Ô pins

Respire ! Respire !

 Sens-tu leur parfum, leur forte odeur résinée ? C’est celle de la santé. Celle qui doit t’accompagner en gonflant tes poumons d’un souffle puissant et limpide.

  Vois comme ils sont beaux ! Tous différents les uns des autres… Droit comme les colonnes du ciel, celui-ci en impose et celui-là, oui … le petit, tout tordu par les grands vents marins ! A combien de tempêtes a-t-il résisté ? Tous méritent notre respect. Tous ont leur dignité.

  Chaque arbre est sacré. Honni soit celui qui s’attaque à l’arbre et le considère comme un morceau de bois, un objet méprisable…

  Non. Il n’y a pas d’arbres mineurs. Ils produisent de l’oxygène, purifient la qualité de l’air et protègent les sources. Ils nous ont toujours apporté le réconfort de leur ombre tutélaire et le ramage de leurs hôtes. L’écureuil y bondit dans sa fuite rousse. Le pic martèle obstinément son écorce, tandis que chante l’oiseau siffleur.   Pas question de détruire tout cela pour céder la place à quelque sinistre facétie !

   » La nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles.

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers. 

  Chacun gronde et manifeste son hostilité lorsqu’on l’abat ! »

  Les anciennes générations ont accompagné les grands arbres, fait griller leurs châtaignes et réchauffé leurs fagots dans leur âtre… On les a toujours connus. Les arbres eux-mêmes, si démunis de protection savent pourtant communiquer entre eux par des réseaux subtils et naturels comme les racines et les champignons…

 Pourtant l’homme se croit tout permis et a toujours accéléré la déforestation dans tous les pays. C’est une incontournable question d’intérêt !!!

  Les landes ont été réduites à l’état de marécage avant que l’on y replante des pins plus robustes et producteurs de résine… Les détracteurs du pin évoquent pourtant son caractère non « endémique ». Avant que les landes soient réduites en désert, toutes les espèces végétales y proliféraient  !  Notre pin maritime s’est bien acclimaté à nos côtes bretonnes et lui donne un charme qui enchante les peintres. Je pense par exemple aux toiles d’Hamonet, émaillées de pins tourmentés et de touffes de mauves bruyères…

   Et les chenilles processionnaires ?  Certes, elles sont présentes et dangereuses c’est pourquoi il faut les éradiquer dès la jeune formation de leurs cocons sur les arbres bas. Les bestioles sont encore petites et dépourvues de poils urticants. Bientôt, elles graviront les cimes et on ne pourra plus les capturer à l’aide de l’échenilloir. Un sac poubelle suffira à récupérer le cocon qui sera ensuite brûlé en déchetterie.

   Respire ! Respire !

   Comme beaucoup d’autres à cette époque, ma famille fut longtemps décimée par la tuberculose.

  Ce fut d’abord la jeune sœur de mon père qui fut emportée à l’âge de dix ans, puis la jeune femme de mon grand père qui partit à vingt huit ans. Celui- ci, touché par le fléau, se retrouva bientôt en sanatorium, mais il avait décidé de vivre et de ne pas se laisser faire. Mis à la retraite d’office, ce jeune chef de brigade avait la tête dure et lorsque le médecin lui recommanda de s’éloigner de la mer, il s’installa aussitôt dans le petit village de Tu-ès-roc bien décidé à en découdre avec ce foutu mal.

  Il a donc loué un joli terrain, planté de pins dans les bois du Guen et y a installé son campement. Une petite cabane pour se protéger des ardeurs du soleil et du vent et un hamac, confectionné dans une vieille toile de bateau. Il faisait là de longues siestes. Il avait également planté quelques légumes et semé du grain pour ses poules… Dorlotant ses poumons, sa santé s’est peu à peu améliorée et les crises de toux se sont espacées. Le jardinage et la pêche à pieds lui ont assuré un modeste revenu. Grand père avait cependant le sens des affaires et ne fut jamais dans le besoin.

Respire ! Respire !

Disait ma mère qui n’avait pas été épargnée par la maladie.

  Nous aimions nous promener dans les bois du Guen dont nous suivions les sentiers jusque la plage du Portuais parmi les pins tordus…

   Aujourd’hui encore, les sentiers sont fréquentés par les promeneurs et l’on essaie de protéger les pins contre l’invasion des chenilles.

   Respire ! Respire ! Protégeons nos grands pins. Ils appartiennent à notre patrimoine.  

Liliane Lemaître

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Un commentaire

  1. Article qui rend hommage à la nature, à l’arbre en tant que tel.Texte
    Poétique
    de grande actualité puisqu’il est fait mention de l’importance que les hommes doivent accorder à la nature.
    Bravo et merci pour cet article

    J’aime

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