel, jeudi dernier.
Le Tribunal, tenant compte de son repentir, ne lui a infligé que 48 heures de prison avec le bénéfice de la loi Bérenger.
N° 19 – dimanche 10 mai 1903
Classement en 1903 des Chevaux, Juments, Mulets et Mules susceptibles d’être requis en cas de mobilisation de l’Armée.
Itinéraire de la commission pour la région :
… ; Erquy : 4 juin, 1 heure, place de la Mairie.
N° 22 – dimanche 31 mai 1903
Un portail qui disparaît
Mlle Bourgault, commerçante à Erquy, avait fait placer, il y a quelques jours, un portail ayant plus de deux mètres de haut, pour clôturer un jardin au ‘Goulet’, en Erquy.
Jeudi, l’un des côtés de ce portail a disparu. Après bien des recherches, il a été retrouvé dans une propriété appartenant à Mlle Rouget, où il avait été jeté par-dessus un mur élevé d’au moins 1,50 mètre.
Cet acte de méchanceté, que l’on ne s’explique guère, a dû être accompli par plusieurs personnes, car le portail est très pesant.
N° 24 – dimanche 14 juin 1903
Une alerte
A l’occasion de la première communion d’un de ses enfants, M. Joseph Lefebvre, carrier au Gault, en Erquy, avait invité à dîner son voisin, Louis Boullau. Au cours du repas, un feu de cheminée se déclara et Boullau réussit à l’éteindre en montant sur la toiture.
Dans l’après-midi, le bruit se répandit à Erquy que le feu s’était de nouveau déclaré chez Lefebvre. Ce dernier, qui se trouvait au bourg, se rendit en toute hâte à son domicile. La toiture en chaume avait, en effet, commencé à flamber, mais grâce au dévouement de Boullau, qui ‘avait pas hésité à arracher le chaume en feu, l’incendie avait été enrayé.
Sans l’intelligente intervention de M. Boullau, la maison occupée par Lefebvre, eût été certainement brûlée et, comme le vent soufflait avec violence, il y avait à craindre pour le hameau tout entier.
La maison appartient à Mme Guinard, commerçante au bourg d’Erquy.
Le préjudice causée au propriétaire et au locataire, tous deux assurés, d’ailleurs, est de peu d’importance.
N° 25 – dimanche 21 juin 1903
Le déluge !
Nous subissons depuis quelques temps une série de pluies diluviennes qui menacent de compromettre les récoltes et qui ont occasionné des dégâts dans diverses propriétés. Ca tombe ! ça tombe ! que c’en est une bénédiction !
Mais quelqu’un qui n’est pas content, c’est Joseph Loncle, maçon, du fief Pilange, en Erquy, en rentrant chez lui, samedi, il constata avec stupéfaction que son habitation était transformée en lac au milieu duquel toute une flottille de sabots donnait l’aspect d’une baie en miniature, un jour de régates.
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