Suite a la fermeture de la ligne de chemin de fer Saint Brieuc-Matignon en fin 1948,
l’espace rendu libre retrouve des activités particulières.
Vers 1950, l’entreprise Eugène Morin. s’installe coté Est; ce n’est pas un grand chantier mais un simple petit bâtiment en bois,toujours ouvert. Nous, les gamins du quartier, allions le voir sculpter ses monuments funéraires et ses plaques de souvenirs. En son absence, même si la porte restait
ouverte, nous regardions sans toucher à quoi que ce soit par peur de nous faire houspiller.
En 1951, lors des travaux de construction de la mairie et de la poste ainsi que du
collège, tous les arbres et une grande partie des déchets de terrassement furent entreposés
derrière le bâtiment de l’ancienne gare : ce fut pour nous un terrain de jeux extraordinaire –
cabanes, parties de cache-cache, de gendarmes et voleurs, cachette pour pouvoir fumer une
cigarette – une « P4 ». Cet emplacement a toujours été le terrain de jeux préféré des enfants du quartier. La seule partie herbeuse surplombant la route départementale 186 et qui avait résisté à tous ces
chamboulements nous servait de terrain de foot ; aujourd’hui les footballeurs en herbes ont
été remplacés par des châtaigniers. Par contre les plus petits traversaient les mares d’eau
avec leur vélo un bonheur.
L’ancien bâtiment de la gare était transformé pendant la saison estivale en dépôt et
expédition de colis et bagages ses derniers qui arrivaient de Saint-Brieuc par un camion de la
C.A.T. M. Gicquel, responsable du dépôt arrivait par le car de la C.A.T. du matin; comme
le local n’avait aucun confort, il prenait ses repas du midi au Café de l’Arrivée, qui a
l’époque recevait avec ses provisions, et rentrait à Saint-Brieuc par le car du soir. Les
bagages, colis et autres marchandises étaient triées avant que M. Pierre Garnier
assure la distribution chez les destinataires avec son camion. Nous aimions regarder M. Gicquel coller les étiquettes, muni de sa boîte de conserve pleine de colle et de son pinceau, vigilant à ne pas se tromper sur la destination. Il aimait discuter avec nous; il devait trouver le temps moins long…
Du côté Ouest, nous avions l’habitude de rentrer de l’école par l’ancienne gare, mais très
souvent, nous étions empêchés par la peur: les gens du voyage – les bohémiens comme l’on
disait à l’époque – y établissaient leurs quartiers, parfois pour plusieurs semaines. Les chiens, les
chevaux, les habitants des roulottes nous faisaient peur, alors nous changions de route.
Au cours de l’hiver et au printemps, un couple (Job et Marie )venait coller sa
roulotte le long du bâtiment pour être à l’abri du vent et, étant au sud, pouvait profiter du
soleil. Job était le conducteur d’un cylindre « Richier » utilisé par les Ponts et Chaussées sur
tout le canton. La roulotte était toujours propre et fleurie. Quand Job faisait l’entretien de
son cylindre, il aimait nous expliquer la commune où il travaillait, la vitesse de son engin, le
temps de son séjour sur Erquy. Un couple charmant et d’une extrême gentillesse.
Les Ponts et Chaussées se servaient de cet espace vacant pour entreposerdes tas de gravillons et graviers ainsi que des fûts de goudron nécessaire à l’entretien de nos routes.
Un drôle d’engin stationnait toute l ‘année à divers endroits, c’était la remorque
(chèvre) de l’entreprise Mascard Allez qui n’était pourvue d’aucun système hydraulique et dont toutes les manœuvres se faisaient à la force des bras de deux employés, les frères Blanchet: ceux-ci devaient livrer des poteaux électriques fabriqués à Quintin dans le département et parfois en dehors.
Une équipe de l’entreprise Allez devant cet engin
Dans les années 1960, le chauffage au fuel se développant, l’entreprise de plomberie Collet père et fils, faute de place stockait dans son hangar ses lourdes cuves noires sur le quai de déchargement avant de
les livrer à leurs destinatairesDans les mêmes années, au début des fêtes de le Saint-Jean, le « Rieu » (feu de joie), avait lieu au bout de la rue Notre Dame : le comité de la fête avait réussi à faire goudronner
une petite partie de cette esplanade pour que les danseurs aient un endroit à peu
près correct pour profiter de ces soirées et danser jusqu’au bout de la nuit.
Mais dans les années 1965 un grand projet va bouleverser la vie de cet endroit : la
municipalité décide d’aménager cet espace, ce terrain étant devenu bien privé communal après la disparition du chemin de fer départemental. Deux parties dans ce projet: un jardin public avec des espaces plantés ou gazonnés, aux reliefs accentués, isolés les uns des autres, des emplacements pour jeux d’enfants pourvus de matériel rustique pour les jeux, ainsi que des bancs pour les parents en bordure du jardin, des cours de repos d’où l’onpourra admirer la baie d’Erquy; mais aussi une partie privative : la municipalité souhaitant regrouper les différents services, un bâtiment doit être édifié. L’aménagement est confié à M. Cholet, architecte
de Rennes et les gros œuvres à la C.M.A. De Saint-Brieuc. Trois travées pour les sapeurs- pompiers, les deux autres pour les services techniques, ainsi que deux logements seront attribués à
deux sapeurs-pompiers afin que ces derniers assurent l’appel téléphonique du 18 qui arrivait
à la mairie. Par la suite les deux services se développent , après la construction du sloop « la
Sainte Jeanne » le hangar sera reconstruit à la ville Louis tous les services techniques y seront regroupés.
Par la suite, coté est, un transformateur électrique sera implanté en bordure de la
route départementale 786.
En 1991 derrière le centre de secours un boulodrome couvert est édifié: ce bâtiment
comprenait à l’origine deux allées ainsi que des sanitaires et un club-house. L’union bouliste
aménagera six allées à l’extérieur, dernièrement une troisième allée sera créée et la couverture du
local refaite et isolée. La construction du boulodrome a été effectuée par les employés
municipaux avec l’aide de bénévoles des boulistes.
Christian Frémont.