Auteur : memoirederquy

Un petit air de fête sur une musique un peu surannée

 Le goût de la fête n’est pas nouveau. De villes en villages, parmi les riches et les pauvres, tous ont goûté au pain des réjouissances et en ont pétri leur farine. Toutes nos contrées, tous nos hameaux ont savouré cet aliment vital et l’on peinerait à restituer la diversité et l’inventivité de nos prédécesseurs. Beaucoup étaient des fêtes religieuses (processions, rogations, fêtes des saints et des confréries) mais le divertissement et la coutume n’en étaient jamais exclus. Les périodes où l’on chômait étaient fréquentes… L’ardeur paysanne à affronter les tâches les plus pénibles était récompensée par les banquets des moissons et des batteries. Ainsi, tout était prétexte à se réunir en « assemblées », à veiller avec les voisins au coin du feu, à dire des contes, à jouer aux cartes, « le jeu de la vache » connaissait alors un grand succès. Les femmes filaient et devisaient gaiement… Ainsi s’écoulaient les jours et les soirées.

  Dans nos villages, avant les années 1950, les récepteurs de télévision n’étaient guère nombreux, aussi allait-on se divertir au cinéma. A L’Eden, la salle était toujours pleine et il fallait se hâter si l’on voulait bénéficier d’une place correcte car il n’y avait pas de plan incliné. N’empêche, tout le monde partageait joies et peines et certains laissaient éclater des éclats de rire et des bons mots qui réjouissaient grandement le public.  Ainsi, tous participaient au spectacle !

  On était friand de divertissement et l’on s’écrasait sur les trottoirs en attendant le passage de la clique et des cercles celtiques. Erquy avait aussi son bagad et l’on acclamait musiciens et danseurs qui se retrouvaient au parc des sports avec d’autres groupes. Janick chantait en s’accompagnant de la vieille et la bombarde et la cornemuse faisaient vibrer de plaisir tous les Réginéens. Dans les rues, les groupes étaient nombreux et parfois insolites derrière leurs drapeaux, yougoslaves, écossais. Le groupe de « Qui qu’en grogne » derrière ses dogues, évoquait l’histoire de saint Malo et criait sa devise « En avant…Quic ! 

Le bagad

Groupe Bavarois

Sur le port, c’était aussi la fête des régates et l’on gravissait le parapet pour voir courir les bateaux. Plus tard, en fin d’après-midi, on lâchait les canards et les baigneurs se jetaient à l’eau pour capturer l’un de ces volatiles martyrs… Il y avait aussi des courses de chevaux, des parcours de chars…

  Au parc des sports, on se disputait ardemment le ballon et l’on invitait même des vedettes par l’entremise de Pierre Tillon, « le vainqueur de Sedan . Il y eut aussi de nombreuses kermesses qui migrèrent ensuite sur les pelouses du Noirmont…

Certains divertissements étaient complètement insolites et stupéfiaient le public. Les fameux « cosaques djiguites » voltigeaient, suivant la « djigitovka » (mot turc désignant un jeune cavalier habile), c’est-à-dire, une pratique équestre en ligne droite ou en cercle. Lancé dans un galop rapide, le cavalier exécute ses figures, puis revient en selle et arrête son cheval au bout de la ligne. Ces cavaliers mettaient à la disposition de la puissance russe cet art martial de haute voltige hérité des circassiens. En veste rouge, bottés, coiffés de la toque en fourrure, ces acrobates audacieux exécutaient des pyramides à trois ou huit cavaliers…

  On se souvient peut-être que des artistes prestigieux ont donné des spectacles au parc des sports : C’est ainsi que le danseur et chorégraphe d’origine russe, Serge Lifar, soliste des ballets russes et élève de Diaghilev, fit évoluer sur la scène, un groupe de danseurs de l’Opéra de Paris. Orchestré par la musique de Bizet, la scène fut également occupée par la fameuse Arlésienne dont on parle toujours mais qu’on ne voit jamais…

Parfois, des artistes étonnants se produisaient dans la rue. Je me souviens de cette troupe de funambules qui, devant un public abasourdi, avait relié leurs câbles, de la rue Clémenceau au clocher de l’église, spectacle stupéfiant qui tendait l’atmosphère, aussi bien celle des acrobates que des badauds.

  Au Guen, sur le futur emplacement du village de Lanruen se déroulait un fameux motocross. Les moteurs vrombissaient en même temps que le cœur des spectateurs impressionnés par les exploits des frères Le Dormeur qui pratiquaient la haute voltige sur leur machine infernale. Il fallait les voir, ces acrobates prêts à tous les risques, la taille sanglée dans leur large ceinture de cuir noir d’où émergeait un t-shirt humide et baigné de sable poussiéreux.  D’un preste coup de botte, ils gravissaient les pentes les pus rudes en laissant derrière eux les larges sillons tracés par leurs roues.

Le bord de mer était naturellement fréquenté par de nombreux forains. C’était l’époque où la grande dune déroulait ses vagues de sable parmi les oyats. On pouvait sauter les promontoires des caps les plus élevés et se cacher dans les tranchées creusées par le flot. Beaucoup venaient s’y abriter par grand vent…Lorsqu’on bétonna la digue, j’eus l’impression que le ciment, parvenu à mi-plage, en dévorait la moitié ! De petits cirques et de grands chapiteaux…

Je ne sais plus trop où se logeait leur énormité !  Le parfum du cirque me semblait fabuleux : c’était un panaché d’odeurs violentes, où se mêlait de la poudre de sable et de sciure, une odeur de bêtes fauves, les éclaboussures de la voix des trompettes et accrochés au sommet du mât, des trapèzes et des cordages, reliés entre eux. Les gradins circulaires rappelaient ceux du cirque antique et lorsqu’on entendait le rugissement d’un fauve emmuré dans son étroite cage à barreaux, je ne pouvais m’empêcher de m’incliner avec inquiétude sur le gouffre noir qui s’ouvrait sous nos pieds. Les clowns et les ouvreuses distribuaient des cacahuètes et des esquimaux. A peine le spectacle s’achevait-il que les équipes démontaient le chapiteau sans s’occuper de la cohue qui évacuait le cirque.

  Il y eut pendant quelque temps d’autres chapiteaux qui rassemblaient un nombreux public mais dans ceux-ci, point de bêtes fauves, point d’harmonie ni de fanfares aux couleurs bariolées…

  Le cirque Spirou, je crois, cirque de vacances fondé par Jean Nohain amusait petits et grands avec son fameux ventriloque Jacques Courtois qui animait ses marionnettes aux boniments cocasses comme Omer, et son canard…

Dans un registre plus sérieux, le cirque prêtait aussi sa toile à des spectacles inspirés par des œuvres plus sérieuses. Fondé par Jean Danet en 1959 et repris par Marcel Maréchal à partir de 2001,  Les Tréteaux de France avaient pour mission de partager les grandes œuvres théâtrales avec tous les publics et d’abord avec les moins favorisés, des provinciaux non habitués au grand répertoire et qui n’avait pas l’occasion de se rendre dans la capitale ou dans une grande ville.

  Le terme « tréteaux » renvoie en effet à la tradition de l’ancien théâtre, celui de Molière, des farces et du théâtre de foires, réservé au peuple. C’était aussi l’une des premières expériences de décentralisation dramatique, mettant en scène un répertoire de haute exigence artistique à travers tout le pays. L’État en fera un centre dramatique national en 1971. En 2011, Robin Renucci sera nommé directeur des « Tréteaux de France ». Citons quelques pièces : Ubu Roi, interprété par Pierre Doris,  L’Otage  de Paul Claudel, Othello de Shakespeare, La putain respectueuse de J.P Sartre, des pièces d’Audiberti et puis une évocation dramatique d’Alain Decaux et Stellio Lorenzi qui fit grand bruit : Les Rosenberg ne doivent pas mourir. Exécutés en 1953 sur la chaise électrique, Ethel et Julius Rosenberg, juifs communistes, accusés pour haute trahison à l’époque du maccarthysme furent exécutés malgré les protestations générales, Julius de trois injections et Ethel de cinq… Un spectacle qui bouleversa le public avec la formidable interprétation de Sylvia Monfort sur la scène des Tréteaux.

