Le 25 mars 1934, lettre de Monsieur le Recteur d’Erquy :
« Monsieur le Maire,
« Je vous serais reconnaissant de faire part au Conseil Municipal de mon intention de placer 2 nouvelles cloches dans le clocher en lui demandant pour cela l’autorisation d’installer un beffroi métallique à doubles voies pour accommoder les 4 cloches.
« Généralement communes et paroisses marchent ensemble quand il s’agit de cloches neuves. La municipalité n’accepterait-elle pas de m’aider un peu dans cette entreprise de 36.000 francs [25.497,14 € 2015] puisqu’en définitive les 2 nouvelles cloches deviendront la propriété de la commune ? Je vous demande, Monsieur le Maire, de présenter ma requête au Conseil en l’appuyant de toute votre autorité.
« A cette occasion, je vous signale que les planchers au-dessus et au-dessous des cloches sont complètement pourris par la pluie tombant des abat-sons, eux-mêmes en fort mauvais état. Etant donné le danger d’accident pour le bedeau qui doit s’y aventurer pour « grainer » les cloches, je crois, M. le Maire qu’il serait urgent que vous les fassiez remplacer. Le bedeau est assuré, évidemment, mais en cas d’accident, d’après la jurisprudence établie, la Compagnie aurait recours contre la municipalité. Je vous signale le fait pour dégager ma responsabilité .
« Veuillez croire, Monsieur le Maire, à ma parfaite considération.
François Cabaret (recteur)
Réponse du Maire : (Constant Chatellier)
Lors du Conseil Municipal, le Maire donne lecture de la lettre de M. le Recteur François Cabaret.
Cette lettre est vivement commentée au cours d’une discussion à laquelle prennent part tous les conseiller municipaux qui, à l’unanimité, se mettent d’accord sur les points ci-après :
– L’utilité de nouvelles cloches à Erquy, est loin d’être démontrée, c’est une dépense somptuaire qui cadre mal avec le temps de grande pénitence, qui pèse si lourdement sur tout le pays et particulièrement sur les budgets municipaux.
– Il est fait remarquer, d’autre part, que, en informant la municipalité de son intention, M. le Recteur veut évidemment parler d’une décision prise et arrêtée dans son esprit. Il met ainsi le Conseil Municipal en présence d’un fait qui, de part sa volonté seule, sera réalisé puisque sa demande d’autorisation vient après sa détermination bien arrêtée !! Il semble oublier, une fois de plus, que la loi lui fait obligation de se munir avant toute chose de l’autorisation du Conseil Municipal, qui seul est qualifié pour accorder ou refuser des travaux dans l’église.
Dans ces conditions, le Conseil Municipal, à l’unanimité des membres présents, autorise M. le Recteur, à faire placer les deux nouvelles cloches ainsi qu’à faire procéder aux travaux d’électrification, mais ne peut, pour des raisons budgétaires sérieuses faire participer la commune dans les dépenses en résultant.
Le Conseil Municipal de plus ne peut dégager toute responsabilité de la commune tant pour le présent que pour l’avenir en ce qui concerne tout ce que l’installation des 2 nouvelles cloches pourrait occasionner.
Petit rappel historique (extrait du livre Histoire d’Erquy de Jean-Pierre Le Gal La Salle) :
– En 1627, construction de la sonnerie (tourelle de 13 mètres de haut).
– En 1629, la cloche de la sonnerie se brisa (est-ce l’ardeur du sonneur peu habitué à son nouveau clocher ? Ou est-ce l’usure ?).
– En 1630, une cloche est refondue.
– En 1638, installation d’une nouvelle cloche : « la grande cloche ».
– En 1647, elle se brise, est refondue à nouveau et tiendra jusqu’à la révolution !!!!
– La nuit de Noël 1730, la moyenne cloche se casse lors de la messe de minuit et ne sera refondue qu’en 1732.
– Plus tard, le général de la fabrique sourcilleux de prolonger la vie de ses cloches fera « défense aux marguilliers » de carillonner aux baptêmes des enfants, si ce n’est enfants de gens de condition, anciens trésoriers ou notables.