La Patache.
Gare de Lamballe, au début du 20eme siècle, (1907 – 1909) la « Patache » de Mr Garnier attend les voyageurs débarquant du train de Paris pour les emmener en direction d’Erquy.
Les chevaux s’impatientent : 21 km de mauvaises routes les attendent et 2 h à 2 h 30 sont nécessaires pour les parcourir !
A l’étroit dans la patache, souvent surchargée, les bagages haut perchés sur le toit, les odeurs de transpiration et les pets des chevaux, les cris de Mr Garnier encourageant ces derniers dans les côtes, les passagers prennent leur mal en patience.
Nous sommes en été, au cours de l’année 1908 : devant la gare de Lamballe stationne une drôle de machine ! Il s’agit d’une grosse voiture attelée de 3 wagons sur pneus ; le dernier sans fenêtre destiné à recevoir les bagages et autres sacs de dépêches et de colis.
L’assemblage de ces divers wagons, grâce à un dispositif spécial, leur permet de prendre les virages sans obstruer la route, selon un trajet unique.
Nous sommes devant « le train Renard », du nom de son inventeur, qui au départ, visait l’armée pour utiliser son train lors des déplacements des troupes et de leurs harnachements dans leurs divers cantonnements !
A priori, maintenant, c’est de transport en commun dont il s’agit, pour les voyageurs et pour les marchandises. Sa vitesse moyenne s’établissait à 30 km/h. L’avantage ce moyen de transport était l’absence de coût de construction de voies ferrées et de travaux d’art.
Anecdote racontée dans l ‘essor d’Erquy du 20 juin 1990, par Joseph Erhel :
Autrefois la poste : « Qui se souvient du père Alexandre Garnier. ? Il conduisait le petit courrier et assurait le transport des lettres, journaux et dépêches. Il apportait le matin des correspondances de Lamballe et le soir emportait le courrier d’Erquy .
Quand il allait à St Brieuc une fois par semaine pour transporter les voyageurs, il prenait alors une plus grande voiture à 4 roues, attelées de deux chevaux, sorte de diligence où les malles étaient hissées tout en haut, les voyageurs eux, supportaient les cahots d’une route aux nombreux nids de poules, ils descendaient dans les côtes et poussaient même la carriole pour soulager les chevaux.
Avant 1922, c’est à dire avant l’arrivée du petit train, le père Garnier, conduisait les enfants aux écoles de Lamballe où il prenait un bon café arrosé chez la mère Bertin.
Le père Garnier eut trois fils : Alexandre, décédé assez jeune, Edmond et Pierre. Edmond fut un temps boulanger et Pierre transporte les bagages du petit train chez les particuliers et vice-versa, avant de vendre du charbon quand le petit train n’exista plus.
Dans le sous-sol de Ker Monte-Va, le père Garnier possédait une belle collection de voitures anciennes : carrosse Louis XIII, Tribus Anglais, Cabriolet, Landau-calèche, Berline et diligences.
Au carrefour de la rue Notre Dame et de la rue des Hôpitaux, on trouvait souvent le père Garnier, Pasturel et Paul Loncle.
Tous les trois étaient de bons blagueurs, et vers 1923, au début du petit train, beaucoup de personnes descendaient la rue de la gare et quelqu’un demanda au père Garnier :
« Mais où vont donc tous ces gens là ? »
« Vous ne savez pas ? Mais la Vierge est apparue au Goulet !! »
La nouvelle se répandit très vite et des centaines de gens, qui à pied, qui à bicyclette envahirent la grève du Goulet et furent sans doute très déçus. »
Tous nos remerciements à Mme GOORIS , née GARNIER, pour le prêt des photos d’époque.