  N’oublions pas le petit manège Figuier, d’abord installé à l’entrée du Goulet, près des anciens tennis, puis tout prés du port. D’après Christian Frémont, il a été précédé par le manège Robert. Espérons qu’il réjouira encore quelque temps les enfants. 

    Il y aurait encore beaucoup à dire sur l’abondance et l’intérêt de ces fêtes et spectacles. Je pense que tous, avons en mémoire des moments que nous gardons précieusement dans nos souvenirs. Brigitte Maurer raconte  comment elle se réjouissait de ces fêtes où l’on exhibait les animaux dans les rues pour attirer le public, ce qui est encore parfois le cas aujourd’hui. Les stands forains où les joueurs chevronnés gagnaient « à tous les coups » malgré la mauvaise humeur des patrons faisaient aussi son grand plaisir. Même si les cousins citadins interdisaient ce genre d’attraction où l’on récoltait soi-disant des puces…

  Les petits cirques étaient nombreux et certains ne pouvaient s’offrir le luxe d’un chapiteau ! Je me souviens de cette petite piste dressée sur la dune, parmi les oyats. Une gamine un peu maigrichonne y répétait son numéro de funambule en faisant des grâces. Il était midi. La famille s’entraînait au jonglage et à l’acrobatie tandis qu’un gros boa lové sur lui-même, profitait de l’ardeur des rayons pour s’adonner à la volupté du repos et sans doute d’une excellente digestion. 

                                                                                                                                Liliane Lemaître 

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Les fermes des Hôpitaux

Aux Hôpitaux, il n’ y a pas que la pêche. De nombreuses fermes étaient installées dans ce village. Les propriétaires cultivaient leur terre de génération en génération. Il y avait quelques métayers qui donnaient la moitié de leur production aux propriétaires et d’autres qui payaient un fermage (location réglée à la saint Michel et indexée sur le prix du quintal de blé).

Les travaux de la ferme étaient épuisants. Pour les fermières appelées  »Patronne »: traire les vaches à la main (pas de trayeuse électrique), s’occuper du lait, baratter, faire le beurre, soigner les cochons, les poules et aussi préparer les repas pour les journaliers (qui étaient nombreux pour certains travaux). Le travail se faisait avec les chevaux qui étaient la fierté des fermiers appelés « Patron ».

Souvent apparaissaient des petits conflits avec la fermière qui accusait son mari de donner plus d’avoine aux chevaux qu’aux vaches. Autrefois dans de nombreuses familles les hommes avaient une profession et leurs épouses élevaient une vache et des cochons voire des brebis ou des chèvres et des poules. Les travaux des champs se faisaient à la main pour la moisson. Le blé , bien sur, était coupé avec la faucheuse, mais il fallait en faire des gerbes liées avec un « liant » . Les gerbes étaient liées avec deux
poignées de paille. Puis de sept à huit gerbes étaient placées en tourelles pour que les épis de blé soient bien
secs pour le battage qui marquait la fin de saison. « C’était les Nicolailles avec un repas amélioré etensuite, danse au son de l’accordéon, de la vielle ou du phono.
Pour semer les patates, les enfants étaient sollicités, les adultes disaient qu’ils en avaient moins long à plier. Ils se figuraient que les enfants étant donné leur petite taille se pliaient sans fatigue. Certains, pour les récompenser de cette journée harassante, leur donnaient à la place de quelques pièces un choux de pomme pour leurs parents : grosse déception! le choux était vite jeté dans le fossé Dans la rigole creusée l’aide du brabant tiré par le cheval, il fallait, tous les vingt centimètres, mettre une patate, germe bien en l’air tous les vingt centimètres. Cela n’avait rien de réjouissant.

Brabant de M. et Mme Bourgault


Pour les betteraves et les choux l’adulte faisait une fente avec la bêche et le gamin y glissait le plan. Très jeunes, les enfants travaillaient aux champs. Les vacances scolaires tenaient compte des travaux des champs, elles étaient du 14 juillet au 30 septembre. Les tracteurs n’existaient pas ( les ponys de chez Massey-Harris sont apparus en 1947),

Pony des années 1955 toujours en fonctionnement, appartenant à M . Bourgault


La mécanisation des années 50/60 a amélioré les conditions de travail. Le dimanche, la famille mettait ses beaux habits et montait dans la voiture à cheval bien astiquée. Les roues étaient vernies et caoutchoutées, le plus beau cheval était attelé, toute la famille partait à la messe. Les soirées d’hiver, deux ou trois familles se réunissaient au coin du feu, les messieurs jouaient aux cartes (belote,coinchée,la vache). Les dames tricotaient et papotaient . Vers 23 heures, c’était le casse croûte : saucisses grillées dans la cheminée ou pâté maison et pour terminer un flip (cidre chauffé auquel on ajoute de la gnôle puis que l’on flambait) .

Actuellement il n’y a plus d’exploitations agricoles aux Hôpitaux. Les terrains se sont transformés en lotissements, gîtes, maisons individuelles, campings. La priorité est donnée maintenant au tourisme.

Relevé des fermes existantes jusqu’en 1960.

Rue de Clairville:
La Ville-es-Renais
Joseph Rouxel ( 3e génération ) actuellement culture de l’osier et gîtes
En face : Jean Brouard et son épouse Eugénie Levêque. Leur ferme a été reprise par leur neveu Marie-Ange Levêque et son épouse Simone Boivin (aujourd’hui, maison d’habitation)
La Noë Niheux
Jacques Dutemple et son épouse Marie Dutemple (aujourd’hui maison d’habitation).
Rue de la Mare des Noës :
Le Tertre : Henri Termet et son épouse Marguerite Missaire.
Rue des écoles :
Edouard Landier
Rue de la Moinerie :
La grande Vise : Honoré Guyomard, ferme transférée au village de Lanruen
Gorin Pierre et son épouse Gallée, ferme reprise par leur gendre Marcel Eddy.
Rue st- Michel :
Jean-Baptiste Provost et son épouse Marie Lecorguillé (aujourd’hui maison d’habitation)
Renault, ferme reprise par les filles Marie et Elise puis par Elise et son époux Jacques Besnard et ensuite par leur fils Jacky (aujourd’hui maison d’habitation)
Rouxel Louis et son épouse Aimée Provost , reprise par leur fils Louis et son épouse Gisèle Morin puis
par leur fils Louis et son épouse Christine (Maison d’habitation)
Rue des Mares
Famille Caillibotte (Jeanne, Honoré, Jean et Anne ) (aujourd’hui maison d’habitation)
au 18 : Clément Louis et son épouse Anne-Marie Blouin (aujourd’hui maison d’habitation)
Impasse du Bignonnet
Clément Ernest et son épouse Jeannine Mahé (aujourd’hui maison d’habitation)

Le Port des Hôpitaux

(Archives des Côtes d’Armor)

Le 15 octobre 1933 après plusieurs refus, le conseil confie au service des Ponts et Chaussées l’étude de la construction d’une jetée pour les pêcheurs des Hôpitaux à la Bouche d’Erquy. Les plans et les devis de Hélary sont acceptés par le Conseil le 25 février 1934. (Extrait du livre des délibérations).

L’ activité du port était liée à celle de la carrière de la Fosse-Eyrand, des rails étaient installés pour permettre aux wagonnets, remplis de grès rose, d’accéder au quai noir afin de charger les goélettes arrivant de Saint-Malo qui livraient leurs cargaisons dans différents ports des environs ainsi qu’en Angleterre ; des livraisons étaient même effectuées à Paris.


La carrière était très active, elle faisait partie des carrières de l’Ouest. Le directeur avait son logement dans la partie haute de la maison. Dans la partie droite devant la maison, le bureau où les ouvriers venaient chercher leur paye. Derrière la maison il y avait une pièce qui servait de dépôt de pains. A cette époque il y avait environ 150 ouvriers.
Pour les travaux du barrage de la Rance (inauguré en 1966 après 5ans de construction), la carrière, équipée du matériel adéquat, a broyé des galets. Afin d’éviter que les nombreux camions fassent le
tour par les Hôpitaux et les Jeannettes, la rivière de l’Islet à été busée au niveau de la Roche dite de
Gargantua, d’où un gain de temps considérable.
La jetée de Follet a été en partie démolie par la tempête de décembre 1951.


