Des Rhoeginéens à la bataille de Verdun

( 21 février – 19 décembre 1916)

Un siècle s’est écoulé depuis le début de cette grande bataille de la guerre de 1914 – 1918. C’est le 21 février 1916 que le Général Von Falkenhayn lance l’opération qui devait lui permettre d’obtenir une victoire militaire marquante en attaquant en tenaille un saillant du front français : Verdun. Son projet est d’utiliser massivement l’artillerie pour laminer en profondeur les lignes adverses et permettre à son infanterie d’occuper le terrain, quasiment détruit, sans combattre !
Ce lundi, à 7 h 15, les obus commencent à s’abattre sur les positions françaises représentant une douzaine de kilomètres au nord de Verdun ; un obus lourd tombe toutes les 3 secondes !
A 16 h, le tir s’allonge – 2 millions d’obus sont tombés depuis le matin – et 8 divisions allemandes se lancent à l’assaut sur un front de 6 kilomètres. Les pertes sont importantes et les hommes se battent à 1 contre 10, voire à 1 contre 20. Ainsi débute ce qui va devenir « l’Enfer de Verdun ».
Le 25 février, à 17 h 00, le fort de Douaumont est aux mains des Allemands.
photo1A partir du 6 mars, les Allemands attaquent simultanément les deux rives de la Meuse. Jusqu’au 15 mars, les assauts se succèdent sur le Mort Homme transformé en un sinistre désert.
C’est ici que le 270ème régiment d’infanterie, auquel appartient Aimé Auguste Marie Hydriol, né le 18 mai 1888 à Erquy, est engagé depuis le 6 mars. Le journal des Marches et Opérations du régiment indique pour le 14 mars : « Les unités du régiment occupent le Mort Homme côte 265 en 1ère ligne. A la suite d’un bombardement d’une violence inouïe, les Allemands commencent leurs attaques. Le terrain occupé par ces unités fut entièrement retourné. On dénombre 5 tués, 36 blessés et 702 disparus. » Aimé Hydriol en fait partie.
En avril – mai, se poursuit la bataille du Mort Homme et de la côte 304. Le 155ème régiment d’infanterie est engagé dans le secteur de Cumières Le Mort Homme, une partie en première ligne. Chaque jour de violents bombardements causent des pertes. Le 24 avril, on dénombre 8 tués et 7 blessés ; François Joseph Marie Lecrubière, né le 3 octobre 1890 à Pléhérel, en fait partie.
Le 22 mai est lancée une grande offensive française pour tenter de reprendre le fort de Douaumont. Hélas, les pertes sont terribles et le 24, après deux jours de combats désespérés, les soldats français sont contraints de rebrousser chemin. Et c’est ainsi que la 5ème Division a perdu, du 18 au 24 mai, 130 officiers et 5.507 hommes.
C’est justement le 23 mai que Joseph Marie Cornillet, né le 9 février 1890 à Erquy, et Pierre Marie François Lucien Houzé, né le 12 août 1882 à Erquy, disparaissent, l’un par suite de blessures, l’autre tué à l’ennemi.
Le premier était au 59ème régiment d’infanterie qui indique que le 21 mai, « sont prévus deux coups de main qui doivent être combinés et être tentés dans la nuit du 21 au 22. L’heure d’attaque est fixée à minuit :
– coup de main sur le boyau d’Antibes : à 0 h, chacun des groupes de grenadiers franchissant le barrage français se dirigent vers celui allemand, mais arrivés à une trentaine de mètres de celui-ci, des fusées éclairantes décèlent leur présence ; après un court arrêt, ils reprennent leur marche mais mis en éveil, les occupants du barrage allemand activent leurs mitrailleuses qui ouvrent un feu assez vif arrêtant tout d’abord nos grenadiers, qui cependant, à la suite d’un nouveau bond, parviennent à une quinzaine de mètres du barrage allemand, qui, intact, ne peut être franchi, d’autant plus que les grenadiers toujours soumis au feu des mitrailleuses, sont de plus assaillis par une pluie de grenades, à quoi ils répondent en en lançant à leur tour le plus possible, ils se replient sans autre résultat.
– coup de main sur le poste d’écoute et sur le barrage d’Antibes : à 0 h, l’attaque se déclenche par surprise. … Une fraction d’un groupe de grenadiers, après renfort d’un escouade, reprend sa marche et l’attaque (2 h 00) ; elle parvient jusqu’à un blockhaus dans lequel elle peut pénétrer et s’y installe ; aussitôt violemment attaquée à la grenade par des groupes dissimulés dans des boyaux accédant. Pendant ce combat à la grenade qui dure toute la nuit, un boyau de liaison avec la tranchée de départ est ouvert et terminé avant le jour. … Dès ce moment, le boyau commun est protégé par des défenses accessoires, une sape est poussée dans la direction de l’ennemi. Le blockhaus est relié à la tranchée de départ et complètement organisé en défenses accessoires et grillages par-dessus pour protéger les défenses contre les grenades.
Pertes : 4 blessés dont Joseph Cornillet (voir image jointe) »
photo2Le second était au 306ème régiment d’infanterie qui, composé de 40 officiers, 146 sous-officiers, 173 caporaux et 1.499 soldats soit au total 1.818 hommes, organisé en 2 bataillons de 4 compagnies plus 2 compagnies de mitrailleuses, monte en 1ères lignes le 20 mai pour assurer la relève des unités en place et préparer deux contre attaques pour rétablir l’intégrité du front.
Le 7 juin, la capitulation du fort de Vaux est acceptée et signée car les hommes sont épuisés ; ils n’ont pratiquement rien bu depuis plusieurs jours et sont au bout de leurs forces physiques. C’est bien la soif qui a vaincu le fort de Vaux.photo3
Les troupes allemandes continuent leurs efforts mais progressent très lentement. C’est le 27 juin que, à Fleury sous Douaumont, Henri Joseph Marie Termet, né le 21 septembre 1888 à Pléneuf est « tué à l’ennemi ».
Il appartenait au 41ème régiment d’infanterie qui indique dans son journal des Marches et Opérations qu’il est « mis à la disposition du Général commandant le secteur de Souville à compter du 24 juin à 21 h. Le 1er bataillon assurent dans la nuit la relève d’un bataillon du 172ème régiment d’infanterie ; les autres bataillons cantonnent à la caserne Bevaux (sud-est de Verdun).
Le 25 juin, il est distribué aux hommes 4 jours de vivres de réserve et 2 grenades. Les cartouches portées par l’homme sont de 200. Dans la matinée, le 1er bataillon gagne les tranchées qui forment le petit dépôt de Souville, et s’y établit avec mission de contre-attaque éventuelle.
Le 26 juin, appelée dans le secteur de Souville après l’attaque allemande du 23 juin, la Brigade occupe le secteur de Fleury, dans lequel l’avance ennemie a été la plus marquée, entre le village de Fleury et le ravin des Vignes. … Pour rétablir le front, une attaque est prévue le 27 juin, et la journée se passe à étudier le terrain.

