Madeleine et Francine Bon
Madeleine a été inscrite en 1929 à l’Asile (actuellement salle Jo Velly) avec Melle Rose Ségé. La cour est restée en l’état avec des escaliers pas très adaptés pour des petits. Elle venait de la Ville-Ory à pied (3 kms matin et soir) par tous les temps en donnant la main à sa voisine un peu plus âgée « Irène ». Elle était timide, elle passait la récréation assise sur la citerne en ciment à coté de Mathéo Bravin, un petit italien qui ne connaissait pas encore le français et qui était beaucoup plus dépaysé qu’elle et qui pleurait. Les autres enfants couraient et criaient. Le midi, elle mangeait chez Marie-Louise, l’amie couturière de sa mère qui habitait près de l’école.
En 1930, elle est rentrée dans la petite classe (3 divisions) de l’école primaire avec Mme Quereel . En 1931, Francine a 4 ans, celle-ci avait très envie de venir à l’école, mais elle n’a jamais voulu se séparer de sa sœur et a terminé sa journée dans la classe de Madeleine qui était bien honteuse ; donc sur les conseils de l’institutrice et d’un voisin, Théophile, qui avait entendu les hurlements, la rentrée de Francine a été remise à l’année suivante après cet essai décourageant.
En 1932, elle s’est mieux adaptée ; je me souviens dit-elle avoir mordu un petit copain, Paul Rouxel, parce que son cahier était mieux écrit que le mien et être déçue que Melle Rose soit habillée en bleu. Il fallait être sage et bien travailler pour obtenir cinq bons points pour les échanger contre une image.
En 1933, Madeleine rentre dans la grande classe avec Melle Mathilde Ségé, et Francine rentre avec Mme Quereel. L’odeur du mélange craie – papier – encre et bois est encore présente dans mon esprit. Sur les murs de la classe, des cartes de FRANCE sont accrochées, Francine est bonne en dessin, elle n’a pas de mal à les reproduire. Il faut placer les fleuves avec les affluents, les montagnes les chemins de fer et connaître les départements.
En leçons de choses, « le corps humain », aucun mystère pour Francine, mêmes organes que le cochon, dont elle avait vu l’intérieur au moment des cochonnailles.
1937, Melle Hutinet remplace Melle Ségé dans la grande classe. Francine aime beaucoup les rédactions, elle laisse libre cours à son imagination, la maîtresse lit souvent ses devoirs en exemple ; l’une de ses copines, Paulette Leroux, s’en souvient très bien. Elle aime aussi l’histoire, les dates sont difficiles à se rappeler, la première de la liste était « l’an 800 Charlemagne fut couronné empereur ».
Pendant les récréations des bandes se formaient, les filles de la campagne, les ‘pétasses’ du bourg, les filles de Tu-es-Roc toujours prêtes à attaquer. Nous jouions, à la corde en chantant « a la salade elle est malade » et au mot de vinaigre, il fallait sauter à toute vitesse, ou à la marelle. Les plus jeunes s’amusaient en chantant « à la petite Hirondelle ».
Ce jeu européen par excellence existe depuis l’Antiquité.
Deux enfants parmi les plus grands se placent face à face à 50 centimètres environ l’un de l’autre et se tiennent par les mains en levant légèrement les bras de manière à former un pont.
Leurs camarades se mettent en file d’un côté du pont et passent un à un sous son arche en chantant :
Passe, passe, passera
L’hirondelle, l’hirondelle,
Passe, passe, passera
La dernière restera.
Qu’est-ce qu’elle a donc fait
La petite hirondelle ?
Elle nous a mangé
Trois petits sacs de blé.
Nous la rattraperons
La petite hirondelle
Et nous lui donnerons
Trois petits coups de bâton
Un, deux, trois.
En disant « un », les joueurs qui forment le pont abaissent les bras afin de retenir prisonnier le joueur qui passe, puis les relèvent pour le libérer. Ils font de même avec le joueur suivant en disant « deux ». Mais au mot « trois », ils retiennent définitivement le joueur qui passe sous le pont. Celui-ci se met alors à l’écart et le jeu continue jusqu’à ce qu’il ne reste plus que deux enfants dans la file ; ils pourront alors former le pont à leur tour.
Les trois maîtresses faisaient des aller et retours dans la cour en surveillant les enfants. Souvent elles portaient un châle.
Les retours à la maison étaient souvent mouvementés avec des bagarres à la Chapelle où les garçons de l’école libre nous attendaient. A Langourian, nous faisions la course pour tourner la pompe à eau.
Contributeur : Jeanine Fassier