 Cabanes au pied du rocher de la bouche


COMPAS ROSE appartenant à Marcel Alain (père)
IDEFIX appartenant à Paul Ledolledec
SAUVE QUI PEUT appartenant à François Benech.

Extrait d’Ouest-France


L’union des marins et plaisanciers du port des Hôpitaux a obtenu une subvention du département qui
permet la reconstruction de la jetée détruite lors des grandes tempêtes de 1972 et 1978 ; initialement le môle avait une longueur de 60 m. Les futurs travaux prévoient un allongement de 30 m ce qui portera la dimension du prochain ouvrage à 90 m.


« L’UMP les Hôpitaux, ou Union des Marins Plaisanciers des Hôpitaux, est une association, loi 1901, qui,moyennant une adhésion annuelle permet de faire une descente et une montée de votre bateau, avec les tracteurs de l’association. Le bateau est pris sur le parking du port pour le descendre vers la plage puis dela plage vers le parking pour la remontée. Des bénévoles se chargent de conduire ses deux tracteurs, plus ou moins puissants suivant le bateau à manœuvrer. Le plaisancier appelle une des personnes du Conseil d’Administration pour demander la descente de son bateau au jour et à l’heure qui lui conviennent. La personne donne ou non son accord et se charge de trouver d’autres membres du CA pour aider, si besoin, si le plaisancier est seul. La descente se fait jusqu’à l’emplacement exact du bateau. Quant aux bateaux dont l’emplacement est réservé à côté de l’îlot St-Michel, la descente se fait jusqu’à la plage. A charge du plaisancier d’attendre la marée pour faire le reste. Les emplacements des bateaux dans le port sont pré-établis par l’équipe du bureau avant validation par le responsable des ports d’Erquy et le maître de port. Rarement de modifications sont apportées. Les chaînes-mères sont vérifiées tous les ans avant le début de la saison, soit avant le 1er avril, par l’équipe de la mairie et de l’UMP. La mairie assure ces chaînes du 1er avril au 31 octobre de chaque année. Les plaisanciers viennent prendre appui sur ces chaînes pour amarrer leur bateau en tenant compte des recommandations quant à la longueur et l’épaisseur des chaînes de leur embarcation.
Lors des tempêtes qui peuvent survenir, l’équipe vérifie qu’il n’y a pas de casse et prévient
éventuellement les propriétaires qui ne sont pas forcément présents à Erquy toute la saison. »

Texte de Annie Lecuit

La pêche est surtout pratiquée à bord des doris. Le petit port des Hôpitaux abritait des doris dont les propriétaires étaient souvent d’anciens Terre-Neuvas. Ces marins pêchaient le maquereau l’été et allaient ramasser « les moules de marée » sur les « cailloux » au large.

Les femmes, au retour de la pêche, prenaient leur vélo qui était équipé d’un grand panier en liette (confectionné l’hiver aux veillées) sur un porte-bagage à l’avant, elles y mettaient les poissons
recouverts de fougères pour garder la fraîcheur, puis elles partaient vendre le poisson dans la campagne et les bourgs des communes environnantes.

L’EPAVE DES HÔPITAUX : UN CABOTEUR DU MILIEU DU 17 EME SIECLE

(Rencontre avec Yves Meslin, ancien marin pêcheur)


Yves fait une drôle de découverte en 2002. En se baladant sur la plage Yves Meslin a découvert un alignement de morceaux de bois. Par curiosité, il creuse et découvre une construction de bateau qu’il ne connaissait pas. La DRASME de Marseille (Département de recherches archéologique subaquatique et sous marine) se rend sur place afin d’effectuer des fouilles. Des spécialistes de Paris ont également reconstitué la coque en 3D. D’après cette reconstitution Yves en fait une maquette qui est exposée dans la région d’Arles.
Ce bateau faisait la navette entre Saint-Malo et la côte transportant pommes, pommes de terre et également de la chaux. Les Anglais incendiaient également de nombreux bateaux.
L’exposition qui eut lieu sur ces fouilles à l’Office de Tourisme a rencontré un grand succès, en particulier l’atelier pour les enfants qui consistait à effectuer des fouilles dans du sable.


Naufrage d’un plaisancier

Texte de Claude Renault

Le village des Hôpitaux

Arrivée aux Hôpitaux

Le village des Hôpitaux tient son nom des Hospitaliers qui avaient jadis des possessions au sud de la Chapelle du St Sépulcre et de la Corderie (siège d’une ancienne léproserie) au nord est, au lieu dit les Hôpitaux. Les hospitaliers, ordre militaire dont les buts étaient les soins aux malades et blessés revenant des croisades, secours aux pèlerins s’établirent à Erquy. Deux établissements ont à Erquy un nom d’origine hospitalière: St-Sépulcre et les Hôpitaux. Des établissements réservés par la suite aux lépreux furent établis en bordure sud est de la Garenne sur des terres concédées par les comtes de Penthièvre.Ces établissements hospitaliers disparurent tôt avant le 14 éme siècle on n’en trouve aucune trace dans les documents écrits.     

Extrait de Histoire d’Erquy, par J.-P. Le Gal la Salle

Il s’agit semble-t-il des donations mentionnées en 1182 et faites par les frères Manasac.

Voici une légende sur le nom de la Fosse Eyrand : Un grand nombre de décès parmi les blessés et malades revenant des croisades ainsi que les lépreux ont été inhumé dans une fosse commune mais leur âme ont continué à errer au dessus de cet endroit. D’où le nom.

La Fosse-Eyrand. Vue des bâtiments des anciennes carrières, aujourd’hui transformés en centre de vacnces (Roz Armor)
rue St-Michel au niveau du calvaire
rue Saint-Michel

Autrefois les Hôpitaux était un village important et extrêmement peuplé. Les maisons de pêcheurs avaient un poisson en guise de girouette. Le port de pêche, ses fermes  ses nombreux commerces et son école rendaient le village très vivant. A la Fosse Eyrand se trouvaient jadis des carrières, dont les bâtiments sont aujourd’hui occupés par un centre de vacances. Aujourd’hui , les Hôpitaux, le moulin de Lanruen, face a la plage du Guen, la Fosse Eyrand et sa plage de galets, la moinerie…. possèdent de nombreux terrains de camping, centres de vacances et une multitude de petits terrains avec leur mobil home. Rue des Moulins il y avait deux moulins:le premier a été transformé en maison d’habitation et le deuxième qui était situé a l’embranchement de la rue de Liorbé. Il reste d’ailleurs quelques vestiges sur lesquels a été construit une volière. C’était le moulin de Lanruen qui était plutôt face à la plage du Guen. A l’époque il y avait peu de maisons et de végétation, et de la mer, c’était un repère pour les marins.Le petit port des Hôpitaux, avec ses mouillages et sa cale d’embarquement est situé a la pointe du champ du port, nommé aussi la bouche d’Erquy. Ici se jette la petite rivière de l’Islet, qui fait office de limite avec la commune de Plurien, située à l’ouest de la gréve de Minieu, aujourd’hui la plage de Sable d’or les pins.Une légende raconte qu’un bateau chargé d’aimants a coulé prés du rocher de Pélouére et que tous les navires qui approchent de ces lieux sont perdus.Le premier juillet 1828 on retrouve le cadavre de Philibert Renan, père de l’écrivain Ernest Renan (1823-1892), sur la grève de Lanruen. Les circonstances de sa mort restent un mystère. Est il tombé de son bateau le St-Pierre, parti de St Malo le 11 juin précédent. Est ce un suicide ? Nul ne le saura probablement jamais.                    

Extrait du livre de Constant Dutemple (1867-1937), curé doyen de Lamballe, né aux Hôpitaux.

