
Médecin. Conseiller Municipal de1947 à 1953 puis réélu en 1959 dans la liste minoritaire jusqu’en 1971, enfin Conseiller municipal et adjoint au Maire de 1971 à 1985. Président de l’Amicale Laïque, Président puis Vice-président de l’US Erquy. Croix de Guerre 39-45. Médaille de la Résistance
Joseph-René Velly est né le 9 mai 1918 à Plogoff. Son père travaille dans les « indirects » comme on dit à l’époque. Il est fonctionnaire des Impôts et, au gré de ses mutations, la famille se retrouve à Pontivy. Jo Velly étudie au lycée de la ville. Après des études à la Faculté de médecine de Rennes, il se retrouve à Brest au début de la guerre en qualité d’interne à l’hôpital maritime. Il se marie en 1939 avec Jeanne (dite Suzanne) Stephan, qui a suivi à Rennes des études littéraires – hypokhâgne et khâgne. Leur fils Daniel voit le jour sous les bombes de Brest le 9 novembre 1940.
Les bombardements incessants de la cité portuaire devenant trop dangereux, mère et fils se replient à Pontivy où les accueillent les grands-parents, très impliqués dans la Résistance. Cela vaut au grand-père de se retrouver à la prison de Rennes et au frère de celui-ci d’être déporté à Buchenwald. Femme discrète, éloignée de son mari, Suzanne suit les traces de la famille et entre, elle aussi, en résistance. Pour son courage, elle sera décorée de la Croix de Guerre. Le docteur Velly continue à exercer à l’hôpital de Brest. Il entre lui aussi en résistance en aidant, cachant, soignant ses compatriotes et autres soldats blessés et /ou recherchés. En 1944, le service le détache en qualité de médecin sur l’île de Ouessant, mission au cours de laquelle il participe au secours de l’Enez Eussa, bateau-navette entre l’île et le continent qui vient d’être mitraillé par les Anglais. Son certificat de chirurgien lui est utile pour opérer au plus vite les civils et les soldats allemands blessés au cours de cette attaque. Cette histoire a une suite puisque, plusieurs années après, il a eu la visite de son confrère allemand avec lequel il avait collaboré pour sauver des vies. Puis à la Libération, Jo part avec les FFI – Forces Françaises de l’Intérieur – rejoindre le front de Lorient où la bataille fait encore rage. Il s’occupe d’un hôpital de campagne et soigne tant les soldats de la « poche de Lorient » que les résistants du fameux maquis de Saint-Marcel. Parmi les forces qui luttent sur place contre les Allemands figure le 14ème « Bataillon Rangers » né à la suite de la libération du Cap Fréhel dans lequel sert André Collet originaire d’Erquy. Il rencontre le docteur Velly, lui parle d’Erquy où le docteur Dayot est seul à exercer et tente bien sûr de le convaincre de venir s’y installer… malgré l’insistance des Ouessantais pour le faire revenir sur l’île.
L’HOMME ENGAGE
En mai 1945, le couple Velly visite Erquy et, en novembre de la même année, le Docteur Velly pose sa plaque au 2 rue Guérinet, adresse qu’il conservera toute sa vie.
Durant ses études à Rennes, ses activités extra-universitaires sont déjà orientées vers l’assistance de ses semblables. En sa qualité de Consul de la République Espagnole, il s’occupe activement des réfugiés.Foncièrement de « Gauche », Jo Velly est encarté à la SFIO, puis au PSU avec le Maire de Saint-Breuc, Yves Le Foll. C’est tout naturellement qu’il se présente en 1947 aux côtés du Maire d’Erquy, M. Guégan, et devient son adjoint. Six années plus tard, en 1953, le Ministre Cornu brigue le mandat de Maire et l’équipe en place est entièrement « balayée ». En 1959, il retente sa chance. Au premier tour, le ministre Cornu repasse avec tous ses colistiers sauf 1 : André Collet – encore lui- est mis en ballotage. Le 2ème tour l’oppose à Jo Velly qui est élu et devient le seul conseiller municipal de l’opposition. Il faudra attendre 1971 et le retrait de M. Cornu de la vie publique pour voir l’équipe menée par Jo Velly remporter la Mairie. Bien que tête de liste, conscient du travail important que le poste de Maire nécessite, il avait préparé ses arrières et emuvat(22) est devenu Maire d’Erquy. Il le restera jusqu’en 1985.
