CREDIT MARITIME (agence fermée).
A cet emplacement de la rue Foch :
De 1950 à 1958, M. Frémont (qui travaillait chez Mr Morel, marchand de chaussures et cordonnier rue de la Saline) réparait les chaussures dans son échoppe – une cabine de plage achetée à Doudou qui vendait auparavant ses gâteaux sur la plage de Caroual. Le terrain sur lequel M. Frémont a monté sa cabine appartenait à la famille du Fretay. Celle-ci l’avait vendu pour faire un lotissement à la condition que la rue s’appelle « Halna du Fretay »; mais elle s’appelle désormais rue Fleurie. Pour anecdote, Mr Frémont a réparé les talons des chaussures d’Edwige Feuillère pendant le tournage du Blé en Herbe. Les écoliers, surtout ceux de la campagne, passaient régulièrement voir M. Frémont afin de mettre des fers sous leurs galoches. Il fallait passer sous un porche et l’atelier se trouvait au fond d’un couloir sombre ou tous les enfants cavalaient pas très rassurés !
M. Fémont sur le seuil de son échoppe
Quand la journée était terminée, M. Fremont faisait un petit signe à M. Le Glas qui tenait le cours des halles au 29 de la rue Foch.(actuellement commerce de toilettage pour chiens.) Ils partaient tous les deux boire un « ptit coup » au bar de l »Eden, au bout de la rue Foch, où ils refaisaient le monde.
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En 1958, Mme Dayot, modiste, s’est installée au 28 rue Foch où elle a succédé à M. Frémont, le cordonnier, parti s’installer rue Fleurie. La mode des chapeaux n’étant plus d’actualité, Mme Dayot ajoute le prêt-à-porter à son activité, qui connait un grand succès. C’est ici que l’on venait s’habiller pour les cérémonies, le classique chic côtoyait la fantaisie. Mme Dayot cessera son activité à 70 ans.
Auparavant, de 1938 à 1958, Mme Dayot était au numéro 40 où elle était modiste (métier appris à Saint-Cast).
maison construite en 1938 par Jean Dayot
En ce temps là les femmes se rendaient à l’église coiffées d’un chapeau. La coutume voulait quelles en aient un neuf au printemps ainsi qu’à l’automne. Mme Dayot travaillait également beaucoup aux moments des cérémonies (mariages communions baptêmes).Les hommes se fournissaient en casquettes bérets chapeaux.
Les enterrements lui donnaient également beaucoup de travail. A cette époque les voiles de crêpes étaient à la mode et certaines familles aisées souhaitaient que ceux ci soient ajourés.
Tous les dimanches matin, Mme Dayot se rendait à Henanbihen où elle possédait un dépôt devant l’église chez Mme Meheut. Le mardi matin c’est a Pleneuf quelle se rendait près de l’église dans son dépôt chez Mme Ledoledec.
Mme Dayot a reçu chez elle des célébrités: Edwige Feuillère pendant le tournage du film « Le blé en herbe » et Michel Bouquet qu’elle a hébergé pendant le tournage du film « Pattes blanche ( c’était une des seules maisons qui possédait une salle d’eau à l’étage attenante à la chambre).
Mme Dayot cesse son activité à 70 ans.
A propos de chapeaux
« Je me souviens fort bien de mes quelques visites chez madame Dayot pour acquérir quelques accessoires d’élégance… Elle m’avait cependant fait remarquer avec une moue hautaine qu’une toilette de cérémonie sans chapeau était dépourvue de l’essentiel et qu’elle-même n’aurait jamais eu l’extrême mauvais goût de se présenter sans ce précieux élément qui donnait toute sa classe et son accomplissement à l’ensemble ! Quelques années plus tard, elle cédait son temple à sa fille Maino, où je n’hésitais plus à choisir de jolis articles de prêt à porter.
L’ancienne modiste, amoureuse de son métier où s’exprimaient ses talents de créatrice (Ses coiffures étaient très renommées et l’on venait de loin pour les acquérir !) était encore imprégnée de l’ancienne mentalité qui faisait du chapeau un élément indispensable et incontournable de la toilette. Jusqu’à la première guerre mondiale et particulièrement au XIXème siècle, la femme sans chapeau, « la femme en cheveux » était considérée comme une femme de peu ou une ouvrière. Le chapeau était en quelque sorte, un marqueur social. Depuis la fin des années 1960, il était, hélas, tombé en désuétude et on le regardait même avec un léger amusement… C’était une parure un peu désuète qui pouvait paraître à certains, teintée de ridicule. Certaines anciennes photos de mariage nous présentent des galurins insensés dont l’architecture pyramidale fait rêver.
Ma mère qui avait été employée comme couturière au château du Noirmont dans les années 1944-45, me racontait qu’elle y assurait également le service de table. Bien souvent, il fallait servir les dames de la haute société qui gardaient suivant le bon usage, leurs impressionnants chapeaux à table. Périlleux exercice pour une fille de vingt ans, car il fallait passer les plats du bon côté et contourner sans verser une goutte de sauce, les impressionnantes conviées !
Liliane Lemaitre
De 1980 à 2002 : Sa fille Maino (Mme Renault) lui a succédé et a continué dans le même esprit. Voici sa vitrine et la jolie carte imaginée pour fidéliser la clientèle.
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C’est en 2002 que le Crédit Maritime, succédant à ce commerce, s’est installé au 28 de la rue Foch; il s’y est maintenu jusqu en 2020.
(Collectrices : Sylvie Moret, Jeanine Fassier, Brigitte Maurer)
Toujours enchanté de ces souvenirs qui en ravivent d’autres que je croyais oubliés. C’est pour moi un retour en arrière de plus de 60 ans. Le style très agréable de Madame Lemaître y ajoute beaucoup.
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