L’école

 Le 7 août 1881 Le Conseil Municipal est pour la création d’une école mixte aux Hôpitaux situé dans une maison louée aux Dutemple où Mlle Baron est nommée institutrice dès le commencement. En 1890, vu les importants travaux à faire dans le bâtiment, on propose de louer la maison Ledolledec.

Février 1893, Alain Dobet, ex instituteur, (1) propose de construire une maison d’école aux Hôpitaux. Le plan est proposé au Conseil en mai. En février 1894, Dobet signale que le bâtiment est construit.

Février 1913, le Conseil vote l’acquisition de la maison d’école moyennant une rente viagère à Mlle Jean Marie Hamoneau.

Le ministre de l’instruction publique donne son accord pour la création d’une deuxième puis une troisième classe (dans la maison Blanchet) classe mixte.

Le 9 avril 1947, le Conseil donne un avis favorable à la demande de la ville de St Brieuc d’utiliser comme colonie de vacances les deux classes des Hôpitaux du 19 juillet au 15 septembre

Extrait du livre des délibérations du Conseil Municipal.

Pour information, la colonie de St-Brieuc était en partie installée dans les locaux vacants de l’hôtel du 37 rue st Michel.

(1) Alain Dobet était le maire de la commune et aussi conseiller général

De nombreux instituteurs ont laissé des souvenirs aux écoliers : M et Mme Baillorge, Jeanine Valot, Louis et Micheline Besrest, Pierre et Jeanne Bouvet, Mme Jacob; Julien Trégaro. Mme Rault, Mme Gouély et Mme Cordrie et des suppléants se sont succédé.

Quand M. et Mme Bouvet ont pris leur fonction, il  n’y avait pas de préau. M.Bouvet à fait accéléré les travaux. La cantine n’existait pas, c’est Jeanne Visbourg, maman de Mme Bouvet qui faisait une soupe pour les enfants. L’école était mixte, mais la cour était séparée en deux, un côté filles, un côté garçons.

En 1954 le Président du Conseil Pierre Mendès-France instaure le verre de lait quotidien pour tous les écoliers, une mesure destinée à lutter contre la dénutrition. Christian se souvient que chaque élève devait avoir un verre rond en duralex, pour recevoir à la récréation de l’après midi un grand verre de lait. C’était Édouard Landier qui avait sa ferme derrière l’école qui livrait le lait dans un grand bidon que l’institutrice versait dans un grand faitout, elle ajoutait le sucre et le mettait à chauffer sur un réchaud posé sur une table au fond de la classe. Pour la distribution l’institutrice remplissait les verres à l’aide d’une grosse louche. Les élèves devaient  se mettre en rangs, les filles d’un coté les garçons de l’autre, la distribution devait se faire dans le calme et en ordre, si il y avait une bousculade, la louche n’était pas loin…

Une garderie a été crée pendant les vacances scolaires vers 1954

Les enfants à la plage de Montier

L’école est restée ouverte jusqu’en 1983 date à laquelle les élèves ont été intégrés à l’école du Bourg d’Erquy. Un ramassage scolaire a alors été mis en place.

Aujourd’hui les anciennes écoles comprennent au rez de chaussée une salle municipale. Dans la cour, l’association la Palette a installé son atelier. A l’étage quelques logements sociaux.

ANECTODES

On appelait les habitants des Hôpitaux « les ventres jaunes » ; ce nom leur était donné par les pêcheurs Malouins qui, en arrivant au port ne distinguaient que les tabliers jaune des pêcheurs.

Yves Meslin nous a raconté qu’avec ses copains ils remontaient la ligne de chemin de fer et ramassaient les boulets de charbons tombés le long des voies. Yves soupçonne les cheminots d’avoir laissé tomber volontairement ces « trésors » que les enfants rapportaient chez leurs parents.

L’îlot et la Chapelle Saint-Michel

S’il est un lieu emblématique à Erquy, c’est bien l’îlot Saint-Michel, aux Hôpitaux. Surmonté de sa petit chapelle, visible depuis le Cap d’Erquy jusqu’au Cap Fréhel, en passant par les Sables d’Or, ce site est peint, photographié ou simplement admiré chaque jour.

L’histoire de cette petite chapelle, est assez peu développée par les historiens.Ce qui est sûr, c’est que le rocher Saint-Michel a vu se succéder plusieurs lieux de dévotion depuis le Moyen-Âge. Retenons simplement la légende qui veut qu’un homme, rescapé d’un naufrage à proximité, aurait fait vœu de construire un oratoire sur ce rocher.

D’après les recherches de l’historien J.-P. Le Gal la Salle, la chapelle Saint-Michel de « La Roche au Nay » aurait été fondée à une date inconnue par les moines cisterciens de l’abbaye de Saint-Aubin des Bois (Plédéliac) qui possédaient, sur la garenne d’Erquy, l’établissement et le fief de La Moinerie. Au cours du XIIIe siècle, l’abbaye était devenue le plus grand propriétaire féodal et foncier d’Erquy après le Comte de Penthièvre. A cette époque, les moines utilisaient les pêcheries autour de l’îlot.

Le testament d’une riche héritière, qui léguait 12 deniers à l’église de « La Roche au Naï », fait mention de l’îlot en 1249. L’îlot est propriété publique de la commune.  En 1640, les différents recteurs de l’époque se plaignaient que les quêtes de la chapelle revenaient uniquement aux moines. En 1725, la chapelle était en état de culte et le recteur écrivait : « il y a une chapelle sous l’invocation de Saint-Michel à 3 quarts de lieue du bourg, bâtie sur un rocher avancé dans la mer qui, par le reflux couvrant le passage, oblige les moines Bernardins, qui s’en disent seigneurs, à dire la messe tous les ans, le jour de la Saint-Michel, sur la grève dans un coin de rocher, couvert d’une tente(…) Ce qui met en grand danger d’accident le Saint-Sacrifice. » Ce dont Monseigneur informé, défendit qu’on célébrât la messe sous ladite tente, néanmoins elle a toujours été continuée dans ce même lieu par les dits religieux. Les rochers de ce lieu ont été par la suite appelés « Les roches prêcheresses ».

La chapelle survivra à la Révolution et sera reconstruite en 1881 sur les plans de l’architecte briochin Jules Morvan, grâce à des dons. Durant la dernière guerre, les abords de l’îlot sont rendus difficiles en raison du minage des dunes et de la plage. Au cours de tirs d’artillerie d’entraînement de l’armée allemande, le clocheton, percuté par un obus, s’écroulera. La chapelle sera reconstruite en 1948 et se dégradera petit à petit. Le 27 octobre 1987, la très forte tempête fit tomber le clocheton. L’archange Saint Michel eut les ailes brisées. La commune fit réparer les dégâts. En 2002, un groupe de bénévoles s’est ému de son état et s’est regroupé en association afin de sauver ce patrimoine. C’est ainsi que « Les Amis de la Chapelle Saint-Michel » vont, de 2002 à 2005, relever le défi. Pour le gros œuvre, ils vont d’abord monter les matériaux et transporter près de 18 tonnes de matériel à dos d’homme ou parfois à l’aide d’engins motorisés. Le passage des ouvriers sera assuré pendant ces deux premiers mois avec un doris. Le gros œuvre terminé et l’évacuation de trois m3 de gravats et du matériel, ils poursuivront les aménagements. En 2003, ce sera la pose de l’autel et des vitraux créés par un maître-verrier, de la porte d’entrée par un ferronnier local puis de la sculpture polychrome au-dessus de l’autel. En 2004, on posera le carrelage et une nouvelle toiture en ardoise. En juillet de la même année, aura lieu le baptême de la nouvelle cloche. La préparation et l’inauguration de la table d’orientation, en 2005, marqueront la fin des travaux.

Depuis la naissance de l’association, chaque année, durant la saison estivale, le  Pardon de St Michel  a renoué avec la tradition oubliée et réunit Rhoeginéens et vacanciers pour une messe, une procession autour de Saint-Michel suivies d’un repas champêtre accompagné d’animations diverses. Tous les fonds récoltés lors de ces manifestations ont été utilisés pour la rénovation de l’oratoire.