Le 27 juin à 4 h 30, l’attaque se déclenche dans les conditions prévues ; il pleut, les hommes lourdement chargés par le sac et les musettes bourrées de grenades enfoncent jusqu’à la cheville, et n’avancent que lentement et à grand peine. Dans Fleury, le 241ème n’a pu progresser car une contre-attaque allemande a rejeté les éléments qui avaient réussi à avancer. L’attaque s’arrête momentanément. Elle ne doit reprendre qu’à 14 h 10 après une nouvelle préparation d’artillerie. Les combats ne permettent pas de déboucher …
Pertes de la journée : 5 officiers tués, 10 officiers blessés ; Troupe : 94 tués, 275 blessés, 87 disparus.
Le 1er juillet, le 247ème régiment d’infanterie reprend l’attaque de Thiaumont avec les débris des unités qui y ont participé la veille. Le but ne paraît pas atteint en fin de journée. Toutefois, c’est ici que, Georges Joseph Marie Lefebvre, né le 16 août 1879 à La Bouillie, est « tué à l’ennemi ».
Le 247ème régiment occupe les mêmes positions jusqu’au 7 juillet, date à laquelle il commence à être relevé. Entre temps les opérations se poursuivent dans la même direction : l’ouvrage de Thiaumont. Il y a des luttes très intenses d’artillerie, les progressions s’effectuent de trou d’obus en trou d’obus pour essayer de faire une ligne continue et établir des communications vers l’arrière. On organise défensivement les positions conquises, qui aussitôt reconnues par l’ennemi, sont vigoureusement canonnées. C’est au cours de ces actions que, Julien Marie Hippolyte Renault, né le 23 juillet 1877 à Erquy, est blessé et succombe le 6 juillet.
Juillet voit l’ultime offensive allemande : le 12 au soir, les fantassins allemands viennent buter sur les ultimes buttes (Fleury, fort de Tavannes, fort de Souville) avant la descente sur Verdun. Ils ne sont plus qu’à 3 kilomètres de la ville mais ne réussissent pas à percer.
Ainsi, s’achève pour les Français la partie défensive de la bataille de Verdun, le combat va continuer pour reprendre petit à petit une partie du terrain perdu, et principalement les forts de Vaux et Douaumont.
Le 10 août, le 48ème régiment d’infanterie vient relever les unités en place sur le front vers Thiaumont. On déplore 2 tués et 11 blessés pour cette journée. Le lendemain 11 août, Marie Ange Louis Marie Charlot, né le 28 avril 1885 à Plurien, participe à l’attaque qui, initialement prévue pour 16 h, sera lancée à 18 h.
Pertes : 5 officiers tués, 2 blessés ; Troupe : 50 tués dont le 2ème classe Charlot, 199 blessés et 28 disparus.
Les journées suivantes sont notées comme étant « relativement calme, voire calme »…
En septembre, la bataille s’atténue dans tous les secteurs. La pluie tombe en permanence et il n’y a plus qu’une pensée qui obsède les esprits : vivre comme on le peut avec cette humidité permanente et le froid qui commence à arriver.
Le 21 octobre commence la préparation d’artillerie pour reprendre le fort de Douaumont. Le 24 octobre à 11 h 10, c’est l’assaut. Dans l’après-midi , le fort est repris ainsi que de nombreuses positions alentour.
Les combats se poursuivent en direction du fort de Vaux les jours suivants. Il est repris par les Français le 3 novembre. C’est ici que, Louis Adolphe Gobit, né le 12 mai 1889 à Vimarcé (département de la Mayenne) disparaît, « tué à l’ennemi ». Il appartenait au 19ème régiment d’infanterie pour lequel, le journal des Marches et Opérations n’est pas disponible.
A la mi-décembre, le Général Mangin a poursuivi son offensive pour dégager le terrain en avant des forts : l’armée allemande est pratiquement revenue sur ses positions de départ, celles de février 1916.
Après 300 jours et 300 nuits de combats acharnés, 26.000.000 d’obus tirés par les artilleries soit 6 obus au m², environ 300.000 français et allemands portés disparus, pour préserver le souvenir, on a construit un gigantesque monument à Douaumont – ossuaire et cimetière – dont les premières pierres furent scellées par le Maréchal Pétain et Monseigneur Ginisty, évêque de Verdun le 22 août 1920.
C’est le 7 août 1932 que le Président de la République Albert Lebrun procéde à l’inauguration officielle du cloître, long de 137 mètres, avec les tombeaux recouvrant les restes de 130.000 soldats inconnus, surmonté d’une tour de 46 m de hauteur, également appelée « lanterne des morts », avec un phare de quatre feux tournants alternativement blanc et rouge. Le cimetière accueille 16.142 tombes individuelles de soldats français.
photo4Cette évocation est l’occasion de citer 9 soldats Réginéens dont les noms figurent sur le monument aux morts d’Erquy.
(Contribution de Jean-Michel Mori, sources sites internet « Mémoire des hommes » et « Les français à Verdun -1916 »)

