Les mariages à Erquy sous le Consulat et le 1er Empire (1799 – 1815)

            A partir du 10 novembre 1799, date du coup d’état du 18 brumaire an VIII, jusqu’au 22 juin 1815, date de l’abdication de Napoléon 1er, nous avons passé ‘en revue’ les mariages qui se sont déroulés à Erquy pour essayer de mieux connaître les Réginéens vivant à cette époque. Nous avons recensé 217 mariages sur cette période, permettant l’identification de 2 004 participants, représentant moins de personnes car les parents peuvent marier plusieurs de leurs enfants et les témoins le sont souvent à plusieurs reprises.

        Il y avait en général une dizaine de mariages chaque année, mais certaine années en ont enregistré un nombre bien plus élevé. En effet, 23 mariages en 1807, mais 39 en 1813 … que se passait-il donc ? Les Réginéens étaient-ils très amoureux ? La réponse est ‘hélas’ plus terre à terre ! Pour 1813, elle est le reflet de la conscription extraordinaire pour les armées de l’Empire ; il faut savoir que les hommes mariés sont dispensés. Un premier « pic » était apparu en 1806 au moment ou l’Empire prélève pour la première fois une grande quantité d’hommes.

       Nous allons essayer de donner l’image de l’époux : L’âge médian ressort aux environs de 29 ans, les ¾ des époux ont moins de 34 ans et 8 % sont mineurs (18 – 19 – 20 ans concernent notamment les mariages de 1813 : nous en avons vu la raison !) ; le plus âgé avait 67 ans. La quasi-totalité des époux sont nés dans le département dont 49 % à Erquy et 20 % d’une proche zone géographique (Hénansal, La Bouillie, Saint-Alban, Plurien, Pléneuf). Les époux nés dans d’autres départements sont soit des artisans des départements très proches (Finistère, Ille et Vilaine, Manche, Loire Atlantique, …), soit des militaires venant de plus loin et qui se fixent (Dordogne, Haute Saône, Seine et Oise). JEAN seul ou suivi d’un autre prénom représente près du quart des prénoms attribués. Les prénoms les moins courants étant Florian, Isidore, Toussaint ou Zacharie.

          De la même façon, voici l’image de l’épouse : L’âge médian ressort aux environs de 26 ans ; la proportion de mineure est plus importante que pour les époux (13 %), Et 86 % des épouses ont moins de 34 ans ; la plus âgée, née à Erquy, avait 47 ans. Presque les trois quarts des épouses sont nées à Erquy et si l’on intègre la proche zone géographique, on atteint presque 91 %. C’est la preuve que les déplacements sont moins habituels que pour les époux. Seules deux épouses sont nées dans un autre département : l’Ille et Vilaine. JEANNE seule ou suivie d’un autre prénom représente plus du cinquième des prénoms attribués et MARIE suit de très près. Les prénoms les moins courants étant, entre autres, Félicité, Modeste, Perrine, Sainte, Servanne et Toussainte.

       Le couple ainsi formée est-il bien assorti ? Seule la différence d’âge entre les époux peut nous guider :

– dans 30 % des cas, l’époux est plus jeune que l’épouse, la différence moyenne est de 4 ans et 7 mois environ ; l’époux étant d’un âge moyen de 26 ans et 2 mois, l’épouse de 30 ans et 9 mois. Pour les deux plus grandes différences d’âge, l’époux avait 20 ans et l’épouse 35 ans dans un cas, et dans l’autre cas, l’époux avait 31 ans et l’épouse 43 ans.

– lorsque l’époux est plus âgé que l’épouse, la différence moyenne est de 7 ans et 7 mois environ ; l’époux étant d’un âge moyen de 33 ans et 4 mois, l’épouse de 25 ans et 9 mois. Pour les deux plus grandes différences d’âge, l’époux avait 67 ans et l’épouse 35 ans dans un cas, et dans l’autre cas, l’époux avait 51 ans et l’épouse 20 ans.