Depuis, cette association dynamique continue à entretenir le site et l’ouvre aux visiteurs, en fonction des marées.

Références : « Histoire d’Erquy » par JP Le Gal La Salle (Tome 1, Erquy sous l’Ancien Régime)

                                                     Maryvonne Chalvet

Jo VELLY

Médecin. Conseiller Municipal de1947 à 1953 puis réélu en 1959 dans la liste minoritaire jusqu’en 1971, enfin Conseiller municipal et adjoint au Maire de 1971 à 1985. Président de l’Amicale Laïque, Président puis Vice-président de l’US Erquy. Croix de Guerre 39-45. Médaille de la Résistance

Joseph-René Velly est né le 9 mai 1918 à Plogoff. Son père travaille dans les « indirects » comme on dit à l’époque. Il est fonctionnaire des Impôts et, au gré de ses mutations, la famille se retrouve à Pontivy. Jo Velly étudie au lycée de la ville. Après des études à la Faculté de médecine de Rennes, il se retrouve à Brest au début de la guerre en qualité d’interne à l’hôpital maritime. Il se marie en 1939 avec Jeanne (dite Suzanne) Stephan, qui a suivi à Rennes des études littéraires – hypokhâgne et khâgne. Leur fils Daniel voit le jour sous les bombes de Brest le 9 novembre 1940.

Les bombardements incessants de la cité portuaire devenant trop dangereux, mère et fils se replient à Pontivy où les accueillent les grands-parents, très impliqués dans la Résistance. Cela vaut au grand-père de se retrouver à la prison de Rennes et au frère de celui-ci d’être déporté à Buchenwald. Femme discrète, éloignée de son mari, Suzanne suit les traces de la famille et entre, elle aussi, en résistance. Pour son courage, elle sera décorée de la Croix de Guerre. Le docteur Velly continue à exercer à l’hôpital de Brest. Il entre lui aussi en résistance en aidant, cachant, soignant ses compatriotes et autres soldats blessés et /ou recherchés. En 1944, le service le détache en qualité de médecin sur l’île de Ouessant, mission au cours de laquelle il participe au secours de l’Enez Eussa, bateau-navette entre l’île et le continent qui vient d’être mitraillé par les Anglais. Son certificat de chirurgien lui est utile pour opérer au plus vite les civils et les soldats allemands blessés au cours de cette attaque. Cette histoire a une suite puisque, plusieurs années après, il a eu la visite de son confrère allemand avec lequel il avait collaboré pour sauver des vies. Puis à la Libération, Jo part avec les FFI – Forces Françaises de l’Intérieur – rejoindre le front de Lorient où la bataille fait encore rage. Il s’occupe d’un hôpital de campagne et soigne tant les soldats de la « poche de Lorient » que les résistants du fameux maquis de Saint-Marcel. Parmi les forces qui luttent sur place contre les Allemands figure le 14ème « Bataillon Rangers » né à la suite de la libération du Cap Fréhel dans lequel sert André Collet originaire d’Erquy. Il rencontre le docteur Velly, lui parle d’Erquy où le docteur Dayot est seul à exercer et tente bien sûr de le convaincre de venir s’y installer…  malgré l’insistance des Ouessantais pour le faire revenir sur l’île.

L’HOMME ENGAGE

En mai 1945, le couple Velly visite Erquy et, en novembre de la même année, le Docteur Velly pose sa plaque au 2 rue Guérinet, adresse qu’il conservera toute sa vie.

Durant ses études à Rennes, ses activités extra-universitaires sont déjà orientées vers l’assistance de ses semblables. En sa qualité de Consul de la République Espagnole, il s’occupe activement des réfugiés.Foncièrement de « Gauche », Jo Velly est encarté à la SFIO, puis au PSU avec le Maire de Saint-Breuc,  Yves Le Foll. C’est tout naturellement qu’il se présente en 1947 aux côtés du Maire d’Erquy, M. Guégan, et devient son adjoint. Six années plus tard, en 1953, le Ministre Cornu brigue le mandat de Maire et l’équipe en place est entièrement « balayée ». En 1959, il retente sa chance. Au premier tour, le ministre Cornu repasse avec tous ses colistiers sauf 1 : André Collet – encore lui- est mis en ballotage. Le 2ème tour l’oppose à Jo Velly qui est élu et devient le seul conseiller municipal de l’opposition. Il faudra attendre 1971 et le retrait de M. Cornu de la vie publique pour voir l’équipe menée par Jo Velly remporter la Mairie. Bien que tête de liste, conscient du travail important que le poste de Maire nécessite, il avait préparé ses arrières et emuvat(22) est devenu Maire d’Erquy. Il le restera jusqu’en 1985.

Quelques actions menées par Jo VELLY

  • Collège THALASSA : dès son élection en 1947, il est à l’origine de l’ouverture d’une classe mixte complémentaire à ERQUY – voir blog Mémoire d’Erquy sur le collège THALASSA-
  • L’arrivée du manège FIGUIER début des années 1970 – voir CAP MAGAZINE n° 61-
  • Jumelage ERQUY OUPEYE 1978/

Extrait Ouest France :

« Du 19 au 23 septembre 2013, Erquy accueille une délégation de près de 70 Belges, qui viendront de la cité jumelle d’Oupeye pour célébrer le 35e anniversaire du jumelage. Une histoire née d’une rencontre et d’une amitié entre le docteur Jo Velly, à l’époque premier adjoint au maire, et le Belge Henri Novak. »

« Le café du centre était alors leur quartier général, devenant très vite, pour tout le monde, le café des Belges, se souvient Yannick Morin l’actuel président du comité de jumelage. Très vite, les deux collectivités se sont rencontrées pour mettre en place un échange. Le maire réginéen était Joseph Erhel, et son homologue belge, M. Michaux. Les familles se recevaient régulièrement. »

Jo Velly et l’amitié

Était-il possible de ne pas apprécier Jo Velly ? Unanimement reconnu comme une personne au contact facile et toujours prêt à rendre service, le Docteur Velly aime se plonger dans la vie locale et être au contact de ses concitoyens. A l’époque, pas de réseaux sociaux pour pouvoir faire le tour du monde sans bouger de sa maison. Les bistrots des communes de France sont les lieux privilégiés pour se réunir et échanger. Parmi ces soirées conviviales passées au Café du Centre chez Claude Briend , on peut citer les vernissages des expositions de son ami Maurice Bernard ou encore les discussions autour de son projet de jumelage d’Erquy avec Oupeye devenu très vite réalité. Il aime aussi retrouver Jacques Blouin au café Beauregard aujourd’hui disparu ou ses nombreux amis dans un des estaminets du port. Jo adore échanger avec ses amis autour d’un « chasseur de nuages » comme il appelait le whisky, sa boisson favorite.

Bien que disponible 24/24H, Jo a aussi quelques loisirs. Il s’adonne volontiers à la cueillette des champignons. Chasseur occasionnel, plus pour promener son chien et pratiquer la marche, il aime vraiment la pêche à la ligne, passion qu’il partage avec son fils. Lors de ses tournées vers Hénansal et Hénanbihen, il dépose parfois Dani, canne à pêche à la main, au petit pont entre la Bouillie et Hénanbihen pour le reprendre une fois sa tournée terminée à la carrière des Vaux à Hénansal.

Le Président de l’US Erquy

Mais, tout au long de sa vie réginéenne, il restera très proche de l’US Erquy. C’est  le seul club de la ville, au contraire de beaucoup d’autres bourgades qui possédaient 2 clubs aux teintes « opposées », appelés, selon son penchant politique ou religieux ,le « club des curés » ou le « club du diable ». Point de cela à Erquy où le bureau de  l’USE dirigé par l’abbé David, président, comporte 2 vice-présidents : Jo VEelly président de l’Amicale Laïque et M. Jaumet encore plus à gauche sur l’échiquier politique. A cette époque, l’US Erquy connait son heure de gloire. Évoluant dans les divisions supérieures régionales, les adversaires sont à Brest, Morlaix et même Penmarc’h à la pointe sud du Finistère. Le plus court déplacement est à  Rostrenen situé à une bonne heure de route. Lorsque les 22 joueurs – l’équipe 1ère et la « réserve » – et les nombreux accompagnants se déplacent chez l’adversaire, il doivent parfois quitter Erquy dès 7h30 du matin. Longue journée en perspective… Le docteur Velly participe très rarement aux déplacements.. D’autant plus que, depuis que les accouchements deviennent plus rares au domicile, il se fait un point d’honneur à aller le dimanche matin rendre visite à ses patientes à la maternité de Lamballe.Toutefois, ses absences aux déplacements sont compensées par les résumés des matches, largement commentées dans Le p’tit Canard : SON P’tit Canard .

