« Au printemps 1971, lors de l’entraînement d’une bande
de copains d’Erquy et quelques uns de Plurien (Gouédard étant un ancien maire),
flirtant avec la quarantaine et surtout pas entraînés …
« Cet entraînement s’est fait sur Erquy et la côte de la Mission citée est à ce jour
la rue du Bois de Cavé : il aurait fallu en avoir sous la pédale !…
Jo Haguet, né en 1926, était chef d’orchestre et participait à toutes les fêtes.
Il nous a quitté en 1995.
Texte de Jo Haguet
Hier matin, ne sachant comment passer le temps
Je cherchais vainement quelque divertissement.
L’idée me vint soudain sur le coup de dix heures
De partir en bagnole au devant des coureurs.
On m’avait dit la veille : « toi qui aime le vélo,
Paraît qu’il va passer un p’loton d’rigolos. »
C’est tout ce que je savais, pour en connaître plus
Une seule solution : constater de visu !
Contact, démarreur et me voilà parti !
Ils devaient arriver par la route d’Erquy.
J’eus à peine le temps de chauffer le moteur
Quant, tout à coup surgit le troupeau pédaleur
Je restais sidéré devant un tel spectacle
Un p’loton essoufflé ? Que dis-je une débâcle !
L’exode de 40 et la Bérézina
Sont de la rigolade auprès d’ce machin là.
On dit qu’au Cap Fréhel les jours de grand vent
Ça fait un tintamarre, Eh bien mes ptits enfants
Le coup du Pakistan la bombe d’Hiroshima
Comparés aux cyclos c’étaient du cinéma !
Ils se traînaient poussifs tout au long de la route
Soufflant, jurant, rageant, suant à grosses gouttes.
En passant près de moi l’un d’eux l’air éperdu,
Me lança un regard de pauvre chien battu.
Pour sauver la façade et rejoindre ses frères
Il me dit : « Mets en route j’m’accroche à la portière »
Mon bon cœur m’incitait bien sûr à l’écouter
Mais y’a le règlement, il faut le respecter.
Je passai la première laissant là le vaincu,
Il s’appelait Gérard, on ne l’a jamais r’vu !
Ayant rejoint la troupe, je vis à l’horizon
Surgir dans sa splendeur la côte de la Mission.
Un souffle de panique fit se plier les dos
Et j’eus soudain très peur pour les pauvres cyclos !
Ça tournait au carnage, ça m’rappelait la terreur,
C’était le vrai massacre des cracks du dérailleur.
Les forçats de la route comme disait Pélissier
C’était pas du bidon, je pouvais en jurer.
Spectacle hallucinant, le nez sur le guidon,
Les jambes en pâté d’foie, plus rien dans le bidon
Le col se fit plus dur, plus dures seraient les chutes,
Et comment éviter de mortelles culbutes ?
J’en r’ajoute, dites-vous ? Faut pas exagérer !
On a connu 14, la guerre dans les tranchées,
Eh bien, si vous pensez que ça peut s’comparer,
Demandez à Gouédard il peut en témoigner
Ayant vécu lui-même ces heures d’Apocalypse
La souffrance ça l’connaît, c’est même un spécialiste !
Pendant les longs hivers, plus tard à la veillée
A ses petits enfants il dira « j’y étais ».
Si la légion d’honneur n’avait pas existé
Pour les gars comme Rémy, on eut du l’inventer.
Fermons la parenthèse, rev’nons à nos moutons
Que je vous narre un peu la fin de l’ascension.
L’arrivée au sommet se fit dans le brouillard
On dut pendant longtemps attendre les trainards.
Le chef compte ses troupes, suprême consolation !
Manquait pas un bonhomme, même pas le gars Léon !
Les cheveux tout collés sur le front par la sueur
Il n’avait qu’un souci, rentrer chez lui à l’heure
Oublier défaillance, crevaisons et ennuis,
Annick lui avait dit : « j’trempe la soupe à midi ! »
Que restait-il à faire en voyant ces héros ?
Ce geste qu’ils méritaient, leur tirer mon chapeau.
Tout le monde ne peut s’appeler Eddy Merckx ou Poupou
D’ailleurs les pros cyclistes y font ça pour des sous.
Pour nos braves cyclos, là n’est pas la question
Le problème à résoudre, d’abord perdre du bidon !
S’il faut tirer de ça une moralité
Ce sont eux, en finale, qui nous l’ont indiquée
Qu’on soit dessinateur, coquetier, marchand de bestiaux
Ce qu’il faut avant tout, c’est l’amour du vélo !
Et si en fin d’étape tout le monde en a chié !!
L’essentiel, comme dit l’autre c’est de participer !!
J’aimerais en faire autant, mais je peux vous l’avouer
Quoique ça m’gène un peu, avec vous, d’en parler
Je ne puis faire partie du club de la pédale
Car j’ai des veines varices trouducoïdales
Et puisqu’à l’impossible personne n’est tenu
Si vous ne m’croyez pas j’vous montrerai mon cul !!!!!
Comme vous le voyez en plus de ses talents de musicien JOJO savait manier la plume.
Tous ceux qui ont eu 20 ans entre 1950 et 1980 ont dansé, flirté, fait des rencontres, trouvé l’âme sœur, aux bals animés par JOJO et son orchestre.

Emile Valot (arrière plan) Jean Veinard et Jo Haguet (au milieu) et au saxo ?
L’ambiance était assurée, dans les salles des Fêtes d’Erquy et des communes environnantes. Il était connu dans toute la Bretagne.
« Oh que oui, Jo Haguet a fait danser des générations » dit Christian Frémont.
Pendant la saison, les soirées dansantes des jeudis et samedis à la Potinière à Caroual étaient fort appréciées des estivants et la soirée « élection Miss POTINIERE » avait beaucoup de succès.

Emile Valot, Josette Poilpré, Jo Haguet
« Sa gentillesse, son humour, sa bonne humeur ont contribué à nous laisser un souvenir mémorable de notre bal de Noces à la Potinière » commentent Yveline et Patrick Thomas.
C ‘était plus sympa que les rencontres sur Internet !!
Contributeur : Jeanine Fassier, Gisèle Haguet
Très beau texte de Jo Haguet !
Dommage qu’il n’y ai plus de gens comme ça , pour nous distraire et nous faire sortir de nos maison , plutôt que de rester devant nos télés ou ordinateurs .
C’était le bon temps !!!!!!!
J’aimeJ’aime