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4 commentaires

  1. Bonjour
    Il y a aussi le Sergent Félix Beaudouin mort au combat le 16 août 1916 dans les tranchées de la Butte du Mesnil (de triste réputation, voir sur le net, près du village disparu des Hurlus) à l’ouest de Verdun. Son corps a été rapatrié en 1917 par sa famille et il repose depuis au cimetière d’Erquy. Une plaque est présente sur sa tombe.

    J’aime

  2. J’ai lu avec beaucoup d’interet et d’attention Verdun de Mr Mori , Mais ce furent 12 habitants d’Erquy qui trouvèrent la mort dans l’enfer de verdun.
    Charlot Marie Ange +11 08 1916 secteur de Thiaumont inhumé necropole de Douaumont tombe 9650
    Cornillet Joseph Marie +23 05 1916 hopitâl Froidos inhumé nécropole Les Islettes tombe 1657
    Couillebault Emile Joseph Marie +28 06 1916 devant Verdun Médaille militaire
    Gobil Louis Adolphe +03 11 1916 Combat de Vaux
    Houze Pierre Marie +23 05 1916 Froméréville inhumé nécropole le Glorieux carré A rang2
    Hydriol Auguste Marie + 14 03 1916 Disparu Mort l’homme
    Lecrubière François Joseph +24 04 1916 Chattaucourt devant Cumières
    Lefebvre Georges Joseph Marie Charles +01 07 1916 Bras côte Froidterre
    Pannetier François jean Marie +05 05 1916 Ouest de Cumières
    Renault Julien Marie +06 07 1916 ambulance 9/2 froidos medaille militaire croix de guerre avec palme inhumé necopole de Senoncourt tombe 367
    Salmon Louis Marie françois +30 06 1916 Bras Ravin des Vignes
    Termet Henry Joseph Marie + entre le 26 et le 30 juin 1916 devant Fleury
    Sources: monument aux morts Erquy, Memoire des Hommres;livre d’or d’Erquy,Registres matricules
    Cordialement

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