Le PETIT CANARD

La période de 1953 à 1959,  pendant laquelle il n’est  pas élu au conseil municipal,  lui donne l’envie de créer un petit journal.Tapés avec deux doigts sur une vieille machine à écrire anglaise, les textes sont reproduits manuellement en passant le rouleau typographique feuille par feuille, opération qui encombrait chaque semaine la cuisine familiale. Et le « P’tit Canard » est très attendu. Preuve de sa notoriété croissante, il a rapidement fallu faire l’acquisition d’une machine Ronéo bien plus moderne, car il suffit de tourner une manivelle … La première page est consacrée à l’éditorial. Construit comme un billet d’humeur, Jo relate à sa manière un événement national d’actualité. Puis, figure ensuite un état civil très détaillé et quelquefois commenté. La page arrière est occupée par les « Verts et Blancs » de l’US Erquy. De nombreuses « brèves », quelques histoires drôles viennent compléter le  P’tit Canard  dont le tirage a atteint 400 exemplaires. L’hebdomadaire sort immuablement le vendredi soir pour être distribué sur le marché du samedi matin, un temps  par Claudine Rollier. Un dépôt à la maison de la presse et quelques abonnements à des réginéens éloignés de leurs racines ou encore à quelques « hors venus » désireux de rester en contact avec leur ville de cœur, complètent le panel de lecteurs assidus. Enfin, tous les ans à l’approche de la fin d’année, le bal du  P’tit Canard  attire les foules à la salle des fêtes d’Erquy.

Jo Velly, personnage attachant, médecin réputé, toujours disponible pour tous, engagé au quotidien dans sa ville pour ses concitoyens est décédé en 1993. La maison de la rue Guérinet existe toujours et nul doute que, à la lecture de cet article, nombre de lecteurs se souviendront de leur passage en son cabinet où les discussions allaient souvent bon train dans la salle d’attente.

J.-L. Rohou

Le Docteur Paul Dayot

                                           

A partir des années après-guerre, deux médecins ont marqué les habitants : les Docteurs Paul Dayot et Jo Velly, qui visitaient et soignaient les patients d’Erquy,de Pléhérel, de Plévenon, de Plurien, de Saint-Alban.

Paul Dayot est né en 1899 à Ker Eole, dans la maison rue de la Corniche qui appartient toujours à la famille Dayot ; il était le fils de René Dayot, lui-même médecin, et de Jeanne Pasturel qui eurent trois enfants : Jeanne, née en 1895, qui épousa Monsieur Marbaud de Brénignan, René né en 1898 et décédé à l’âge de 23 ans de cardiopathie et Paul, né en 1899.

Dr René Dayot

La famille vivait à Ker Eole lorsque survint, en 1904, un incendie qui détruisit les écuries, sans faire de dégâts autres que matériels : les chevaux furent évacués à temps ! C’est d’ailleurs à la suite de ce sinistre que fut créé le corps des pompiers par le Docteur René Dayot.

Après cette date, la famille Dayot emménagea au Manoir de la Ville Rogon, propriété de la famille Pasturel.

La Ville-Rogon

Paul faisait des études qui le destinaient à devenir médecin, comme son père et son grand-père avant lui et comme son oncle Hippolyte, frère de René, chirurgien à Rennes. La guerre l’obligea à partir en Allemagne, comme beaucoup de jeunes gens de son époque, entre les deux baccalauréats. A son retour, il termina ses études de médecine à Rennes et logeait chez son oncle Hyppolite qui n’avait pas d’enfants. Il débuta sa vie professionnelle en faisant des remplacements autour de Rennes et vint s’installer à Erquy en 1929, à Ker Eole qu’il ne quittera plus jusqu’à sa retraite en 1979. Cinquante ans de dévouement au service des patients

Ker Éole

Paul Dayot a épousé Alice Tassel en 1930, ils eurent quatre enfants : Marie-Louise née en 1932, Paul-Laurent né en 1935, Anne-Marie, née en 1943 et Pierre-Yves né en 1948.

Paul était un médecin connu et apprécié de tous ses patients pour ses compétences, sa gentillesse et son humour. Qui ne se souvient pas de ses nombreuses imitations de quelques personnages typiques d’Erquy ?Il pratiquait aussi le dessin, activité qui lui procurait détente et évasion. Qui ne se souvient le voir, tout en discutant, dessiner instinctivement sur un coin de table, sur un papier posé là, un bateau, un paysage, une charrette ou autre partie du décor environnant ? Certaines de ces « œuvres » sont peut-être toujours en possession de certaines familles.

Son fils, le Docteur Paul- Laurent Dayot se souvient d’anecdotes et nous en a raconté quelques-unes : « Mon père allait en motobécane puis en vélo pendant la guerre (plus d’essence) pour pratiquer des accouchements ou autres visites et actes médicaux, à Plévenon, Saint-Alban ou plus loin encore. Il lui arrivait parfois de dormir sur place pour éviter d’être dehors pendant le couvre-feu. Le téléphone n’était pas un équipement dont tout le monde disposait : il fallait connaître et utiliser les « points téléphone » sur la route de La Bouillie, de Pléhérel, de Plurien, de Plévenon, chez quelques particuliers qui possédaient ces appareils, souvent des commerçants. Des accouchements ? on peut calculer qu’il en a fait quelques milliers pendant toute sa carrière.  Les patients, à cette époque, pouvaient développer des pathologies lourdes qui demandaient un grand suivi. En effet, les médecins dits « de campagne » soignaient, sans le recours des antibiotiques arrivés seulement en 1947, des maladies comme les pneumonies, la diphtérie, la typhoïde, la tuberculose, les maladies infantiles, patients qui rejoindraient l’hôpital de nos jours. Ils s’occupaient aussi des accidentés, nombreux dans nos campagnes. »

Avec ses deux fils, tous deux devenus médecins également, la tradition s’est perpétuée : Paul-Laurent a débuté sa carrière à Erquy en 1966 et a travaillé pendant cinq ans avec son père à Ker Eole puis s’est ensuite installé un peu plus bas dans sa maison de la rue de la Corniche. Leur collaboration familiale aura duré treize ans au total, jusqu’en 1979, date de la retraite de Paul qui décédera en 1982, année de l’installation à Erquy de Pierre-Yves, devenu à son tour médecin. Ensuite, Paul-Laurent et Pierre-Yves ont collaboré durant treize autres années, jusqu’à la retraite du premier en 1998. Pierre-Yves a continué d’exercer son activité jusqu’en 2019. Il est décédé en 2020. Son départ brutal a plongé dans la tristesse bon nombre de Réginéens.

Pierre-Yves Dayot
Paul-Laurent Dayot

Paul-Laurent et Pierre-Yves ont aussi été durant leur carrière, médecins Capitaines des Pompiers.

En évoquant la famille Dayot, on pourrait presque parler d’une dynastie de médecins qui aura marqué profondément les habitants d’Erquy et des communes alentour. Et la succession est assurée par la petite-fille de Paul, médecin, et une de ses arrière- petites-filles qui se destine également à la médecine.