      Les parents des époux sont-ils toujours présents ?  Il apparaît que le père de chaque époux est absent dans environ la moitié des mariages et que la mère est absente dans environ un quart des mariages. Cas particulier, Trois actes ont été annotés par des renseignements complémentaires :

  • février 1813 : père de l’épouse, marin = « absent en voyage »,
  • août 1813 : père de l’époux = « absent prisonnier de guerre en Angleterre »,
  • novembre 1815 : père de l’époux, marin = « absent depuis plusieurs années ».

     Quelle est la profession de l’époux ? Près de la moitié des époux déclarent travailler la terre, soit en tant que ‘laboureur’ (43 %) soit en tant que ‘cultivateur’ (5 %). Que représente cette différence d’appellation ? Il n’y a que 15 % des époux qui sont en relation directe avec la mer (marin (10 %), pêcheur (5 %)). Les métiers qui « sortent de notre ordinaire » sont : canonnier garde côtes (4), couvreur de paille (1), ferblanquier (1), meunier (7), préposé aux douanes (4), sabotier (3), tanneur (1) et tisserand(9).

      Seuls 6 actes de mariage sur 217 comportent une indication sur la « Profession » de l’épouse. On peut ainsi noter : une domestique, une lingère, trois ménagères, une propriétaire.

     L’époux habite dans 75 % des cas à Erquy, dans une localité très proche (15 %), et en tout cas dans le département. L’épouse habite toujours à Erquy car c’est dans sa commune que se déroule le mariage.

      Comment caractériser les 443 témoins qui ont participé (1 fois pour 70 % d’entre eux, mais plus de 10 fois pour 4 d’entre eux !) et ainsi laissé trace de leur accompagnement dans le registre des mariages ? Deux éléments : l’âge et la profession. L’âge médian ressort aux environs de 36 ans. A comparer à l’âge médian de l’époux – 29 ans – ou de l’épouse – 26 ans – ; la règle est respectée, le témoin des époux est une personne déjà installée dans la vraie vie ! L’écart est toutefois large puisque, cela va d’un cordonnier de 20 ans à un chirurgien de 84 ans.

      Comme pour les époux, près de la moitié des témoins travaillent la terre, soit en tant que ‘laboureur’ (38 %) soit en tant que ‘cultivateur’ (8 %). Il n’y a que 9 % des témoins qui sont en relation directe avec la mer (capitaine marin (7), marin (22) et pêcheur (9). Les métiers qui « sortent de notre ordinaire » sont : canonnier garde côtes (3), chirurgien (2), cordonnier (15), lieutenant des douanes (2), meunier (15), percepteur des octrois (1), perruquier (1), sabotier (4), tailleur d’habit (1) et tisserand (16).

     A propos de la signature de l’acte de mariage par les époux, il y a quasiment égalité entre l’homme et la femme : 55 % savent signer et 45 % ne le savent pas. Les témoins savent signer à 77 %.

      C’est le mardi que l’on se marie le plus (un mariage sur deux) suivi par le mercredi (18 %) et le lundi (12 %) ; le samedi, plébiscité de nos jours, ne recueille qu’un peu plus de 1 % ! On a pu observer que, malgré l’utilisation du calendrier républicain du 9 vendémiaire an IX au 5 frimaire an 14, soit avec des mois de 30 jours divisés en trois décadis de 10 jours (primidi, duodi, tridi, quartidi, quintidi, sextidi, septidi, octidi, nonidi et décadi), les 46 mariages concernés ont, à 69,6 %, eu lieu un « mardi » en équivalence avec le calendrier grégorien, à 15,2 % un « lundi » et à 13,0 % un « mercredi ». Comme quoi, le changement de calendrier n’a pas permis d’effacer les anciennes habitudes !

            Les Officiers d’Etat-Civil qui ont célébré le mariage étaient :

Pierre Rebillard,

pierre Rebillard

Jean-Pierre Pasturel,

jean pierre Pasturel

Jean-Baptiste Guillaume Dobet Desforges

dobet desforges

Contributeur : Jean-Michel Mori

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