Un ancien se souvient de sa jeunesse dans les années 1930 …

(source :  un ancien de la résidence Les Jardins d’Erquy)

Ces propos ont été recueillis en mars 2017.

 

Le matin, vous vous leviez à quelle heure ?

  • Oh ! à 6 h 00 tout le temps, et même avant c’était à 5 h 30. Quand l’Angélus sonnait, mon père venait me secouer : « Debout ! ». Et j’allais faire la tournée, je portais les journaux. A l’époque, les gens laissaient leur portes ouvertes. Je rentrais, je posais le journal sur la table. Quelquefois, il y avait de la monnaie, les pièces étaient sur la table avec parfois un petit pourboire. Cela dépendait : des fois, c’était en fin de semaine qu’il y avait le pourboire. A l’époque, les portes étaient ouvertes, il n’y avait pas d’histoire. Moi, je faisais ma tournée consciencieusement. Je travaillais comme ça jusqu’à 8 h 00 pour la rentrée de l’école. Je me débrouillais pour faire ma tournée avant.

Vous déjeuniez à quelle heure ?

  • En me levant à 5 h 30, je préparais tout tout seul, j’avais 10 ans. Mon père se levait à 5 h 30 et il me disait d’aller faire ma tournée.

Vous n’aviez pas faim pendant la matinée ?

  • Non, j’étais habitué comme ça !

Votre père vous aidait-il à faire les journaux ?

  • Non, il allait travailler, il était patron couvreur.

  Vous mangiez à l’école le midi ?

  • Non, je rentrais à la maison. L’école finissait à 11 h 00, alors je rentrais chez mes parents pour manger. J’y allais à pied. L’école reprenait à 13 h 00.

Combien de temps pour aller chez vous ?

  • C’était le bourg, il n’y avait pas loin. Ma mère , c’est elle qui faisait à manger.Ma mère, elle était repasseuse, elle refaisait les cols des hommes ou alors, quand c’était les communions, elle repassait les aubes. Ah, ça bossait à l’époque !Puis, je repartais à 12 h 45 pour retourner à l’école. Le soir, l’école finissait à 16 h 00, on rentrait et il y avait le père qui nous disait ce qu’il fallait faire. Il y avait des notes : soit cirer les chaussures, chercher à manger pour les lapins, ramasser des pissenlits ou des craquenelles comme il appelait ça. On allait les chercher dans les prairies à côté … Il y avait les poules aussi …

Aviez-vous des devoirs ?

  • Oui, on avait des devoirs. Le père était derrière, et ça ne rigolait pas ! Mon père était très instruit, j’étais incapable de le suivre.

Vous aviez des vacances scolaires ?

  • Oui, on avait des vacances, mais à l’époque fallait garder les vaches pendant deux ou trois mois, c’était long. Mes frères aussi ont fait ça.

Est-ce que vous vous amusiez chez vous ? Alliez-vous vous balader ?

  • On n’avait pas beaucoup de jeux à la maison ! De toute façon, il fallait garder les vaches avec un bâton. Fallait bien surveiller qu’elles ne partent pas dans un autre champ.

Ce n’était pas clôturé ?

  • Non.

 Les vaches, elles vous appartenaient ?

  • Ah non, c’était du travail dans une autre ferme. J’étais trop petit pour monter sur les toits avec mon père. Je ne suis monté que vers 13 – 14 ans.

 Les sous que vous gagniez, c’était pour vous ?

  • Oh, c’était pour les parents ! Des fois, ils nous payaient un vélo d’occasion. Pas un neuf, pas à l’époque ! Vu que l’on chahutait en vélo, un neuf, on l’aurait abîmé, tandis qu’un vieux …

Vous jouiez un peu avec vos copains ?

  • Oui, ça arrivait !

Et les week-end vous faisiez quoi ?

  • Fallait suivre le père, il était dur ! Et il ne fallait pas taper dans un ballon, car ça usait les souliers. C’était des galoches à l’époque : avec la semelle en bois. Ce n’était pas solide, si j’avais fait ça, on m’aurait tiré les oreilles.Il fallait toujours faire quelque chose. Donner à manger aux bêtes. Quand il y avait du blé, on appelait ça « glaner » : il restait toujours des épis dans les champs. Fallait les récupérer et donner ça aux poules ; après, c’était de l’eau … et les lapins …Une fois, j’étais monté sur le toit avec mon père pour gratter la mousse sur les ardoisesJe ne changeais pas les ardoises, j’étais trop petit. Mais je grattais la mousse dans les fermes. La mousse poussait, avec un grattoir, on enlevait.

Aidiez-vous votre mère à la maison 

  • Non, on ne s’occupait pas de ça. On était trois frères. Eux, ils étaient plus âgés que moi. Ils travaillaient déjà avec le père.

Vous n’avez pas voulu faire couvreur ?

  • Non, j’ai travaillé à 14 ans, j’étais tout jeune. J’ai travaillé pendant 4 ans dans un bureau « enregistrement du domaine et du timbre ». Les gens louaient une maison ou une ferme et c’était enregistré au bureau. Le notaire signait et ça partait à l’enregistrement.

Vous habitiez encore chez vos parents ?

  • Oui ! à cette époque, je partais au bureau pour 8 h 30, je ne faisais plus la livraison de l’Ouest-Eclair.

Alliez-vous à la mer ?

  • La mer, j’y allais de temps en temps. J’avais une tante qui y habitait. Parfois le père cédait, mais pas de bon cœur. La tante insistait, elle disait que ça allait me faire du bien d’être à la mer. Là, c’était la belle vie. Puis, je me suis engagé dans la marine à 17 ans.

Contributeur : M. R. de la résidence des ‘Jardins d’Erquy’.

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