                                  

(Remerciements à Dany Dayot, épouse de Pierre-Yves et à Paul-Laurent Dayot pour leur collaboration à ce texte et à tous les documents fournis)

Maryvonne Chalvet et Camille Brouard

Une anecdote qui m’a été racontée : le docteur Dayot, lorsqu’il auscultait une femme enceinte, avait l’habitude de lui dire avec force conviction le sexe de son futur enfant. Et il inscrivait sa prédiction sur un carnet qui ne le quittait pas. À la naissance, il avait une chance sur deux d’être considéré comme un mage… ou comme un piètre devin. Et dans ce cas, il sortait son carnet et, très fièrement, disait : « Mais non, j’avais bien raison, regardez, c’est inscrit dans mon carnet… » Il fallait en effet savoir qu’il y notait invariablement le contraire de ce qu’il avait prédit !  (Jeanine Fassier) 

Et le témoignage bien émouvant relaté par Liliane Lemaître :

Merci pour ces souvenirs du docteur Dayot. J’en suis encore émue car maman disait qu’il était un peu mon « père ». Non seulement, il m’a mise au monde avec beaucoup de peine mais il a bien cru que malgré ses efforts, le bébé ne survivrait pas à l’accouchement. Point de pleurs à la naissance. Le médecin était pourtant habitué à ce flot de petits baby-boomers! Mais l’enfant ne bougeait pas… Le docteur s’était pourtant donné toutes les peines du monde pour ramener la petite à la vie. Je fus donc un bébé « secoué ». Mais rien! Le bilan n’était pas rassurant. Si l’enfant persistait dans son mutisme, il y avait de fortes chances pour qu’il soit atteint de « la maladie bleue »… Il valait mieux ne pas insister et le laisser à son triste sort!  Harassé et découragé, les vêtements trempés par les efforts déployés pour secourir l’enfant, le médecin regagna son domicile. Son fils, Paul-Laurent s’en souvient encore aujourd’hui…

  Mais le bébé capricieux, après avoir fait tourner son monde en bourrique, avait décidé de donner une sérénade et de « brailler » toute la nuit ! Ce que les parents écoutèrent avec ravissement… Le docteur, soulagé, se souvint longtemps de cet accouchement difficile et se félicita des efforts déployés.

  Aujourd’hui, je rends grâce à ceux qui n’ont pas épargné leur peine pour aider et donner la vie, jusqu’à la limite de leur force.

Ô pins

Respire ! Respire !

 Sens-tu leur parfum, leur forte odeur résinée ? C’est celle de la santé. Celle qui doit t’accompagner en gonflant tes poumons d’un souffle puissant et limpide.

  Vois comme ils sont beaux ! Tous différents les uns des autres… Droit comme les colonnes du ciel, celui-ci en impose et celui-là, oui … le petit, tout tordu par les grands vents marins ! A combien de tempêtes a-t-il résisté ? Tous méritent notre respect. Tous ont leur dignité.

  Chaque arbre est sacré. Honni soit celui qui s’attaque à l’arbre et le considère comme un morceau de bois, un objet méprisable…

  Non. Il n’y a pas d’arbres mineurs. Ils produisent de l’oxygène, purifient la qualité de l’air et protègent les sources. Ils nous ont toujours apporté le réconfort de leur ombre tutélaire et le ramage de leurs hôtes. L’écureuil y bondit dans sa fuite rousse. Le pic martèle obstinément son écorce, tandis que chante l’oiseau siffleur.   Pas question de détruire tout cela pour céder la place à quelque sinistre facétie !

   » La nature est un temple où de vivants piliers

Laissent parfois sortir de confuses paroles.

L’homme y passe à travers des forêts de symboles

Qui l’observent avec des regards familiers. 

  Chacun gronde et manifeste son hostilité lorsqu’on l’abat ! »

  Les anciennes générations ont accompagné les grands arbres, fait griller leurs châtaignes et réchauffé leurs fagots dans leur âtre… On les a toujours connus. Les arbres eux-mêmes, si démunis de protection savent pourtant communiquer entre eux par des réseaux subtils et naturels comme les racines et les champignons…

 Pourtant l’homme se croit tout permis et a toujours accéléré la déforestation dans tous les pays. C’est une incontournable question d’intérêt !!!

  Les landes ont été réduites à l’état de marécage avant que l’on y replante des pins plus robustes et producteurs de résine… Les détracteurs du pin évoquent pourtant son caractère non « endémique ». Avant que les landes soient réduites en désert, toutes les espèces végétales y proliféraient  !  Notre pin maritime s’est bien acclimaté à nos côtes bretonnes et lui donne un charme qui enchante les peintres. Je pense par exemple aux toiles d’Hamonet, émaillées de pins tourmentés et de touffes de mauves bruyères…

   Et les chenilles processionnaires ?  Certes, elles sont présentes et dangereuses c’est pourquoi il faut les éradiquer dès la jeune formation de leurs cocons sur les arbres bas. Les bestioles sont encore petites et dépourvues de poils urticants. Bientôt, elles graviront les cimes et on ne pourra plus les capturer à l’aide de l’échenilloir. Un sac poubelle suffira à récupérer le cocon qui sera ensuite brûlé en déchetterie.

   Respire ! Respire !

   Comme beaucoup d’autres à cette époque, ma famille fut longtemps décimée par la tuberculose.

  Ce fut d’abord la jeune sœur de mon père qui fut emportée à l’âge de dix ans, puis la jeune femme de mon grand père qui partit à vingt huit ans. Celui- ci, touché par le fléau, se retrouva bientôt en sanatorium, mais il avait décidé de vivre et de ne pas se laisser faire. Mis à la retraite d’office, ce jeune chef de brigade avait la tête dure et lorsque le médecin lui recommanda de s’éloigner de la mer, il s’installa aussitôt dans le petit village de Tu-ès-roc bien décidé à en découdre avec ce foutu mal.

  Il a donc loué un joli terrain, planté de pins dans les bois du Guen et y a installé son campement. Une petite cabane pour se protéger des ardeurs du soleil et du vent et un hamac, confectionné dans une vieille toile de bateau. Il faisait là de longues siestes. Il avait également planté quelques légumes et semé du grain pour ses poules… Dorlotant ses poumons, sa santé s’est peu à peu améliorée et les crises de toux se sont espacées. Le jardinage et la pêche à pieds lui ont assuré un modeste revenu. Grand père avait cependant le sens des affaires et ne fut jamais dans le besoin.

Respire ! Respire !

Disait ma mère qui n’avait pas été épargnée par la maladie.

  Nous aimions nous promener dans les bois du Guen dont nous suivions les sentiers jusque la plage du Portuais parmi les pins tordus…

   Aujourd’hui encore, les sentiers sont fréquentés par les promeneurs et l’on essaie de protéger les pins contre l’invasion des chenilles.

   Respire ! Respire ! Protégeons nos grands pins. Ils appartiennent à notre patrimoine.  

Liliane Lemaître

La pilerie

Fabrication du cidre autrefois dans les fermes d’Erquy

                    

Le ramassage des pommes

En octobre et novembre, il fallait ramasser les pommes tombées. Celles qui étaient restées accrochées aux branches, à l’aide d’une grande perche étaient « hoblées » (gaulées). Les pommes étaient ramassées dans des paniers d’osier ou « bines », puisétaient versées dans des « pouches », sacs en toile de jute. Le ramassage était un travail assez pénible qui provoquaient des courbatures et des « onglées », quand il fallait prendre ces fruits dans l’herbe humide et parfois blanchie par les premières gelées. Pour nous réchauffer nous nous « battions ». Cet exercice consistait à écarter les bras puis les refermer vigoureusement en battant nos côtes avec nos mains. C’était très efficace, nous appelions cela une fouée de matelot.

Ensuite les pommes étaient stockées en vrac dans un parc en plein air pendant plusieurs jours à proximité du moulin à pommes avant le broyage .

Le broyage des pommes

         Les pommes étaient tout d’abord broyées dans la trémie. C’était un travail pénible, que le moteur électrique a facilité. Le moulin à pommes, fixé au sol, était intercalé entre le pressoir et le tas de pommes. Il était manœuvré par deux personnes, une de chaque côté, qui, en tournant un grand volant, permettaient au moulin d’écraser les pommes. L’un des volants étaient conservés . servait de poulie, et l’autre maintenait l’équilibre. Sous le moulin, était placée une grande auge en bois appelée « pile », de trois ou quatre mètres (de la largeur du moulin), dans laquelle on récupérait le pommard, les pommes broyées, à l’aide d’une pelle rectangulaire avec rebords. On les transportait ensuite sur le pressoir.      