Quelques actions menées par Jo VELLY
- Collège THALASSA : dès son élection en 1947, il est à l’origine de l’ouverture d’une classe mixte complémentaire à ERQUY – voir blog Mémoire d’Erquy sur le collège THALASSA-
- L’arrivée du manège FIGUIER début des années 1970 – voir CAP MAGAZINE n° 61-
- Jumelage ERQUY OUPEYE 1978/
Extrait Ouest France :
« Du 19 au 23 septembre 2013, Erquy accueille une délégation de près de 70 Belges, qui viendront de la cité jumelle d’Oupeye pour célébrer le 35e anniversaire du jumelage. Une histoire née d’une rencontre et d’une amitié entre le docteur Jo Velly, à l’époque premier adjoint au maire, et le Belge Henri Novak. »
« Le café du centre était alors leur quartier général, devenant très vite, pour tout le monde, le café des Belges, se souvient Yannick Morin l’actuel président du comité de jumelage. Très vite, les deux collectivités se sont rencontrées pour mettre en place un échange. Le maire réginéen était Joseph Erhel, et son homologue belge, M. Michaux. Les familles se recevaient régulièrement. »
Jo Velly et l’amitié
Était-il possible de ne pas apprécier Jo Velly ? Unanimement reconnu comme une personne au contact facile et toujours prêt à rendre service, le Docteur Velly aime se plonger dans la vie locale et être au contact de ses concitoyens. A l’époque, pas de réseaux sociaux pour pouvoir faire le tour du monde sans bouger de sa maison. Les bistrots des communes de France sont les lieux privilégiés pour se réunir et échanger. Parmi ces soirées conviviales passées au Café du Centre chez Claude Briend , on peut citer les vernissages des expositions de son ami Maurice Bernard ou encore les discussions autour de son projet de jumelage d’Erquy avec Oupeye devenu très vite réalité. Il aime aussi retrouver Jacques Blouin au café Beauregard aujourd’hui disparu ou ses nombreux amis dans un des estaminets du port. Jo adore échanger avec ses amis autour d’un « chasseur de nuages » comme il appelait le whisky, sa boisson favorite.

Bien que disponible 24/24H, Jo a aussi quelques loisirs. Il s’adonne volontiers à la cueillette des champignons. Chasseur occasionnel, plus pour promener son chien et pratiquer la marche, il aime vraiment la pêche à la ligne, passion qu’il partage avec son fils. Lors de ses tournées vers Hénansal et Hénanbihen, il dépose parfois Dani, canne à pêche à la main, au petit pont entre la Bouillie et Hénanbihen pour le reprendre une fois sa tournée terminée à la carrière des Vaux à Hénansal.
Le Président de l’US Erquy
Mais, tout au long de sa vie réginéenne, il restera très proche de l’US Erquy. C’est le seul club de la ville, au contraire de beaucoup d’autres bourgades qui possédaient 2 clubs aux teintes « opposées », appelés, selon son penchant politique ou religieux ,le « club des curés » ou le « club du diable ». Point de cela à Erquy où le bureau de l’USE dirigé par l’abbé David, président, comporte 2 vice-présidents : Jo VEelly président de l’Amicale Laïque et M. Jaumet encore plus à gauche sur l’échiquier politique. A cette époque, l’US Erquy connait son heure de gloire. Évoluant dans les divisions supérieures régionales, les adversaires sont à Brest, Morlaix et même Penmarc’h à la pointe sud du Finistère. Le plus court déplacement est à Rostrenen situé à une bonne heure de route. Lorsque les 22 joueurs – l’équipe 1ère et la « réserve » – et les nombreux accompagnants se déplacent chez l’adversaire, il doivent parfois quitter Erquy dès 7h30 du matin. Longue journée en perspective… Le docteur Velly participe très rarement aux déplacements.. D’autant plus que, depuis que les accouchements deviennent plus rares au domicile, il se fait un point d’honneur à aller le dimanche matin rendre visite à ses patientes à la maternité de Lamballe.Toutefois, ses absences aux déplacements sont compensées par les résumés des matches, largement commentées dans Le p’tit Canard : SON P’tit Canard .
Le PETIT CANARD
La période de 1953 à 1959, pendant laquelle il n’est pas élu au conseil municipal, lui donne l’envie de créer un petit journal.Tapés avec deux doigts sur une vieille machine à écrire anglaise, les textes sont reproduits manuellement en passant le rouleau typographique feuille par feuille, opération qui encombrait chaque semaine la cuisine familiale. Et le « P’tit Canard » est très attendu. Preuve de sa notoriété croissante, il a rapidement fallu faire l’acquisition d’une machine Ronéo bien plus moderne, car il suffit de tourner une manivelle … La première page est consacrée à l’éditorial. Construit comme un billet d’humeur, Jo relate à sa manière un événement national d’actualité. Puis, figure ensuite un état civil très détaillé et quelquefois commenté. La page arrière est occupée par les « Verts et Blancs » de l’US Erquy. De nombreuses « brèves », quelques histoires drôles viennent compléter le P’tit Canard dont le tirage a atteint 400 exemplaires. L’hebdomadaire sort immuablement le vendredi soir pour être distribué sur le marché du samedi matin, un temps par Claudine Rollier. Un dépôt à la maison de la presse et quelques abonnements à des réginéens éloignés de leurs racines ou encore à quelques « hors venus » désireux de rester en contact avec leur ville de cœur, complètent le panel de lecteurs assidus. Enfin, tous les ans à l’approche de la fin d’année, le bal du P’tit Canard attire les foules à la salle des fêtes d’Erquy.

Jo Velly, personnage attachant, médecin réputé, toujours disponible pour tous, engagé au quotidien dans sa ville pour ses concitoyens est décédé en 1993. La maison de la rue Guérinet existe toujours et nul doute que, à la lecture de cet article, nombre de lecteurs se souviendront de leur passage en son cabinet où les discussions allaient souvent bon train dans la salle d’attente.
J.-L. Rohou