L’ABBE PROSPER DAVID (1908 – 1975)

 

 

   L’abbé Prosper David est né à Erquy le 8 mars 1908, décédé le 3 avril 1975 impasse Foch, toujours à Erquy ; il était le fils de Prosper David, mort pour la France le 6 novembre 1914 à Langemarck en Belgique, et d’Anne-Marie Guihot tenancière de débit de boisson rue Clémenceau à Erquy.

        Commerce des parents de l’abbé David

    Reconnu pupille de la nation le 17 mars 1921, Prosper fréquenta d’abord l’école communale, avant d’entre au petit séminaire de Saint-Brieuc où, disait-il, la vie était rude : il y avait souffert du froid et même de faim. Ordonné prêtre le 1er avril 1933, il fut professeur à l’école Saint-Charles avant d’être nommé vicaire successivement à Plumaudan, Lanrelas, Langueux et enfin Plérin au début de la Seconde Guerre Mondiale. Démissionnaire pour raison de santé le 1 février 1946, il se retire à Erquy, impasse Foch.

    Les archives de l’Évêché  conservent cet éloge qui lui a été consacré par Pierre Clément: L’abbé Prosper David a voulu travailler de tout son cœur jusqu’à l’épuisement de ses forces, à la construction de la Maison de Dieu parmi les hommes. Tous ceux qui l’ont connu savent que toutes ses possibilités étaient tendues vers Jésus-Christ. A sa manière, parfois très personnelle avec ses limites comme avec ses dons particuliers, il a essayé d’ouvrir à ceux qu’il rencontrait le chemin qui monte vers Dieu. « Bon pasteur », il le fut. Ordonné prêtre en 1933, lors du jubilé de la Rédemption, il avait en grande estime son sacerdoce. Que ce soit à St Charles, Plumaudan, Lanrelas, Langueux ou Plérin, partout il a travaillé courageusement. Dans toutes les paroisses, malgré sa faible constitution, il parcourt routes et chemins, pour visiter toutes les familles avec le secret désiré de connaître chacun personnellement. Homme de devoir pas toujours compris, il continue avec opiniâtreté son travail. Confident de tous, ami des pauvres et des malades qu’il comprend mieux, son âme sensible était douloureusement atteinte par la détresse des jeunes. C’est cette estime des jeunes qui le poussa, au cours de sa retraite à Erquy, à accepter la Présidence de l’U.S.E. Il fallait voir sur la touche ce prêtre tout courbé, au verbe haut, se défendre de son mieux pour encourager son équipe parfois impatient et nerveux, il lançait des invectives bien frappées, mais sans méchanceté. « Serviteur souffrant »,comme le Christ, il le fut une grande partie de sa vie. Ce que nous n’oublierons pas, c’est qu’il savait trouver une plaisanterie pour qu’on oublie sa souffrance. Il a voulu être fidèle à la pensée de son vieux Maître, le Chanoine Jégou, qui traduisait avec talent la vérité de tout apostolat :

Ces affamés du ciel!Le Maître te les donne

Vis pour eux,aime-les jusqu’au dernier soupir.

Fais les gestes divins!Souffre,guéris,pardonne.

Songe aussi que tu viens,comme lui,pour servir

          *

     Malgré son infirmité, l’abbé David aimait rendre services à toutes les personnes qui le lui demandaient, célébrer un baptême, un mariage, des obsèques… Après chaque cérémonie, il aimait rencontrer les familles pour un mot de réconfort, ou de joie, voir une plaisanterie.

L’abbé David célébrant un mariage en 1963

    Le matin il n’était pas rare voir ce prêtre courbé dans sa soutane noire revenant de l’église sa canne dans une main et son coffret à calice dans l’autre :  malgré l’autorisation de dire la messe à son domicile il aimait rejoindre le lieu de culte le matin lorsque la douleur lui était supportable.

 

Un coffret à calice

    Sur son chemin retour l’Abbé David parlait à tout le monde, en s’asseyant sur sa canne afin de se redresser pour regarder son ,interlocuteur, demandant des nouvelles des uns et des autres. Quand on le sollicitait pour visiter des malades ou des anciens c’était toujours avec un immense plaisir qu’il promettait de rendre visite, ce qui lui donnait l’occasion de sillonner en 4CV les chemins de campagne,  y compris des communes limitrophes. Son véhicule avait été adapté, au niveau aussi bien des pédales que du levier de vitesse lui facilitant ainsi la conduite.

Une 4cv Renault

    L’Abbé David était passionné de foot depuis sa plus tendre enfance, il a même été licencié. En arrivant à Erquy en 1946, la place de président de l’U.S.E, étant vacante il a été nommé Président, en 1945/1946 puis de 1958 à 1961. Il fallait le voir sur la touche encourageant son équipe, ou lors des mi-temps dans le vestiaire sollicitant l’un ou l’autre sur sa façon de jouer… le discussions étaient souvent houleuses mais toujours dans le respect de l’autre et la bonne humeur.

L’Abbé David entouré des dirigeants de l’équipe de foot L’U.S.E.

    l’Abbé David jouissait d’une grande popularité. Combien de parents dont les enfants avaient des difficultés en latin, en français ou encore en math faisaient appel à lui pour quelques cours particuliers ? Il accueillait ces jeunes pendant les vacances avec un immense plaisir.

    Bon vivant, toujours souriant (Liliane se rappelle son sourire « à la Voltaire »), se moquant volontiers de son infirmité, il aimait blaguer. Je voudrais, disait-il, que le tonnerre me tombe dessus ! Il parait que cela foudroie! Ou encore ceci : La bombe atomique est la plus grande découverte au monde ! (On s’étonne : Comment un ecclésiastique peut-il penser cela?) – Eh bien, oui, ni Monsieur le Recteur, ni Eugène Morin (pompes funèbres) ne feront des affaires : on meurt tous le même jour. On cite encore cette anecdote qui se passe sur la place du champ de foire de Lamballe : un homme se moque de l’abbé David qui tient un corbeau (il faut savoir que les prêtres à l’époque portaient la soutane et était familièrement appelé les corbeaux) : d’où la réplique de l’abbé : quand les corbeaux arrivent la charogne n’est pas loin

    Un souvenir personnel de Patrick enfin : c’est l’abbé David qui m’a fait passer mon examen de 1ere communion qui s’est terminé par des questions de foot… Résultat 1er ex-aequo avec Daniel Mehouast, de l’école publique – qui, lui aussi, aimait ce sport. Le catéchisme se faisait à l’église le dimanche avant les vêpres. Une fois, j’avais demandé à l’abbé Méléard de sortir à la fin du « caté » pour un besoin urgent ; l’abbé m’avait dit oui à condition de laisser mon missel sur le banc. Une fois dehors, direction le stade où se jouait un match de foot !… Et là je retrouvais l’abbé David qui assistait lui aussi au match : j’ai prétexté avoir oublié mon missel sur mon banc et il me l’a gentiment rapporté à la maison. Merci l’abbé !…

 

 

   Contributeur: Christian Frémont

 

 

 

  Mémoire d’Erquy remercie particulièrement M. Raymond Granié de sa contribution.

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