Le moulin
La trémie

Le pressoir

         Le pressoir, en bois à l’origine, a été remplacé par du béton au fil des années. C’était beaucoup plus solide et cela demandait moins de préparation. Une vis sans fin était scellée verticalement en son milieu et un « vire » descendait à la demande afin de presser la motte.

       

 Fabrication de la motte              

Elle était constituée de huit à dix couches de pommard d’environ dix centimètres d’épaisseur, intercalées en quinconce par une petite couche de paille de seigle ou de blé. Le seigle ou le blé était semé spécialement pour la fabrication du cidre et ramassé à la main. Chaque couche de pommard était tassée à la main par la personne préposée à cette tâche, une équerre ou un carré permettait de faire des couches régulières.  Une fois la motte terminée, des planches étaient posées sur cette dernière comme un parquet, quatre tains (pièces de bois) étaient rajoutés, deux de chaque côté et deux autres dans le sens inverse, à un centimètre de chaque côté de la vis. Cela permettait de recevoir le vire en le pressant légèrement puis de plus en plus fort. Il descendait par un système de clavettes en va-et-vient, soit horizontalement, soit verticalement, à l’aide d’une grande barre de fer et plusieurs fois par jour. La motte était pressée pendant deux à trois jours. Le jus de pommes coulait dans le cuvier et était ensuite versé dans un fût.

   Puis la motte était démontée, remise dans le moulin puis  broyée une autre fois. Quand la pile était pleine, il fallait mouiller le pommard avec un peu d’eau, refaire la motte à l’identique afin de la presser à nouveau. Une fois la motte bien serrée, on enlevait les tains et les planches et, à l’aide d’un grand couteau, découper une bande tout autour de la motte, la mettre sur le dessus  ainsi que  les planches, les tains, resserrer le vire afin d’extraire  le dernier suc. C’était un travail long et fatiguant et c’est pour cela que les quelques personnes qui font encore du cidre de nos jours ont recourt à une presse.                                                       

Les fûts

      Avant de remplir les tonneaux, il fallait pratiquer des soins tout particuliers : lavage, on allumait quelquefois une mèche de souffre pendue à l’intérieur du fût. Ces actions avaient une influence sur le goût du cidre (« mauvais fût, mauvais cidre ! »). Pour remplir les fûts, on utilisait un grand entonnoir en bois épousant la forme arrondie, emboîté dans l’orifice de la bonde afin de recevoir les seaux de jus de pomme puisés dans le cuvier. Il ne fallait jamais remplir le tonneau à cause de la fermentation.

Couteau pour couper la motte     

             

Une barrique

La fermentation et le soutirage

       Dans le tonneau, il  bouille  c’est-à-dire qu’il fermente. Par la bonde laissée ouverte, sort une mousse épaisse et colorée contenant pectine et déchets. Quant à la lie, le résidu de pomme, elle se dépose au fond du tonneau.

         Quand la déjection (opération qui a pour but d’éliminer les impuretés d’une solution) était terminée, il était temps de procéder au soutirage. On recueillait le cidre devenu limpide et on jetait la lie restée au fond du tonneau que l’on nettoyait alors à grande eau avant de le remplir à nouveau jusqu’à la bonde. Cette opération s’effectuait de préférence en lune croissante (entre la nouvelle lune et la pleine lune) Le cidre limpide commençait sa deuxième fermentation, la fermentation alcoolique, c’est-à-dire la transformation du sucre en alcool, sous l’action des levures naturelles. Cette fermentation devait être lente. Pour cela, les fûts devaient être bien pleins à l’abri de l’air et dans une cave bien fraîche. Si le niveau du cidre baissait, on le complètait avec du bon cidre ou de l’eau. On peut effectuer alors un deuxième soutirage pour ralentir encore la fermentation, mais il faut le faire par temps clair.

         L’avancée de la fermentation alcoolique était surveillée en  pesant le cidre  au moyen d’un densimètre à cidre qui mesure la richesse de ce dernier. Il indiquait en général 1070 à la sortie du pressoir puis le cidre passe à 1030 (cidre doux) 1020 pour le cidre demi-sec et 1015 pour le cidre sec.

         On choisissait à quel moment mettre le cidre en bouteille selon le produit souhaité et on le faisait généralement en lune décroissante (entre la pleine lune et la nouvelle lune) on choisit également de la faire par temps clair.

         Il était de coutume de se retrouver dans le cellier ou comme on disait « au cul du fût », pour boire une bolée, tirée à l’aide de la chantepleure, dans un verre entreposé retourné sur le dessus de la barrique. Toutes les personnes buvaient dans ce même verre qui n’était jamais lavé, jamais désinfecté. Souvent, des problèmes étaient résolus, des ventes et des achats étaient conclus en ce lieu.

Un densimètre

         Voici quelques grandeurs de fûts :

:

                  barri                            20   ou 30   litres

                  ½ barrique                    110   litres

                  1 barrique                     220    litres

                  5/quarts                                 275    litres

                  1 barrique ½                  330   litres

                  fûts de 2 barriques                  440    litres

                  fûts de 5 barriques          1100   litres

                                           

Texte de Camille Brouard et Christian Fremont (avec le concours de Yves Gorin)

                          Sources : « La Bretagne au bon vieux-temps » de Marcel Alory

                          Photos : « Le cidre à l’ancienne ».                                      

Aux 2, 4, 8, 10 rue des Hôpitaux

Au 2 rue des Hôpitaux.

Actuellement maison d’habitation.

Au début du siècle, et jusqu’à la mise en service du train départemental en 1922, c’est là qu’arrivait la patache à deux chevaux de M. Garnier en provenance de la gare de Lamballe. (Voir notre article dans le bulletin n°1 page 18).

M. Garnier était aussi marchand de bois et charbon. Son nom figure à plusieurs reprises dans les registres du Conseil Municipal : en août 1906 pour accorder à son fils Alexandre une dispense (de service militaire ?) de treize jours considérant qu’il est à la tête d’une entreprise de voitures et que le travail pour lui est en ce moment très pressant à cause des baigneurs, a reçu un avis favorable. Et en 1914, pour le prier de dresser la terre qu’il a déposé sur la route de la côte Notre-Dame, l’étendre de façon a rendre cette voie plus praticable de même que sur la route des Hôpitaux, il devra enlever le fumier.

Dans les années 1960 : Auto-École, tenue par M. Pennec.

Par la suite (en quelle année ?), André Collet, plombier, a ouvert un magasin d’électroménager avant de s’installer rue Notre Dame

Au 4 rue des Hôpitaux.

Actuellement Maison d’habitation.

Jusque les années 1950, Marie Renault était repasseuse ; sa spécialité était les robes de communion en organdi qu’elle empesait et repassait.

Au 8 rue des Hôpitaux

Actuellement maison d’habitation

Blanchisserie-pressing, tenue par Mme Briend.

Au 10, rue des Hôpitaux.

Actuellement boulangerie fermée.

Avant 1914 : Boulangerie BRIEND.

Aimé Briend (7 mai 1872- 21 décembre1941), dont le père était meunier a d’abord tenu là une boulangerie. Mais, il a dû cesser cette activité pour raison de santé du fait de l’incompatibilité avec la farine et ses poussières ; et se reconvertir dans le négoce de pommes de terre – qu’il expédiait par bateau depuis Erquy, Le Légué et Port-Nieux.

De 1914 à environ 1950 : Boulangerie Le Monnier.

Pub 1914

Le Monnier, boulangers – père et fils… La famille se composait de quatre enfants : André, Madeleine (Tillon), Marie (Douriez) et Marcel.

Le fils André a été déporté suite à une dénonciation en 1943. Il est rentré en 1945 : une petite fille est née, prénommée France- Aimée-Victoire-Désirée. André et Augusta avaient déjà deux fils, André et René.

France dans les bras de sa mère Augusta

Boulangerie Prigent :

pub 1960

Ensuite se sont succédé :

Daguet : 1992-2002

MIlliner : 2002 2005

Ty Bara, Calvez : 2005 2022